Portraits et Histoire
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Re: Portraits et Histoire
Wynalda, les petits instants d'une grande carrière
Lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, dans un Solider Field de Chicago plein à craquer, le président américain Bill Clinton, le chancelier allemand Helmut Kohl et le président bolivien Gonzalo Sanchez de Lozada attendent impatiemment le coup d’envoi de la grande fête du ballon rond en territoire inconnu.
Les attentes du pays vis-à-vis de sa sélection nationale sont pourtant des plus modestes. Les USA ont quitté la Coupe du Monde 1990 après avoir perdu tous leurs matches de poule. Pour emmener l’attaque américaine, Bora Milutinovic compte désormais sur le bouillant Eric Wynalda, 25 ans, fraîchement élu meilleur joueur de deuxième division allemande avec Sarrebruck.
Souvenirs, souvenirs...
"C’était dingue", se souvient Wynalda au micro de FIFA.com. "Nous n’étions pas préparés à cela. À l’époque, c’était formidable de voir le peuple américain accueillir notre sport de manière si positive. C’était la première étincelle, la première flamme allumée par les Américains en l’honneur de leur équipe."
Dans la foulée, les États-Unis vont se qualifier pour le deuxième tour. Après un nul en ouverture face à la Suisse, un succès sur la Colombie et une courte défaite aux dépens de la Roumanie, les coéquipiers de Wynalda décrochent leur billet pour un huitième de finale face au Brésil, le 4 juillet, au Stanford Stadium de San Francisco. Hélas, un but de Bebeto à la 72ème minute suffira à éliminer le pays hôte. "À l’époque, c’était de la folie", explique l’ancien attaquant. "Nous étions jeunes et nous faisions de notre mieux. Cela dit, nous avions presque réussi. Nous étions passés tout près de vaincre l’une des meilleures équipes au monde un quatre juillet. Si nous devions rejouer la rencontre aujourd’hui, nous les battrions."
On ne prendra pas le risque de contredire l'ancien buteur. "Quand je jouais, j’étais très impliqué", répond-il quand on lui rappelle sa motivation et sa rage de vaincre. "Je voyais ça comme un combat de tranchées à l’époque. Je prenais les choses de manière très personnelle. Je savais que ça me permettait d’être meilleur. Si je m’énervais, ou si quelqu’un me poussait à sortir de mes gonds, mon football s’en trouvait généralement amélioré. Mes coéquipiers adoraient m’énerver pour n’importe quel motif, parce que ça faisait partie de ma personnalité de joueur."
Wynalda et les siens devaient donc petre passablement énervés lors de la Copa America 1995. Les États-Unis avaient alors signé l’une des victoires les plus importantes de leur histoire en battant l’Argentine 3:0. "C’est le genre de choses qu’on n’oublie pas", raconte l'ancien buteur. "Diego Maradona est entré dans notre vestiaire en pleurant. Tout le monde s’est figé. C’est alors qu’il a dit 'Je ne pleure pas parce que l’Argentine a perdu. Je pleure parce que les Américains ont livré une partie magnifique'."
Pour en arriver là...
Aujourd’hui, Wynalda vit et respire football à travers plusieurs fonctions : celle de présentateur de télévision, de conseiller technique et de père. Pour autant, ce retour aux sources ne s’est pas fait sans mal. "C’est plus qu’une passion pour moi", explique-t-il. "Je pensais que j’en avais terminé, que je n’aimais plus ça, un point c’est tout. Les joueurs d’Atlanta Silverbacks m’ont fait comprendre que je n’avais jamais autant aimé ça. Quand on est passionné par quelque chose, quand ça fait partie de soi et qu’on adore vraiment ça, il est malsain de s’en priver."
En juillet 2012, Wynalda s’est vu confier les fonctions d’entraîneur par intérim et conseiller des Atlanta Silverbacks, équipe de la North American Soccer League (NASL). Pourtant, c’est une source bien inattendue qui l’a convaincu d’accepter ce poste. "C’est ma fille qui a fait le bilan pour moi", raconte Wynalda. "Elle m’a dit 'Tu sais papa, tu ne dois écouter que toi-même. Tu te souviens quand on a eu cette conversation pour savoir si je devais choisir la musique ou le foot ? Eh bien, il faut aimer ce que l’on fait et faire ce que l’on aime'."
Epanoui dans son rôle de conseiller auprès des Silverbacks, Wynalda les a vu connaître leur meilleure saison en 2013, avec un titre de champion de printemps en NASL. "C’est de la gestion humaine, rien d’autre, et c’est ce que j’ai toujours adoré faire", assure celui qui a longtemps été meilleur buteur de l’histoire de la sélection avant d'être détrôné en 2008 par Landon Donovan. "J’aime presque autant ça que le jeu lui-même quand j’étais sur le terrain. Ça consiste à faire partie d’une équipe et à comprendre comment les joueurs fonctionnent. C’est de la résolution de problèmes, du décryptage, parce que chaque match est différent."
Wynalda s'est aussi rendu compte à quel point son expérience au plus haut niveau l’aide à motiver et à encourager ses joueurs. Juste avant le choc de NASL contre le New York Cosmos, il rappelait ce que l’on ressent au moment de disputer une Coupe du Monde à domicile. "On attend, on travaille, on attend et on travaille encore, on joue un paquet de matches amicaux, puis tout à coup, on se retrouve à disputer une Coupe du Monde et on prend toutes ces émotions en pleine figure", détaille-t-il. "Personne ne peut vraiment se préparer à un tel sentiment. C’est notre façon de gérer ces émotions à ce moment là, ces petits instants, qui sont décisifs."
Avant ce match décisif pour le titre de NASL, Wynalda a vécu à nouveau l'un de ces instacts cruciaux, comme le confirme le discours qu'il avait alors tenu. "Cette partie va se jouer sur huit à dix secondes au total. C’est tout ce dont vous vous souviendrez. La question est : durant ces secondes cruciales, qui êtes-vous ?", avait-il alors dit aux joueurs. Au final, le championnat s’est joué sur un détail. Hélas pour Wynalda et ses Silverbacks, c’est l’ancien international espagnol et milieu de terrain du Cosmos Marcos Senna qui s'est montré inspiré, signant une magnifique reprise de volée devant un Silverbacks Park médusé.
Les Silverbacks n’ont pas su créer la surprise, mais ils sortent enrichis de l'expérience. C'est en tout cas ce que leur inculque Eric Wynalda, dont la carrière est riche de ces moments, émouvants ou angoissants. "Chacun est sans cesse confronté à des moments décisifs. On doit être capable de les identifier, c’est tout", conclut-il.
Fifa.com (28/11/2013)
Lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, dans un Solider Field de Chicago plein à craquer, le président américain Bill Clinton, le chancelier allemand Helmut Kohl et le président bolivien Gonzalo Sanchez de Lozada attendent impatiemment le coup d’envoi de la grande fête du ballon rond en territoire inconnu.
Les attentes du pays vis-à-vis de sa sélection nationale sont pourtant des plus modestes. Les USA ont quitté la Coupe du Monde 1990 après avoir perdu tous leurs matches de poule. Pour emmener l’attaque américaine, Bora Milutinovic compte désormais sur le bouillant Eric Wynalda, 25 ans, fraîchement élu meilleur joueur de deuxième division allemande avec Sarrebruck.
Souvenirs, souvenirs...
"C’était dingue", se souvient Wynalda au micro de FIFA.com. "Nous n’étions pas préparés à cela. À l’époque, c’était formidable de voir le peuple américain accueillir notre sport de manière si positive. C’était la première étincelle, la première flamme allumée par les Américains en l’honneur de leur équipe."
Dans la foulée, les États-Unis vont se qualifier pour le deuxième tour. Après un nul en ouverture face à la Suisse, un succès sur la Colombie et une courte défaite aux dépens de la Roumanie, les coéquipiers de Wynalda décrochent leur billet pour un huitième de finale face au Brésil, le 4 juillet, au Stanford Stadium de San Francisco. Hélas, un but de Bebeto à la 72ème minute suffira à éliminer le pays hôte. "À l’époque, c’était de la folie", explique l’ancien attaquant. "Nous étions jeunes et nous faisions de notre mieux. Cela dit, nous avions presque réussi. Nous étions passés tout près de vaincre l’une des meilleures équipes au monde un quatre juillet. Si nous devions rejouer la rencontre aujourd’hui, nous les battrions."
On ne prendra pas le risque de contredire l'ancien buteur. "Quand je jouais, j’étais très impliqué", répond-il quand on lui rappelle sa motivation et sa rage de vaincre. "Je voyais ça comme un combat de tranchées à l’époque. Je prenais les choses de manière très personnelle. Je savais que ça me permettait d’être meilleur. Si je m’énervais, ou si quelqu’un me poussait à sortir de mes gonds, mon football s’en trouvait généralement amélioré. Mes coéquipiers adoraient m’énerver pour n’importe quel motif, parce que ça faisait partie de ma personnalité de joueur."
Wynalda et les siens devaient donc petre passablement énervés lors de la Copa America 1995. Les États-Unis avaient alors signé l’une des victoires les plus importantes de leur histoire en battant l’Argentine 3:0. "C’est le genre de choses qu’on n’oublie pas", raconte l'ancien buteur. "Diego Maradona est entré dans notre vestiaire en pleurant. Tout le monde s’est figé. C’est alors qu’il a dit 'Je ne pleure pas parce que l’Argentine a perdu. Je pleure parce que les Américains ont livré une partie magnifique'."
Pour en arriver là...
Aujourd’hui, Wynalda vit et respire football à travers plusieurs fonctions : celle de présentateur de télévision, de conseiller technique et de père. Pour autant, ce retour aux sources ne s’est pas fait sans mal. "C’est plus qu’une passion pour moi", explique-t-il. "Je pensais que j’en avais terminé, que je n’aimais plus ça, un point c’est tout. Les joueurs d’Atlanta Silverbacks m’ont fait comprendre que je n’avais jamais autant aimé ça. Quand on est passionné par quelque chose, quand ça fait partie de soi et qu’on adore vraiment ça, il est malsain de s’en priver."
En juillet 2012, Wynalda s’est vu confier les fonctions d’entraîneur par intérim et conseiller des Atlanta Silverbacks, équipe de la North American Soccer League (NASL). Pourtant, c’est une source bien inattendue qui l’a convaincu d’accepter ce poste. "C’est ma fille qui a fait le bilan pour moi", raconte Wynalda. "Elle m’a dit 'Tu sais papa, tu ne dois écouter que toi-même. Tu te souviens quand on a eu cette conversation pour savoir si je devais choisir la musique ou le foot ? Eh bien, il faut aimer ce que l’on fait et faire ce que l’on aime'."
Epanoui dans son rôle de conseiller auprès des Silverbacks, Wynalda les a vu connaître leur meilleure saison en 2013, avec un titre de champion de printemps en NASL. "C’est de la gestion humaine, rien d’autre, et c’est ce que j’ai toujours adoré faire", assure celui qui a longtemps été meilleur buteur de l’histoire de la sélection avant d'être détrôné en 2008 par Landon Donovan. "J’aime presque autant ça que le jeu lui-même quand j’étais sur le terrain. Ça consiste à faire partie d’une équipe et à comprendre comment les joueurs fonctionnent. C’est de la résolution de problèmes, du décryptage, parce que chaque match est différent."
Wynalda s'est aussi rendu compte à quel point son expérience au plus haut niveau l’aide à motiver et à encourager ses joueurs. Juste avant le choc de NASL contre le New York Cosmos, il rappelait ce que l’on ressent au moment de disputer une Coupe du Monde à domicile. "On attend, on travaille, on attend et on travaille encore, on joue un paquet de matches amicaux, puis tout à coup, on se retrouve à disputer une Coupe du Monde et on prend toutes ces émotions en pleine figure", détaille-t-il. "Personne ne peut vraiment se préparer à un tel sentiment. C’est notre façon de gérer ces émotions à ce moment là, ces petits instants, qui sont décisifs."
Avant ce match décisif pour le titre de NASL, Wynalda a vécu à nouveau l'un de ces instacts cruciaux, comme le confirme le discours qu'il avait alors tenu. "Cette partie va se jouer sur huit à dix secondes au total. C’est tout ce dont vous vous souviendrez. La question est : durant ces secondes cruciales, qui êtes-vous ?", avait-il alors dit aux joueurs. Au final, le championnat s’est joué sur un détail. Hélas pour Wynalda et ses Silverbacks, c’est l’ancien international espagnol et milieu de terrain du Cosmos Marcos Senna qui s'est montré inspiré, signant une magnifique reprise de volée devant un Silverbacks Park médusé.
Les Silverbacks n’ont pas su créer la surprise, mais ils sortent enrichis de l'expérience. C'est en tout cas ce que leur inculque Eric Wynalda, dont la carrière est riche de ces moments, émouvants ou angoissants. "Chacun est sans cesse confronté à des moments décisifs. On doit être capable de les identifier, c’est tout", conclut-il.
Fifa.com (28/11/2013)
Re: Portraits et Histoire
Ghiggia, dernier héros du Maracanazo
Alcides Ghiggia est manifestement épuisé. Pourtant ses coéquipiers persistent à lui envoyer de longs ballons en profondeur, sans se soucier de ses gestes d'énervement. La mi-temps arrive et, avec elle, son lot de rafraîchissements et de discussions. "Dis à Julio Perez de me servir dans les pieds", demande l'ailier à Juan Lopez.
Le sélectionneur transmet le message et, dès le retour des vestiaires, Ghiggia, parfaitement servi, glisse le ballon à Schiaffino pour l'égalisation. Ce changement de style profite à l'ailier uruguayen, qui double la mise d'une superbe frappe à ras de terre. Les 200 000 supporters brésiliens en tribunes n'en croient pas leurs yeux. De l'autre côté de la frontière, des milliers de nouveau-nés porteront bientôt le nom du héros de la Celeste : Alcides Edgardo.
International depuis à peine quatre mois, Ghiggia a signé à 23 ans l'un des plus grands exploits de l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA™ : le fameux Maracanazo. Ce surnom fait référence à la victoire inattendue de l'Uruguay sur le grand favori brésilien lors du dernier match de l'édition 1950. Le pays hôte, qui n'avait besoin que d'un nul pour remporter son premier titre mondial, a mordu la poussière après avoir pourtant mené 1:0.
Au sein d'une équipe aussi talentueuse que volontaire, Ghiggia a su se faire une place de choix au milieu des Odbulio Varela, Roque Maspoli et autres Juan Schiaffino. Lorsque le journal El Observador demande à Schiaffino quel élément a fait pencher la balance en faveur de l'Uruguay, la réponse fuse immédiatement : "Ghiggia. Il a été formidable. Ses interventions ont été décisives". La Celeste a disputé quatre matches pendant cette Coupe du Monde et El Fantasma ("le fantôme", son surnom au Brésil) a trouvé le chemin des filets à chacune de ses sorties.
Aisément reconnaissable à son allure soignée, sa petite moustache, ses longues jambes et son torse puissant, l'ailier utilise sa souplesse, sa technique et sa vitesse pour semer la panique dans les défenses adverses. La légende raconte qu'après le deuxième but contre le Brésil, Lopez aurait demandé à Ghiggia de se replier en défense pour assurer le résultat. L'intéressé l'aurait purement et simplement ignoré. "Ce cinglé veut en mettre un troisième", se serait exclamé le sélectionneur uruguayen.
Cet état d'esprit aventureux ne l'a jamais quitté, de ses débuts à Sudamerica à ses adieux à Danubio, à l'âge de 42 ans. Pour lui, tout a peut-être basculé un jour de 1930. Né le 22 décembre 1926, Ghiggia est encore très jeune quand l'Uruguay remporte sa première Coupe du Monde de la FIFA. Élevé au sein d'une famille dominée par l'autorité paternelle, il grandit en écoutant les aventures des premiers champions du monde uruguayens de l'histoire.
Il s'essaye un temps au basketball, mais le football demeure sa véritable passion. En 1946, il décide d'écouter son cœur : il abandonne ses études et s'engage à Sudamerica.
L'année suivante, Atlanta, un club de Buenos Aires, lui propose un essai. Il évolue alors aux côtés d'Adolfo Pedernera, l'une de ses idoles. Malheureusement, les dirigeants argentins ne sont pas convaincus. Il rentre au pays et rejoint alors Penarol, le club dont sa mère Gregoria est supportrice. C'est là qu'il débute sa longue carrière de passeur décisif et de perceur de défenses.
"Ses foulées sont tellement longues… on dirait un lévrier. Rien ne l'arrête, d'autant qu'il possède un courage énorme", écrit à l'époque le journaliste uruguayen Franklin Morales. "Plus on le bouscule et plus il revient à la charge. Je n'ai jamais vu un ailier comme lui."
A l'italienne
C'est ainsi que le jeune prodige intègre la fameuse Escuadrilla de la Muerte, qui fait rêver tous les fans de Penarol depuis 1949. Ce quintet extraordinaire se compose de Ghiggia, Oscar Migues, Ernesto Vidal, Juan Alberto Schiaffino et Juan Hohberg. Sa renommée naissante lui vaut d'intégrer l'équipe nationale. Après avoir conquis le statut d'icône mondiale, il devient en 1953 la première recrue d'envergure de l'AS Rome, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
En 1952, il avait agressé l'arbitre du derby Penarol-Nacional, ce qui lui a valu une suspension de 15 mois dans son pays d'origine et l'a poussé à s'exiler en Europe. Ses sautes d'humeur révèlent occasionnellement une facette plus sombre de sa personnalité, mais les 55 000 tifosi qui viennent assister à ses débuts romains ne semblent pas s'en soucier. De son côté, Ghiggia garde les yeux rivés sur le ballon plutôt que sur les tribunes, évitant ainsi de se laisser trop griser par cette ferveur.
À Rome, Ghiggia mène grand train. Il est insaisissable, que ce soit sur l'aile droite ou au volant de l'une de ses trois Alfa Romeo, en compagnie de jeunes Italiennes. "C'était un vrai farfallone, un homme à femmes, mais il avait bon cœur et il était exceptionnellement généreux", dit de lui son ancien coéquipier Giacomo Losi.
Dernier tout de piste
Malgré son immense célébrité, l'Uruguayen doit se contenter d'une Coupe des villes de foire durant son séjour dans la capitale. Son bref passage d'un an à l'AC Milan lui permet d'ajouter un Scudetto à sa collection, mais il ne compte en tout que cinq apparitions chez les Rossoneri. À 37 ans, il se sent prêt à raccrocher les crampons. Il décide donc de rentrer en Uruguay, où il entame une grande tournée en compagnie d'autres anciennes gloires afin de lever des fonds pour un hôpital.
C'est à ce moment que les dirigeants de Danubio le convainquent de prolonger sa carrière. Sa passion du jeu le pousse à relever cet ultime défi. Cette dernière pige se prolonge finalement pendant cinq ans.
À l'issue de sa carrière, il travaille pendant quelques mois en tant qu'entraîneur. Il devient ensuite inspecteur public pour le Casino de Montevideo, à la demande du gouvernement. Miraculeusement remis d'un grave accident de la route qui l'avait plongé dans le coma, il est aujourd'hui, à 87 ans, l'unique survivant du Maracanazo.
Il est toujours capable de se remémorer le moindre instant de ce match historique, même s'il n'écoute plus les enregistrements des retransmissions radiophoniques de l'époque qu'il a longtemps conservés. Intraitable sur le terrain, notre homme est aussi un grand sentimental. Même pour le grand Ghiggia, revivre de telles émotions n'est pas de tout repos !
Fifa.com (22/12/2013)
Alcides Ghiggia est manifestement épuisé. Pourtant ses coéquipiers persistent à lui envoyer de longs ballons en profondeur, sans se soucier de ses gestes d'énervement. La mi-temps arrive et, avec elle, son lot de rafraîchissements et de discussions. "Dis à Julio Perez de me servir dans les pieds", demande l'ailier à Juan Lopez.
Le sélectionneur transmet le message et, dès le retour des vestiaires, Ghiggia, parfaitement servi, glisse le ballon à Schiaffino pour l'égalisation. Ce changement de style profite à l'ailier uruguayen, qui double la mise d'une superbe frappe à ras de terre. Les 200 000 supporters brésiliens en tribunes n'en croient pas leurs yeux. De l'autre côté de la frontière, des milliers de nouveau-nés porteront bientôt le nom du héros de la Celeste : Alcides Edgardo.
International depuis à peine quatre mois, Ghiggia a signé à 23 ans l'un des plus grands exploits de l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA™ : le fameux Maracanazo. Ce surnom fait référence à la victoire inattendue de l'Uruguay sur le grand favori brésilien lors du dernier match de l'édition 1950. Le pays hôte, qui n'avait besoin que d'un nul pour remporter son premier titre mondial, a mordu la poussière après avoir pourtant mené 1:0.
Au sein d'une équipe aussi talentueuse que volontaire, Ghiggia a su se faire une place de choix au milieu des Odbulio Varela, Roque Maspoli et autres Juan Schiaffino. Lorsque le journal El Observador demande à Schiaffino quel élément a fait pencher la balance en faveur de l'Uruguay, la réponse fuse immédiatement : "Ghiggia. Il a été formidable. Ses interventions ont été décisives". La Celeste a disputé quatre matches pendant cette Coupe du Monde et El Fantasma ("le fantôme", son surnom au Brésil) a trouvé le chemin des filets à chacune de ses sorties.
Aisément reconnaissable à son allure soignée, sa petite moustache, ses longues jambes et son torse puissant, l'ailier utilise sa souplesse, sa technique et sa vitesse pour semer la panique dans les défenses adverses. La légende raconte qu'après le deuxième but contre le Brésil, Lopez aurait demandé à Ghiggia de se replier en défense pour assurer le résultat. L'intéressé l'aurait purement et simplement ignoré. "Ce cinglé veut en mettre un troisième", se serait exclamé le sélectionneur uruguayen.
Cet état d'esprit aventureux ne l'a jamais quitté, de ses débuts à Sudamerica à ses adieux à Danubio, à l'âge de 42 ans. Pour lui, tout a peut-être basculé un jour de 1930. Né le 22 décembre 1926, Ghiggia est encore très jeune quand l'Uruguay remporte sa première Coupe du Monde de la FIFA. Élevé au sein d'une famille dominée par l'autorité paternelle, il grandit en écoutant les aventures des premiers champions du monde uruguayens de l'histoire.
Il s'essaye un temps au basketball, mais le football demeure sa véritable passion. En 1946, il décide d'écouter son cœur : il abandonne ses études et s'engage à Sudamerica.
L'année suivante, Atlanta, un club de Buenos Aires, lui propose un essai. Il évolue alors aux côtés d'Adolfo Pedernera, l'une de ses idoles. Malheureusement, les dirigeants argentins ne sont pas convaincus. Il rentre au pays et rejoint alors Penarol, le club dont sa mère Gregoria est supportrice. C'est là qu'il débute sa longue carrière de passeur décisif et de perceur de défenses.
"Ses foulées sont tellement longues… on dirait un lévrier. Rien ne l'arrête, d'autant qu'il possède un courage énorme", écrit à l'époque le journaliste uruguayen Franklin Morales. "Plus on le bouscule et plus il revient à la charge. Je n'ai jamais vu un ailier comme lui."
A l'italienne
C'est ainsi que le jeune prodige intègre la fameuse Escuadrilla de la Muerte, qui fait rêver tous les fans de Penarol depuis 1949. Ce quintet extraordinaire se compose de Ghiggia, Oscar Migues, Ernesto Vidal, Juan Alberto Schiaffino et Juan Hohberg. Sa renommée naissante lui vaut d'intégrer l'équipe nationale. Après avoir conquis le statut d'icône mondiale, il devient en 1953 la première recrue d'envergure de l'AS Rome, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
En 1952, il avait agressé l'arbitre du derby Penarol-Nacional, ce qui lui a valu une suspension de 15 mois dans son pays d'origine et l'a poussé à s'exiler en Europe. Ses sautes d'humeur révèlent occasionnellement une facette plus sombre de sa personnalité, mais les 55 000 tifosi qui viennent assister à ses débuts romains ne semblent pas s'en soucier. De son côté, Ghiggia garde les yeux rivés sur le ballon plutôt que sur les tribunes, évitant ainsi de se laisser trop griser par cette ferveur.
À Rome, Ghiggia mène grand train. Il est insaisissable, que ce soit sur l'aile droite ou au volant de l'une de ses trois Alfa Romeo, en compagnie de jeunes Italiennes. "C'était un vrai farfallone, un homme à femmes, mais il avait bon cœur et il était exceptionnellement généreux", dit de lui son ancien coéquipier Giacomo Losi.
Dernier tout de piste
Malgré son immense célébrité, l'Uruguayen doit se contenter d'une Coupe des villes de foire durant son séjour dans la capitale. Son bref passage d'un an à l'AC Milan lui permet d'ajouter un Scudetto à sa collection, mais il ne compte en tout que cinq apparitions chez les Rossoneri. À 37 ans, il se sent prêt à raccrocher les crampons. Il décide donc de rentrer en Uruguay, où il entame une grande tournée en compagnie d'autres anciennes gloires afin de lever des fonds pour un hôpital.
C'est à ce moment que les dirigeants de Danubio le convainquent de prolonger sa carrière. Sa passion du jeu le pousse à relever cet ultime défi. Cette dernière pige se prolonge finalement pendant cinq ans.
À l'issue de sa carrière, il travaille pendant quelques mois en tant qu'entraîneur. Il devient ensuite inspecteur public pour le Casino de Montevideo, à la demande du gouvernement. Miraculeusement remis d'un grave accident de la route qui l'avait plongé dans le coma, il est aujourd'hui, à 87 ans, l'unique survivant du Maracanazo.
Il est toujours capable de se remémorer le moindre instant de ce match historique, même s'il n'écoute plus les enregistrements des retransmissions radiophoniques de l'époque qu'il a longtemps conservés. Intraitable sur le terrain, notre homme est aussi un grand sentimental. Même pour le grand Ghiggia, revivre de telles émotions n'est pas de tout repos !
Fifa.com (22/12/2013)
Re: Portraits et Histoire
Légendaire Rivelino, éternelle Seleção
Moustache touffue et sourcils expressifs : 32 ans après son départ à la retraite, Roberto Rivelino reste facilement identifiable. Sur le terrain, on le reconnaissait également à sa puissance de tir, ses dribbles redoutables et la menace constante qu'il faisait peser sur la surface adverse. Autant de qualités qui ont fait de lui l'un des plus grands attaquants de l'histoire du football brésilien. Champion du monde avec la Seleção, Rivelino a également fait partie de l'une des équipes légendaires et mythiques de l'histoire du ballon rond. Brésil 1970 : ces deux mots suffisent à évoquer chez n'importe qui un football spectaculaire et virtuose.
Avec une équipe où brillaient les Gérson, Tostão, Jairzinho, Pelé et Rivelino lui-même, le Brésil a régné sur la Coupe du Monde de la FIFA, Mexique 1970™. En finale, face à une Italie combative, les Sud-Américains l'ont emporté 4:1, dans un match qui reste l'un des plus mémorables de l'histoire du tournoi.
2014 vient de commencer et l'édition tant attendue du Mondial au Brésil va avoir lieu l'année même où Rivelino souffle ses 68 bougies, FIFA.com vous propose de revivre les prouesses de l'ailier gauche mythique en images. Pour cela, il vous suffit de cliquer sur le profil de Rivelino et de visionner les vidéos et les galeries photos que nous vous proposons. Une sélection réussira-t-elle à Brésil 2014 à atteindre le niveau de jeu pratiqué par la Seleção en 1970 ? Quelqu'un parviendra-t-il à égaler le record de Jairzinho, qui avait marqué dans tous les matches disputés par l'équipe du Brésil ? Réponses dans quelques mois.
Fifa.com (01/01/2014)
Moustache touffue et sourcils expressifs : 32 ans après son départ à la retraite, Roberto Rivelino reste facilement identifiable. Sur le terrain, on le reconnaissait également à sa puissance de tir, ses dribbles redoutables et la menace constante qu'il faisait peser sur la surface adverse. Autant de qualités qui ont fait de lui l'un des plus grands attaquants de l'histoire du football brésilien. Champion du monde avec la Seleção, Rivelino a également fait partie de l'une des équipes légendaires et mythiques de l'histoire du ballon rond. Brésil 1970 : ces deux mots suffisent à évoquer chez n'importe qui un football spectaculaire et virtuose.
Avec une équipe où brillaient les Gérson, Tostão, Jairzinho, Pelé et Rivelino lui-même, le Brésil a régné sur la Coupe du Monde de la FIFA, Mexique 1970™. En finale, face à une Italie combative, les Sud-Américains l'ont emporté 4:1, dans un match qui reste l'un des plus mémorables de l'histoire du tournoi.
2014 vient de commencer et l'édition tant attendue du Mondial au Brésil va avoir lieu l'année même où Rivelino souffle ses 68 bougies, FIFA.com vous propose de revivre les prouesses de l'ailier gauche mythique en images. Pour cela, il vous suffit de cliquer sur le profil de Rivelino et de visionner les vidéos et les galeries photos que nous vous proposons. Une sélection réussira-t-elle à Brésil 2014 à atteindre le niveau de jeu pratiqué par la Seleção en 1970 ? Quelqu'un parviendra-t-il à égaler le record de Jairzinho, qui avait marqué dans tous les matches disputés par l'équipe du Brésil ? Réponses dans quelques mois.
Fifa.com (01/01/2014)
Re: Portraits et Histoire
Brésil : Barbosa, grandeur et décadence d'une icône
Le 8 juillet 1962, Moacyr Barbosa Nascimento quitte ses partenaires de Campo Grande, victime d'une lésion musculaire. À 41 ans, sans doute s'est-il demandé s'il n'avait pas disputé là le dernier match de sa carrière. En dépit de la douleur, le portier brésilien ne peut s'empêcher de ressentir un grand bonheur en entendant les applaudissements des spectateurs du stade Aniceto Moscoso de Madureira. Peu importe que la foule venue assister à la rencontre se limite à 670 personnes. Pour le vétéran, ce témoignage d'estime est aussi inattendu qu'agréable.
En dépit d'un palmarès bien rempli et de ses nombreuses innovations à ce position si particulière, Barbosa n'a que rarement connu de tels honneurs dans sa longue carrière. Car le parcours de ce grand professionnel a été durablement marqué par le Maracanazo et par l'un des tirs les plus célèbres de l'histoire. Un simple geste a changé le cours de sa vie pour toujours.
Le mauvais choix
Barbosa était encore vivant lorsque la Seleçao a remporté son premier titre mondial et les trois autres qui ont suivi. Ces triomphes ont contribué à reléguer la terrible défaite de 1950 un peu plus loin dans les mémoires. Pour les générations qui ont suivi, les mots "Brésil" et "football" étaient devenus synonymes de "victoire" et de "trophée".
Tous ces succès n'ont pourtant pas suffi à effacer les événements survenus 12 ans avant la retraite de Barbosa. Le drame a eu lieu devant 200 000 témoins, dans un énorme stade flambant neuf construit spécialement pour la Coupe du Monde de la FIFA 1950. "Barbosa a souvent affirmé que les titres remportés par le Brésil avaient atténué sa douleur. D'autres estiment que le pays a laissé ce gardien hors du commun disparaître, sans que toutes ses dettes ne lui soient réglées", écrit Freitas, auteur d'un ouvrage consacré au parcours de Barbosa
L'histoire, tout le monde la connaît. Le Maracanã avait été bâti pour célébrer une victoire que tout le monde attendait… tout le monde, sauf l'Uruguay. Friaça a ouvert le score, mais la Celeste a réussi à égaliser. Le but de la victoire est l'œuvre d'Alcides Ghiggia. Lancé sur le flanc droit, il s'est avancé pour battre le portier brésilien dans un angle très fermé, apparemment impossible. "Je lui ai ouvert l'espace en deux ou trois pas. Il a tiré exactement où il fallait et il a gagné le titre. Quant à moi, il ne m'est resté que le déshonneur", confiait l'intéressé avant sa mort.
Sur cette action, Barbosa a commis l'erreur d'anticiper un centre. Le but égalisateur était pourtant intervenu sur un centre et les Uruguayens étaient encore nombreux dans la surface. Malheureusement pour lui, Ghiggia a opté pour la frappe, laissant son adversaire sans réaction. Pour une ou deux secondes ou quelques centimètres, le choix de Barbosa s'est transformé en un véritable dilemme. Tout un pays l'a jugé et le verdict ne s'est pas fait attendre : coupable.
Un pionnier
Peu de gens savent que le natif de Campinas, dans l'État de Sao Paulo, a fait ses premiers pas sur les terrains de football au poste d'attaquant, comme Ghiggia. Barbosa évoluait au poste d'ailier, jusqu'à ce que son beau-frère, qui était aussi le propriétaire de l'équipe, lui demande d'effectuer un remplacement dans le but. À l'origine, l'intérim ne devait durer que le temps d'une partie. À l'heure de raccrocher les crampons, Barbosa avait disputé exactement 1 300 matches officiels à ce poste.
Sans gants et sans protège-tibias, il débute véritablement sa carrière à l'Atletico Ypiranga, en 1942. Ses performances attirent rapidement l'attention des grandes équipes de la région. Il doit cependant attendre deux ans avant de rejoindre Vasco, sous l'impulsion du célèbre Domingos da Guia. Il devient rapidement l'un des éléments clés du club de Rio de Janeiro, au sein de l'équipe surnommée Expresso da Vitória. Il remporte ainsi le championnat de Rio en 1945, 1947, 1948, 1949, 1950 et 1952.
En 1948, Vasco remporte le titre de champion d'Amérique du Sud au Chili, après avoir battu la Machine River Plate, au sein de laquelle évolue un jeune espoir du nom d'Alfredo Di Stefano. Barbosa conserve sa cage inviolée et permet à son équipe d'arracher un nul vierge synonyme de sacre. Ce succès international n'est que le premier d'une longue série. L'année suivante, ses interventions inspirées permettent au Brésil de remporter sa première Copa America depuis 27 ans. Il dispute 22 rencontres avec la Seleçao pour un bilan sans appel : 16 victoires, deux nuls et quatre défaites, soit un taux de succès de 77 %.
"Il a réinventé le poste de gardien de but au Brésil", affirme Carlos Alberto Cavalheiro, ancien gardien et coéquipier de Barbosa à Vasco. "À l'époque, les portiers ne sortaient pratiquement jamais de leurs six mètres. Lui, il s'avançait pour réaliser des arrêts au pied ou de la main. Peu importait la surface, du moment que le ballon ne rentrait pas. C'était un pionnier." Sur le plan technique, sa capacité à prendre le ballon d'une main dans les airs, ainsi que son efficacité dans les dégagements au poing lui ont rapidement permis de se distinguer. Ses remises en jeu, aussi puissantes que précises, changeaient souvent le cours de la partie, pour le plus grand bonheur des fans.
Tous ces exploits ont été vite oubliés, après le match contre l'Uruguay. Au cours de cette rencontre, Barbosa a pourtant réalisé des miracles en première mi-temps, alors que le Brésil était aux abois. Grâce à lui, la Seleçao a longtemps tenu le point du nul, qui lui aurait suffi à remporter le titre. Frustrés, les supporters ont relégués les succès de toute une génération aux oubliettes. Jugé responsable du désastre, le gardien n'a jamais eu la possibilité de se racheter à leurs yeux. Barbosa, confronté la rude concurrence de Gylmar dos Santos Neves et de Castilho, a vu ses derniers espoirs de disputer une deuxième Coupe du Monde s'envoler après une fracture de la jambe avec Vasco en 1953. Il n'a disputé qu'un match en sélection après 1950.
Vasco fournissait alors l'essentiel des internationaux brésiliens. Suite à cette catastrophe, l'admiration suscitée par cette équipe hors du commun a laissé place à l'animosité. Dans le cas de Barbosa, les choses ont même été plus loin. Il ne pouvait pas aller dans les magasins ou au cinéma sans être apostrophé par des fans en colère. L'intéressé a fini par se retirer du monde, en choisissant de travailler comme employé au sein même du complexe sportif dont faisait partie le Maracana… mais à la section piscine.
Finalement, Barbosa n'a trouvé le réconfort qu'auprès de ses anciens ennemis. Chez lui, il n'a plus jamais eu l'impression d'être le bienvenu. Dans un entretien accordé à TV Cultura en 1993, il confiait : "Au Brésil, la peine maximale est fixée à 30 ans. J'ai le sentiment d'avoir purgé 13 années supplémentaires". Il a encore "purgé" sept ans de plus avant de s'éteindre en 2000, à l'âge de 79 ans, sans s'être jamais totalement remis de ce coup du sort vécu 50 ans auparavant.
Fifa.com (30/01/2014)
Le 8 juillet 1962, Moacyr Barbosa Nascimento quitte ses partenaires de Campo Grande, victime d'une lésion musculaire. À 41 ans, sans doute s'est-il demandé s'il n'avait pas disputé là le dernier match de sa carrière. En dépit de la douleur, le portier brésilien ne peut s'empêcher de ressentir un grand bonheur en entendant les applaudissements des spectateurs du stade Aniceto Moscoso de Madureira. Peu importe que la foule venue assister à la rencontre se limite à 670 personnes. Pour le vétéran, ce témoignage d'estime est aussi inattendu qu'agréable.
En dépit d'un palmarès bien rempli et de ses nombreuses innovations à ce position si particulière, Barbosa n'a que rarement connu de tels honneurs dans sa longue carrière. Car le parcours de ce grand professionnel a été durablement marqué par le Maracanazo et par l'un des tirs les plus célèbres de l'histoire. Un simple geste a changé le cours de sa vie pour toujours.
Le mauvais choix
Barbosa était encore vivant lorsque la Seleçao a remporté son premier titre mondial et les trois autres qui ont suivi. Ces triomphes ont contribué à reléguer la terrible défaite de 1950 un peu plus loin dans les mémoires. Pour les générations qui ont suivi, les mots "Brésil" et "football" étaient devenus synonymes de "victoire" et de "trophée".
Tous ces succès n'ont pourtant pas suffi à effacer les événements survenus 12 ans avant la retraite de Barbosa. Le drame a eu lieu devant 200 000 témoins, dans un énorme stade flambant neuf construit spécialement pour la Coupe du Monde de la FIFA 1950. "Barbosa a souvent affirmé que les titres remportés par le Brésil avaient atténué sa douleur. D'autres estiment que le pays a laissé ce gardien hors du commun disparaître, sans que toutes ses dettes ne lui soient réglées", écrit Freitas, auteur d'un ouvrage consacré au parcours de Barbosa
L'histoire, tout le monde la connaît. Le Maracanã avait été bâti pour célébrer une victoire que tout le monde attendait… tout le monde, sauf l'Uruguay. Friaça a ouvert le score, mais la Celeste a réussi à égaliser. Le but de la victoire est l'œuvre d'Alcides Ghiggia. Lancé sur le flanc droit, il s'est avancé pour battre le portier brésilien dans un angle très fermé, apparemment impossible. "Je lui ai ouvert l'espace en deux ou trois pas. Il a tiré exactement où il fallait et il a gagné le titre. Quant à moi, il ne m'est resté que le déshonneur", confiait l'intéressé avant sa mort.
Sur cette action, Barbosa a commis l'erreur d'anticiper un centre. Le but égalisateur était pourtant intervenu sur un centre et les Uruguayens étaient encore nombreux dans la surface. Malheureusement pour lui, Ghiggia a opté pour la frappe, laissant son adversaire sans réaction. Pour une ou deux secondes ou quelques centimètres, le choix de Barbosa s'est transformé en un véritable dilemme. Tout un pays l'a jugé et le verdict ne s'est pas fait attendre : coupable.
Un pionnier
Peu de gens savent que le natif de Campinas, dans l'État de Sao Paulo, a fait ses premiers pas sur les terrains de football au poste d'attaquant, comme Ghiggia. Barbosa évoluait au poste d'ailier, jusqu'à ce que son beau-frère, qui était aussi le propriétaire de l'équipe, lui demande d'effectuer un remplacement dans le but. À l'origine, l'intérim ne devait durer que le temps d'une partie. À l'heure de raccrocher les crampons, Barbosa avait disputé exactement 1 300 matches officiels à ce poste.
Sans gants et sans protège-tibias, il débute véritablement sa carrière à l'Atletico Ypiranga, en 1942. Ses performances attirent rapidement l'attention des grandes équipes de la région. Il doit cependant attendre deux ans avant de rejoindre Vasco, sous l'impulsion du célèbre Domingos da Guia. Il devient rapidement l'un des éléments clés du club de Rio de Janeiro, au sein de l'équipe surnommée Expresso da Vitória. Il remporte ainsi le championnat de Rio en 1945, 1947, 1948, 1949, 1950 et 1952.
En 1948, Vasco remporte le titre de champion d'Amérique du Sud au Chili, après avoir battu la Machine River Plate, au sein de laquelle évolue un jeune espoir du nom d'Alfredo Di Stefano. Barbosa conserve sa cage inviolée et permet à son équipe d'arracher un nul vierge synonyme de sacre. Ce succès international n'est que le premier d'une longue série. L'année suivante, ses interventions inspirées permettent au Brésil de remporter sa première Copa America depuis 27 ans. Il dispute 22 rencontres avec la Seleçao pour un bilan sans appel : 16 victoires, deux nuls et quatre défaites, soit un taux de succès de 77 %.
"Il a réinventé le poste de gardien de but au Brésil", affirme Carlos Alberto Cavalheiro, ancien gardien et coéquipier de Barbosa à Vasco. "À l'époque, les portiers ne sortaient pratiquement jamais de leurs six mètres. Lui, il s'avançait pour réaliser des arrêts au pied ou de la main. Peu importait la surface, du moment que le ballon ne rentrait pas. C'était un pionnier." Sur le plan technique, sa capacité à prendre le ballon d'une main dans les airs, ainsi que son efficacité dans les dégagements au poing lui ont rapidement permis de se distinguer. Ses remises en jeu, aussi puissantes que précises, changeaient souvent le cours de la partie, pour le plus grand bonheur des fans.
Tous ces exploits ont été vite oubliés, après le match contre l'Uruguay. Au cours de cette rencontre, Barbosa a pourtant réalisé des miracles en première mi-temps, alors que le Brésil était aux abois. Grâce à lui, la Seleçao a longtemps tenu le point du nul, qui lui aurait suffi à remporter le titre. Frustrés, les supporters ont relégués les succès de toute une génération aux oubliettes. Jugé responsable du désastre, le gardien n'a jamais eu la possibilité de se racheter à leurs yeux. Barbosa, confronté la rude concurrence de Gylmar dos Santos Neves et de Castilho, a vu ses derniers espoirs de disputer une deuxième Coupe du Monde s'envoler après une fracture de la jambe avec Vasco en 1953. Il n'a disputé qu'un match en sélection après 1950.
Vasco fournissait alors l'essentiel des internationaux brésiliens. Suite à cette catastrophe, l'admiration suscitée par cette équipe hors du commun a laissé place à l'animosité. Dans le cas de Barbosa, les choses ont même été plus loin. Il ne pouvait pas aller dans les magasins ou au cinéma sans être apostrophé par des fans en colère. L'intéressé a fini par se retirer du monde, en choisissant de travailler comme employé au sein même du complexe sportif dont faisait partie le Maracana… mais à la section piscine.
Finalement, Barbosa n'a trouvé le réconfort qu'auprès de ses anciens ennemis. Chez lui, il n'a plus jamais eu l'impression d'être le bienvenu. Dans un entretien accordé à TV Cultura en 1993, il confiait : "Au Brésil, la peine maximale est fixée à 30 ans. J'ai le sentiment d'avoir purgé 13 années supplémentaires". Il a encore "purgé" sept ans de plus avant de s'éteindre en 2000, à l'âge de 79 ans, sans s'être jamais totalement remis de ce coup du sort vécu 50 ans auparavant.
Fifa.com (30/01/2014)
Re: Portraits et Histoire
Tom FINNEY
Sir Finney, mythe et gentleman
C'est avec tristesse que le monde du football a appris le décès ce 14 février de Sir Tom Finney, à 91 ans. FIFA.com a eu le privilège de s'entretenir en 2008 avec l'ancien ailier britannique qui fut acteur de trois Coupes du Monde de la FIFA en 1950, 1954 et 1958.
Il est fort possible que la plupart des visiteurs de FIFA.com n'aient jamais eu la chance de voir Tom Finney évoluer sous les couleurs de Preston North End ni même de l'Angleterre, son dernier match remontant à 1963.
Joueur cadre des Trois Lions, Finney n'a jamais connu qu'un seul club et fut considéré comme l'un des joueurs les plus doués de sa génération. A une époque où les mots "légende" et "superstar" sont utilisés inconsidérément, Finney peut se targuer d'avoir appartenu aux deux catégories, voire davantage.
Bill Shankly, ancien entraîneur emblématique de Liverpool et ex-coéquipier de celui qu'on surnommait "l'ailier fantôme", a dit de lui : "Tom Finney aurait excellé dans n'importe quelle équipe, n'importe quel match et à n'importe quelle époque, même s'il avait dû porter une redingote ! Il faisait tellement peur que ses adversaires lui collaient un type sur le dos même pendant l'échauffement".
La légère tendance de Shankly à l'exagération ne devrait pas faire faire oublier à quel point Finney était respecté. Elu à deux reprises Footballeur Anglais de l'année, il inscrivit 30 buts en 76 apparitions avec l'Angleterre et a pu faire étalage de sa classe sur la plus grande scène au monde, disputant trois Coupes du Monde de la FIFA consécutives. Honorable pour un joueur qui, quelques minutes avant son baptême du feu, avait entendu son entraîneur lui dire : "Ne t'inquiète pas, petit gars, on n'attend pas grand-chose de toi de toute façon".
Le gentleman de l'âge d'or
Décédé à 91 ans le 14 février 2014, Finney n'avait que 86 printemps lorsqu'il a accordé cet entretien à FIFA.com, et était toujours en bonne santé. Il se souvenait clairement de ses premiers matches en club et en sélection, tout comme des rencontres disputées lors de Brésil 1950, Suisse 1954 et Suède 1958. L'Angleterre fut certainement décevante lors de ces trois compétitions, mais Finney n'y changerait rien si tout était à refaire. "Je me rends bien compte de la chance que j'ai d'avoir participé trois fois à l'épreuve reine", confiait-il alors. "C'est une leçon d'humilité pour moi, surtout quand on pense à tous les grands joueurs qui n'ont jamais pu en disputer une seule, comme George Best par exemple. C'est toujours merveilleux d'être appelé en sélection nationale, c'est même le plus grand honneur qu'un footballeur puisse recevoir selon moi. Représenter son pays lors d'un événement universel a une saveur très particulière".
"En 1950, 1954 et 1958, j'estime que l'Angleterre avait les joueurs pour gagner mais elle manquait d'organisation. Nous étions naïfs sur le plan tactique. Il a fallu attendre l'arrivée d'Alf Ramsey comme sélectionneur pour que les choses changent. Alf était un grand tacticien, et voir l'équipe menée par mon ex-coéquipier remporter la Coupe du Monde en 1966 a été l'une de mes plus grandes fiertés. Ce fut un grand jour pour l'Angleterre et j'adorerais que nous en gagnions une autre. J'espère voir ça de mes yeux !"
Les Trois Lions avaient suscité beaucoup d'espoir en s'envolant pour Brésil 1950, espérant ramener la Coupe Jules Rimet. Mais le scénario fut tout autre : après un revers 0:2 face au Chili dans son match d'ouverture, l'Angleterre s'inclina 0:1 à Belo Horizonte contre les Etats-Unis dans un match de sinistre mémoire. FIFA.com a interrogé le principal intéressé sur les raisons de cette déroute. "Pourtant, nous avions fait ce qu'il fallait", plaisante Finney. "Ce fut un de ces matches où la défaite apparaît comme une fatalité. Nous avons trouvé le poteau plusieurs fois en première mi-temps, puis deux autres fois au retour des vestiaires. Ensuite, ils sont parvenus à marquer un but sur un incroyable coup de chance et ça a été comme un coup derrière la tête. Nous avons dû penser que les dieux du football étaient contre nous et nous avons baissé les bras. On aurait pu jouer contre eux 100 fois et gagner 99 fois sans problème."
"La désillusion a été sévère. Nous étions partis pour Rio pleins d'entrain en pensant faire vibrer la nation entière et nous sommes rentrés comme des parias, vilipendés par la presse. Tout le monde s'imagine que les médias actuels sont impitoyables avec les joueurs, mais nous n'en menions pas large non plus en 1950 ! Le problème, pour moi, c'est que l'Angleterre participait à son premier Mondial. C'était quelque chose de nouveau pour tout le monde et nous ne savions pas ce qui nous attendait réellement. Cela dit, nous aurions dû faire mieux contre les Etats-Unis."
Une défaite 0:1 face à l'Espagne au stade Maracana mit fin aux espoirs britanniques. Les regards se tournèrent alors vers la Suisse, désignée pays organisateur en 1954.
Duel avec Yashin
"La transition fut très étrange entre le Brésil, où la population est passionnée de football, et la Suisse, où tout est beaucoup plus mesuré", poursuit Finney. "Après avoir joué devant plus de 100 000 personnes au Maracana, on s'est retrouvés à jouer devant 14 000 spectateurs à Bâle contre la Belgique. Pourtant, notre formation était meilleure en 1954 et nous ne nous sommes inclinés qu'en quarts face à un excellent Uruguay. Ensuite, direction la Suède, où je n'ai disputé qu'une seule rencontre, face à l'URSS. Je me suis blessé en tout début de match mais j'ai tenu bon : pas question que je quitte la pelouse !"
"Nous étions menés 2:1 quand l'arbitre nous accorda un penalty. C'est moi qui fus désigné pour tirer face à Lev Yashin. C'était un gardien hors du commun, réputé pour sa capacité à détourner les penalties et pour son imposante silhouette tout de noir vêtue. Peu importe, tout ce qui comptait pour moi, c'était de mettre le ballon au fond des filets. Je décidai alors de tirer du pied droit, mon pied le moins fort, car je savais que Yashin m'avait déjà vu tirer quelques penalties du gauche. Bien m'en a pris, car j'ai réussi à le berner !"
"Si j'étais nerveux ? Et comment ! Lorsque je me suis avancé pour entamer ma course d'élan, certains de mes coéquipiers avaient le dos tourné tellement ils avaient peur de regarder. Vous imaginez un peu l'ambiance ! Malheureusement, ça a été ma dernière contribution à un Mondial. J'ai ensuite raté les matches contre l'Autriche et le Brésil à cause de ma blessure. Ce fut un véritable crève-coeur. Je mourais d'envie de jouer, surtout face au Brésil qui comptait dans ses rangs Pelé, Didi et Garrincha, trois de mes idoles."
"Mais je n'étais pas le seul à manquer à l'appel. Je pense que nous aurions pu faire beaucoup mieux lors de Suède 1958 sans le crash de Munich. Trois de nos quatre joueurs de Manchester United ont péri dans cet accident, notamment Duncan Edwards, qui aurait pu briller autant que Pelé dans ce tournoi. Tous deux étaient de grands techniciens, capables de dribbler les défenseurs et de marquer. Quel dommage qu'ils n'aient jamais pu croiser le fer en compétition internationale."
De façon bien compréhensible, ses yeux se remplissaient de larmes à l'évocation de ce dernier souvenir. En Angleterre, Finney était l'archétype du "gentleman footballer". Il n'a jamais été averti, exclu ni même réprimandé par un arbitre au cours de sa carrière, qui compte 510 matches. Toutes ces rencontres, il les a disputées sous les couleurs du club qui l'a vu grandir, Preston North End. Pour conclure, Finney livrait ses impressions sur l'évolution du jeu depuis les années 1950.
"Les bons joueurs veulent toujours jouer pour les meilleurs clubs et certains, comme moi, souhaitent rester fidèles au même club. Même à l'époque, j'étais déjà considéré comme une curiosité. Les footballeurs sont toujours tristes après la défaite et heureux après la victoire et il n'existe pas de plus grande satisfaction que d'être sélectionné par son pays et de remporter la Coupe du Monde de la FIFA. Les médias britanniques attendent toujours de l'Angleterre qu'elle gagne 100 % de ses matches. Alors au fond, les choses n'ont pas vraiment changé, n'est-ce pas ?"
Fifa.com (15/02/2014)
Sir Finney, mythe et gentleman
C'est avec tristesse que le monde du football a appris le décès ce 14 février de Sir Tom Finney, à 91 ans. FIFA.com a eu le privilège de s'entretenir en 2008 avec l'ancien ailier britannique qui fut acteur de trois Coupes du Monde de la FIFA en 1950, 1954 et 1958.
Il est fort possible que la plupart des visiteurs de FIFA.com n'aient jamais eu la chance de voir Tom Finney évoluer sous les couleurs de Preston North End ni même de l'Angleterre, son dernier match remontant à 1963.
Joueur cadre des Trois Lions, Finney n'a jamais connu qu'un seul club et fut considéré comme l'un des joueurs les plus doués de sa génération. A une époque où les mots "légende" et "superstar" sont utilisés inconsidérément, Finney peut se targuer d'avoir appartenu aux deux catégories, voire davantage.
Bill Shankly, ancien entraîneur emblématique de Liverpool et ex-coéquipier de celui qu'on surnommait "l'ailier fantôme", a dit de lui : "Tom Finney aurait excellé dans n'importe quelle équipe, n'importe quel match et à n'importe quelle époque, même s'il avait dû porter une redingote ! Il faisait tellement peur que ses adversaires lui collaient un type sur le dos même pendant l'échauffement".
La légère tendance de Shankly à l'exagération ne devrait pas faire faire oublier à quel point Finney était respecté. Elu à deux reprises Footballeur Anglais de l'année, il inscrivit 30 buts en 76 apparitions avec l'Angleterre et a pu faire étalage de sa classe sur la plus grande scène au monde, disputant trois Coupes du Monde de la FIFA consécutives. Honorable pour un joueur qui, quelques minutes avant son baptême du feu, avait entendu son entraîneur lui dire : "Ne t'inquiète pas, petit gars, on n'attend pas grand-chose de toi de toute façon".
Le gentleman de l'âge d'or
Décédé à 91 ans le 14 février 2014, Finney n'avait que 86 printemps lorsqu'il a accordé cet entretien à FIFA.com, et était toujours en bonne santé. Il se souvenait clairement de ses premiers matches en club et en sélection, tout comme des rencontres disputées lors de Brésil 1950, Suisse 1954 et Suède 1958. L'Angleterre fut certainement décevante lors de ces trois compétitions, mais Finney n'y changerait rien si tout était à refaire. "Je me rends bien compte de la chance que j'ai d'avoir participé trois fois à l'épreuve reine", confiait-il alors. "C'est une leçon d'humilité pour moi, surtout quand on pense à tous les grands joueurs qui n'ont jamais pu en disputer une seule, comme George Best par exemple. C'est toujours merveilleux d'être appelé en sélection nationale, c'est même le plus grand honneur qu'un footballeur puisse recevoir selon moi. Représenter son pays lors d'un événement universel a une saveur très particulière".
"En 1950, 1954 et 1958, j'estime que l'Angleterre avait les joueurs pour gagner mais elle manquait d'organisation. Nous étions naïfs sur le plan tactique. Il a fallu attendre l'arrivée d'Alf Ramsey comme sélectionneur pour que les choses changent. Alf était un grand tacticien, et voir l'équipe menée par mon ex-coéquipier remporter la Coupe du Monde en 1966 a été l'une de mes plus grandes fiertés. Ce fut un grand jour pour l'Angleterre et j'adorerais que nous en gagnions une autre. J'espère voir ça de mes yeux !"
Les Trois Lions avaient suscité beaucoup d'espoir en s'envolant pour Brésil 1950, espérant ramener la Coupe Jules Rimet. Mais le scénario fut tout autre : après un revers 0:2 face au Chili dans son match d'ouverture, l'Angleterre s'inclina 0:1 à Belo Horizonte contre les Etats-Unis dans un match de sinistre mémoire. FIFA.com a interrogé le principal intéressé sur les raisons de cette déroute. "Pourtant, nous avions fait ce qu'il fallait", plaisante Finney. "Ce fut un de ces matches où la défaite apparaît comme une fatalité. Nous avons trouvé le poteau plusieurs fois en première mi-temps, puis deux autres fois au retour des vestiaires. Ensuite, ils sont parvenus à marquer un but sur un incroyable coup de chance et ça a été comme un coup derrière la tête. Nous avons dû penser que les dieux du football étaient contre nous et nous avons baissé les bras. On aurait pu jouer contre eux 100 fois et gagner 99 fois sans problème."
"La désillusion a été sévère. Nous étions partis pour Rio pleins d'entrain en pensant faire vibrer la nation entière et nous sommes rentrés comme des parias, vilipendés par la presse. Tout le monde s'imagine que les médias actuels sont impitoyables avec les joueurs, mais nous n'en menions pas large non plus en 1950 ! Le problème, pour moi, c'est que l'Angleterre participait à son premier Mondial. C'était quelque chose de nouveau pour tout le monde et nous ne savions pas ce qui nous attendait réellement. Cela dit, nous aurions dû faire mieux contre les Etats-Unis."
Une défaite 0:1 face à l'Espagne au stade Maracana mit fin aux espoirs britanniques. Les regards se tournèrent alors vers la Suisse, désignée pays organisateur en 1954.
Duel avec Yashin
"La transition fut très étrange entre le Brésil, où la population est passionnée de football, et la Suisse, où tout est beaucoup plus mesuré", poursuit Finney. "Après avoir joué devant plus de 100 000 personnes au Maracana, on s'est retrouvés à jouer devant 14 000 spectateurs à Bâle contre la Belgique. Pourtant, notre formation était meilleure en 1954 et nous ne nous sommes inclinés qu'en quarts face à un excellent Uruguay. Ensuite, direction la Suède, où je n'ai disputé qu'une seule rencontre, face à l'URSS. Je me suis blessé en tout début de match mais j'ai tenu bon : pas question que je quitte la pelouse !"
"Nous étions menés 2:1 quand l'arbitre nous accorda un penalty. C'est moi qui fus désigné pour tirer face à Lev Yashin. C'était un gardien hors du commun, réputé pour sa capacité à détourner les penalties et pour son imposante silhouette tout de noir vêtue. Peu importe, tout ce qui comptait pour moi, c'était de mettre le ballon au fond des filets. Je décidai alors de tirer du pied droit, mon pied le moins fort, car je savais que Yashin m'avait déjà vu tirer quelques penalties du gauche. Bien m'en a pris, car j'ai réussi à le berner !"
"Si j'étais nerveux ? Et comment ! Lorsque je me suis avancé pour entamer ma course d'élan, certains de mes coéquipiers avaient le dos tourné tellement ils avaient peur de regarder. Vous imaginez un peu l'ambiance ! Malheureusement, ça a été ma dernière contribution à un Mondial. J'ai ensuite raté les matches contre l'Autriche et le Brésil à cause de ma blessure. Ce fut un véritable crève-coeur. Je mourais d'envie de jouer, surtout face au Brésil qui comptait dans ses rangs Pelé, Didi et Garrincha, trois de mes idoles."
"Mais je n'étais pas le seul à manquer à l'appel. Je pense que nous aurions pu faire beaucoup mieux lors de Suède 1958 sans le crash de Munich. Trois de nos quatre joueurs de Manchester United ont péri dans cet accident, notamment Duncan Edwards, qui aurait pu briller autant que Pelé dans ce tournoi. Tous deux étaient de grands techniciens, capables de dribbler les défenseurs et de marquer. Quel dommage qu'ils n'aient jamais pu croiser le fer en compétition internationale."
De façon bien compréhensible, ses yeux se remplissaient de larmes à l'évocation de ce dernier souvenir. En Angleterre, Finney était l'archétype du "gentleman footballer". Il n'a jamais été averti, exclu ni même réprimandé par un arbitre au cours de sa carrière, qui compte 510 matches. Toutes ces rencontres, il les a disputées sous les couleurs du club qui l'a vu grandir, Preston North End. Pour conclure, Finney livrait ses impressions sur l'évolution du jeu depuis les années 1950.
"Les bons joueurs veulent toujours jouer pour les meilleurs clubs et certains, comme moi, souhaitent rester fidèles au même club. Même à l'époque, j'étais déjà considéré comme une curiosité. Les footballeurs sont toujours tristes après la défaite et heureux après la victoire et il n'existe pas de plus grande satisfaction que d'être sélectionné par son pays et de remporter la Coupe du Monde de la FIFA. Les médias britanniques attendent toujours de l'Angleterre qu'elle gagne 100 % de ses matches. Alors au fond, les choses n'ont pas vraiment changé, n'est-ce pas ?"
Fifa.com (15/02/2014)
Re: Portraits et Histoire
Guenter NETZER
Netzer : folie, génie et gros caractère
En Allemagne, quand on demande aux amateurs de foot de décrire Günter Netzer, certains mots sont dans presque toutes les bouches comme "champion du monde", "meneur de jeu" ou "légende du Borussia Mönchengladbach". Mais on le considère aussi comme un expert télé reconnu et un rebelle. Sa carrière est jonchée d’anecdotes, comme le jour où, assis sur le banc de touche, il décide d’entrer sur le terrain de son propre chef.
Les avis se rejoignent en tout cas sur un point : Netzer était un joueur hors pair, un véritable artiste, à la frontière entre génie et folie. "Je reconnais que je suis obligé de courir même si je n’aime pas ça, surtout quand je n’ai pas le ballon", confia un jour Netzer. Sa vision du jeu est entrée dans l’histoire, tandis que ses analyses pointues en tant que commentateur à la télévision en ont fait l’une des grandes icônes du football allemand : "Je me hasarde parfois à dire des choses qui ne sont vraiment pas bien. C'est mon caractère, c'est ma nature… J'étais déjà comme ça quand j'étais footballeur !", assure-t-il
Sous les couleurs du Borussia Mönchengladbach, il décroche deux Bundesligas en 1970 et 1971. Quelques années plus tard, il réitère l’expérience avec le Real Madrid et le championnat d’Espagne, en 1975 et 1976. Le maillot de l’équipe de RFA sied tout autant à ce meneur de jeu d’exception puisqu’il remporte tour à tour un Championnat d’Europe 1972 et la Coupe du Monde de la FIFA 1974.
Le Festival Netzer
Günter Netzer est un peu le Michel Platini de son époque. Ses sélections en équipe nationale sont pourtant modestes (37 matches, six buts). On lui préfère en effet Wolfgang Overath, le joueur de Cologne, dont l'esprit d’équipe est plus développé. La Mannschaft regorge alors de stars qui, à la différence des joueurs du Borussia, ne sont pas disposées à obéir au doigt et à l’œil à un meneur de jeu. Cela explique que Netzer brille moins sous le maillot de l’équipe nationale que sous celui des Poulains de Mönchengladbach.
L'une des sélections de Netzer a néanmoins marqué les supporters allemands. En quart de finale de l'UEFA EURO 1972, les Allemands de l'Ouest affrontent l’Angleterre. Ce jour-là, l’Allemagne s'impose pour la première fois sur la pelouse de Wembley (3:1). Auteur d‘un penalty qui heurte le poteau avant de rouler au fond des filets, Netzer joue un rôle décisif. Deux matches plus tard, il est sacré champion d’Europe.
Au meilleur de sa forme, le numéro dix aux longs cheveux blonds est capable des plus belles prouesses, notamment lors de la victoire face à l’Inter Milan en finale de la Coupe de l’UEFA, en octobre 1971. Il mène avec brio le jeu du Borussia, qui l’emporte 7:1. Cette rencontre est souvent présentée comme le "festival Netzer". Malheureusement, l'UEFA décide d’annuler le résultat car Roberto Boninsegna, l’attaquant de l’Inter, aurait été touché par un jet de canette.
Au quotidien, à chaque fois que Netzer place le ballon pour tirer un coup franc, un murmure parcourt les tribunes du Bökelbergstadion, l’ancienne arène des Poulains.
"Il savait à merveille changer de rythme au cours d’un match. Il dégageait de longues passes à 40 mètres, il jouait direct, long ou court, le tout avec un grand talent pour évaluer les distances", se souvient l’ancien sélectionneur Helmut Schön, qui connaît aussi l'autre facette de sa personnalité : "En fait, on peut dire qu’il a été le premier footballeur de la culture pop. Il plaisait énormément aux supportrices, mais aussi aux gens du show-biz et aux intellectuels".
"Maintenant, je joue"
L’une des plus célèbres anecdotes de sa biographie remonte à 1973 : en finale de Coupe d’Allemagne, Mönchengladbach affronte le FC Cologne, son rival de toujours. Pendant la prolongation (1:1), Netzer observe depuis le banc de touche son équipe en difficulté. Il décide alors d’entrer sur le terrain de son propre chef. Quelques minutes plus tard, il signe le but de la victoire. "Maintenant, je joue", aurait annoncé Netzer à son entraîneur de l’époque, Hennes Weisweiler.
Netzer rejoint ensuite le Real Madrid et terminera sa carrière professionnelle au Grasshopper Zurich. En 1979, il devient le manager du Hambourg SV, avec lequel il remporte trois championnats ainsi qu’une Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1983. Il réussit à attirer dans la ville hanséatique de grands entraîneurs, tels que le Viennois Ernst Happel ou le Yougoslave Branko Zebec, et des joueurs comme Franz Beckenbauer, qui était parti jouer aux États-Unis. Netzer quitte Hambourg au terme de huit ans de bons et loyaux services pour se lancer dans une nouvelle aventure et fonde une entreprise de marketing sportif.
Aujourd’hui, Jünter, comme on l’appelle à Mönchengladbach, est resté le même. Tour à tour meneur de jeu, philosophe du football et homme d’affaires, Netzer n’a jamais hésité à tenter une passe audacieuse, ni à se lancer dans de nouvelles aventures malgré les embûches. "Quelques matches ont suffi à le rendre immortel tandis que d’autres joueurs ont dû tout donner pendant plusieurs années." Cette phrase du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung résume parfaitement la vie de cet homme d’exception.
Fifa.com (26/02/2014)
Netzer : folie, génie et gros caractère
En Allemagne, quand on demande aux amateurs de foot de décrire Günter Netzer, certains mots sont dans presque toutes les bouches comme "champion du monde", "meneur de jeu" ou "légende du Borussia Mönchengladbach". Mais on le considère aussi comme un expert télé reconnu et un rebelle. Sa carrière est jonchée d’anecdotes, comme le jour où, assis sur le banc de touche, il décide d’entrer sur le terrain de son propre chef.
Les avis se rejoignent en tout cas sur un point : Netzer était un joueur hors pair, un véritable artiste, à la frontière entre génie et folie. "Je reconnais que je suis obligé de courir même si je n’aime pas ça, surtout quand je n’ai pas le ballon", confia un jour Netzer. Sa vision du jeu est entrée dans l’histoire, tandis que ses analyses pointues en tant que commentateur à la télévision en ont fait l’une des grandes icônes du football allemand : "Je me hasarde parfois à dire des choses qui ne sont vraiment pas bien. C'est mon caractère, c'est ma nature… J'étais déjà comme ça quand j'étais footballeur !", assure-t-il
Sous les couleurs du Borussia Mönchengladbach, il décroche deux Bundesligas en 1970 et 1971. Quelques années plus tard, il réitère l’expérience avec le Real Madrid et le championnat d’Espagne, en 1975 et 1976. Le maillot de l’équipe de RFA sied tout autant à ce meneur de jeu d’exception puisqu’il remporte tour à tour un Championnat d’Europe 1972 et la Coupe du Monde de la FIFA 1974.
Le Festival Netzer
Günter Netzer est un peu le Michel Platini de son époque. Ses sélections en équipe nationale sont pourtant modestes (37 matches, six buts). On lui préfère en effet Wolfgang Overath, le joueur de Cologne, dont l'esprit d’équipe est plus développé. La Mannschaft regorge alors de stars qui, à la différence des joueurs du Borussia, ne sont pas disposées à obéir au doigt et à l’œil à un meneur de jeu. Cela explique que Netzer brille moins sous le maillot de l’équipe nationale que sous celui des Poulains de Mönchengladbach.
L'une des sélections de Netzer a néanmoins marqué les supporters allemands. En quart de finale de l'UEFA EURO 1972, les Allemands de l'Ouest affrontent l’Angleterre. Ce jour-là, l’Allemagne s'impose pour la première fois sur la pelouse de Wembley (3:1). Auteur d‘un penalty qui heurte le poteau avant de rouler au fond des filets, Netzer joue un rôle décisif. Deux matches plus tard, il est sacré champion d’Europe.
Au meilleur de sa forme, le numéro dix aux longs cheveux blonds est capable des plus belles prouesses, notamment lors de la victoire face à l’Inter Milan en finale de la Coupe de l’UEFA, en octobre 1971. Il mène avec brio le jeu du Borussia, qui l’emporte 7:1. Cette rencontre est souvent présentée comme le "festival Netzer". Malheureusement, l'UEFA décide d’annuler le résultat car Roberto Boninsegna, l’attaquant de l’Inter, aurait été touché par un jet de canette.
Au quotidien, à chaque fois que Netzer place le ballon pour tirer un coup franc, un murmure parcourt les tribunes du Bökelbergstadion, l’ancienne arène des Poulains.
"Il savait à merveille changer de rythme au cours d’un match. Il dégageait de longues passes à 40 mètres, il jouait direct, long ou court, le tout avec un grand talent pour évaluer les distances", se souvient l’ancien sélectionneur Helmut Schön, qui connaît aussi l'autre facette de sa personnalité : "En fait, on peut dire qu’il a été le premier footballeur de la culture pop. Il plaisait énormément aux supportrices, mais aussi aux gens du show-biz et aux intellectuels".
"Maintenant, je joue"
L’une des plus célèbres anecdotes de sa biographie remonte à 1973 : en finale de Coupe d’Allemagne, Mönchengladbach affronte le FC Cologne, son rival de toujours. Pendant la prolongation (1:1), Netzer observe depuis le banc de touche son équipe en difficulté. Il décide alors d’entrer sur le terrain de son propre chef. Quelques minutes plus tard, il signe le but de la victoire. "Maintenant, je joue", aurait annoncé Netzer à son entraîneur de l’époque, Hennes Weisweiler.
Netzer rejoint ensuite le Real Madrid et terminera sa carrière professionnelle au Grasshopper Zurich. En 1979, il devient le manager du Hambourg SV, avec lequel il remporte trois championnats ainsi qu’une Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1983. Il réussit à attirer dans la ville hanséatique de grands entraîneurs, tels que le Viennois Ernst Happel ou le Yougoslave Branko Zebec, et des joueurs comme Franz Beckenbauer, qui était parti jouer aux États-Unis. Netzer quitte Hambourg au terme de huit ans de bons et loyaux services pour se lancer dans une nouvelle aventure et fonde une entreprise de marketing sportif.
Aujourd’hui, Jünter, comme on l’appelle à Mönchengladbach, est resté le même. Tour à tour meneur de jeu, philosophe du football et homme d’affaires, Netzer n’a jamais hésité à tenter une passe audacieuse, ni à se lancer dans de nouvelles aventures malgré les embûches. "Quelques matches ont suffi à le rendre immortel tandis que d’autres joueurs ont dû tout donner pendant plusieurs années." Cette phrase du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung résume parfaitement la vie de cet homme d’exception.
Fifa.com (26/02/2014)
Re: Portraits et Histoire
Matches de légende
De l'euphorie au désespoir
Les chiffres officiels indiquent que 152 772 personnes étaient présentes dans les tribunes du Maracanã en ce 13 juillet 1950. Bien entendu, ces statistiques ne tiennent aucun compte des nombreuses personnes arrivées à l'improviste ou au dernier moment. Dix minutes après le début de la seconde mi-temps du match entre le Brésil et l'Espagne, 152 771 personnes - officiellement - ont entonné l'un des plus grands chants collectifs de l'histoire de la compétition. Et le dernier spectateur dans tout ça ? Le 152 772ème homme était occupé à pleurer.
Alors que le Brésil menait 4:0, les supporters ont décidé de rendre hommage à leurs adversaires en agitant des mouchoirs blancs et en entonnant Touradas em Madri ("Courses de taureaux à Madrid"), l'un des grands succès du carnaval de 1938.
“Eu fui às touradas em Madri/ Para tim, bum, bum, bum/ Para tim, bum, bum, bum/ E quase não volto mais aqui/ Para ver Peri beijar Ceci / Eu conheci uma espanhola / natural da Catalunha / Queria que eu tocasse castanhola / que pegasse touro à unha.”
Tout le monde chantait, à l'exception de Carlos Alberto Ferreira Braga. En entendant son œuvre, écrite avec son complice Alberto Ribeiro, ce compositeur aussi connu sous le pseudonyme João de Barro n'a pu retenir ses larmes.
Cette après-midi au Maracanã était tout simplement trop belle, trop parfaite. Ce moment de bonheur collectif contraste singulièrement avec la détresse et le terrible traumatisme qui allaient survenir trois jours plus tard.
Le contexte
La Seleção effectue à cette occasion sa cinquième sortie en Coupe du Monde de la FIFA™, la deuxième dans ce tour final. Le pays hôte de la compétition a débuté son parcours par trois succès au Maracanã. Seul le nul 2:2 concédé à la Suisse sur le terrain de São Paulo est venu ternir ce tableau idyllique. Globalement, le bilan brésilien est impressionnant : 15 buts inscrits pour seulement trois encaissés.
L'Espagne s'annonce pourtant comme l'adversaire le plus redoutable des Brésiliens jusqu'à présent. La Furia Roja compte effectivement dans ses rangs quelques joueurs de premier plan, comme Antonio Ramallets, Agustín "Piru" Gaínza ou encore Telmo Zarra. Les Espagnols abordent en outre la rencontre en position de force, après avoir dominé leurs trois adversaires au premier tour (États-Unis, Chili et Angleterre) et tenu en échec l'Uruguay (2:2).
Le match
Avec le recul, ces statistiques flatteuses n'ont pas changé grand-chose à l'issue de la partie. Depuis le début du tournoi, le Brésil déploie un football irrésistible, sans trop se soucier de l'opposition. Après avoir écrasé la Suède 7:1 pour leur entrée en lice dans le tour final, les hommes de Flávio Costa n'ont fait qu'une bouchée de l'Espagne (6:1).
En lui-même, le score final est assez impressionnant. Mais c'est surtout l'aisance avec laquelle le Brésil a dominé les débats qui a impressionné. Les locaux ouvrent le score dès la 15ème minute, sur un but contre son camp. À la pause, ils mènent déjà 3:0. Les Espagnols ne parviendront à tromper Barbosa qu'une seule fois, à la 71ème minute, alors que les Brésiliens ont déjà frappé à six reprises.
Cette rencontre marque le sommet de l'euphorie qui s'est emparée de tout un pays pendant la Coupe du Monde : Jair, Zizinho, Chico et le buteur Ademir étaient au sommet de leur art. Le titre leur était promis. Dans ces conditions, que pouvait bien espérer l'Uruguay ?
Entendu…
"Je crois que le Brésil a perdu la Coupe du Monde ce soir-là. Nous avons trop fêté cette victoire. Nous nous sommes vus champions du monde. Mais les titres ne se gagnent pas la veille du match décisif." - Mário Jorge Lobo Zagallo, dans un entretien accordé à FIFA.com.
Avant de remporter deux titres mondiaux en tant que joueur et sélectionneur de la mythique Seleção des années 70, Zagallo a assisté à ce match historique en tant que jeune policier militaire, en charge de la sécurité au Maracanã.
Et après ?
Zagallo était de nouveau présent trois jours plus tard à Rio. Mais cette fois, l'ambiance n'est plus du tout à la fête. Le futur sélectionneur brésilien fait partie des témoins du fameux Maracanazo, qui se solde par la défaite (2:1) du Brésil. "On a du mal à croire qu'il puisse s'agir du même stade. L'ambiance était indescriptible. Plus tard, je me suis dit que tous ces mouchoirs blancs s'étaient réunis en un immense drap, dans lequel le pays a essuyé ses larmes amères."
Fifa.com (21/03/2014)
De l'euphorie au désespoir
Les chiffres officiels indiquent que 152 772 personnes étaient présentes dans les tribunes du Maracanã en ce 13 juillet 1950. Bien entendu, ces statistiques ne tiennent aucun compte des nombreuses personnes arrivées à l'improviste ou au dernier moment. Dix minutes après le début de la seconde mi-temps du match entre le Brésil et l'Espagne, 152 771 personnes - officiellement - ont entonné l'un des plus grands chants collectifs de l'histoire de la compétition. Et le dernier spectateur dans tout ça ? Le 152 772ème homme était occupé à pleurer.
Alors que le Brésil menait 4:0, les supporters ont décidé de rendre hommage à leurs adversaires en agitant des mouchoirs blancs et en entonnant Touradas em Madri ("Courses de taureaux à Madrid"), l'un des grands succès du carnaval de 1938.
“Eu fui às touradas em Madri/ Para tim, bum, bum, bum/ Para tim, bum, bum, bum/ E quase não volto mais aqui/ Para ver Peri beijar Ceci / Eu conheci uma espanhola / natural da Catalunha / Queria que eu tocasse castanhola / que pegasse touro à unha.”
Tout le monde chantait, à l'exception de Carlos Alberto Ferreira Braga. En entendant son œuvre, écrite avec son complice Alberto Ribeiro, ce compositeur aussi connu sous le pseudonyme João de Barro n'a pu retenir ses larmes.
Cette après-midi au Maracanã était tout simplement trop belle, trop parfaite. Ce moment de bonheur collectif contraste singulièrement avec la détresse et le terrible traumatisme qui allaient survenir trois jours plus tard.
Le contexte
La Seleção effectue à cette occasion sa cinquième sortie en Coupe du Monde de la FIFA™, la deuxième dans ce tour final. Le pays hôte de la compétition a débuté son parcours par trois succès au Maracanã. Seul le nul 2:2 concédé à la Suisse sur le terrain de São Paulo est venu ternir ce tableau idyllique. Globalement, le bilan brésilien est impressionnant : 15 buts inscrits pour seulement trois encaissés.
L'Espagne s'annonce pourtant comme l'adversaire le plus redoutable des Brésiliens jusqu'à présent. La Furia Roja compte effectivement dans ses rangs quelques joueurs de premier plan, comme Antonio Ramallets, Agustín "Piru" Gaínza ou encore Telmo Zarra. Les Espagnols abordent en outre la rencontre en position de force, après avoir dominé leurs trois adversaires au premier tour (États-Unis, Chili et Angleterre) et tenu en échec l'Uruguay (2:2).
Le match
Avec le recul, ces statistiques flatteuses n'ont pas changé grand-chose à l'issue de la partie. Depuis le début du tournoi, le Brésil déploie un football irrésistible, sans trop se soucier de l'opposition. Après avoir écrasé la Suède 7:1 pour leur entrée en lice dans le tour final, les hommes de Flávio Costa n'ont fait qu'une bouchée de l'Espagne (6:1).
En lui-même, le score final est assez impressionnant. Mais c'est surtout l'aisance avec laquelle le Brésil a dominé les débats qui a impressionné. Les locaux ouvrent le score dès la 15ème minute, sur un but contre son camp. À la pause, ils mènent déjà 3:0. Les Espagnols ne parviendront à tromper Barbosa qu'une seule fois, à la 71ème minute, alors que les Brésiliens ont déjà frappé à six reprises.
Cette rencontre marque le sommet de l'euphorie qui s'est emparée de tout un pays pendant la Coupe du Monde : Jair, Zizinho, Chico et le buteur Ademir étaient au sommet de leur art. Le titre leur était promis. Dans ces conditions, que pouvait bien espérer l'Uruguay ?
Entendu…
"Je crois que le Brésil a perdu la Coupe du Monde ce soir-là. Nous avons trop fêté cette victoire. Nous nous sommes vus champions du monde. Mais les titres ne se gagnent pas la veille du match décisif." - Mário Jorge Lobo Zagallo, dans un entretien accordé à FIFA.com.
Avant de remporter deux titres mondiaux en tant que joueur et sélectionneur de la mythique Seleção des années 70, Zagallo a assisté à ce match historique en tant que jeune policier militaire, en charge de la sécurité au Maracanã.
Et après ?
Zagallo était de nouveau présent trois jours plus tard à Rio. Mais cette fois, l'ambiance n'est plus du tout à la fête. Le futur sélectionneur brésilien fait partie des témoins du fameux Maracanazo, qui se solde par la défaite (2:1) du Brésil. "On a du mal à croire qu'il puisse s'agir du même stade. L'ambiance était indescriptible. Plus tard, je me suis dit que tous ces mouchoirs blancs s'étaient réunis en un immense drap, dans lequel le pays a essuyé ses larmes amères."
Fifa.com (21/03/2014)
Re: Portraits et Histoire
Matches de légende
La Bulgarie surpasse le géant allemand
Un géant mord la poussière au Giants Stadium ! C'est par ce jeu de mots que le journal britannique The Independent rapporte l'énorme surprise survenue le 11 juillet 1994 dans le célèbre stade du New Jersey.
Que s'est-il passé ce jour-là ? L'Allemagne, championne du monde en titre, vient de se faire éliminer de la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, à la surprise générale. Pour la première fois depuis 1978, la Mannschaft est absente du dernier carré de l'épreuve suprême.
La situation est d'autant plus inattendue que les Allemands n'ont pas chuté face au Brésil, à l'Italie, à l'Argentine ou à une autre grande nation de football. Les coéquipiers de Jürgen Klinsmann ont été sortis sans ménagement par la Bulgarie. En cinq participations au grand rendez-vous mondial, les Slaves n'avaient pourtant jamais gagné un match. Cette sixième apparition sera donc la bonne puisqu'à l'issue du tournoi, les Bulgares compteront quatre succès à leur actif.
Le contexte
Depuis le début de la compétition, l'Allemagne souffle le chaud et le froid. En phase de groupes, les champions du monde se montrent peu convaincants face à la Bolivie (1:0), l'Espagne (1:1) et la République de Corée (3:2). Ce parcours chaotique suffit pourtant à décrocher la première place. En huitièmes de finale, les hommes de Berti Vogts livrent une performance beaucoup plus convaincante face à la Belgique (3:2).
Sèchement battus d'entrée par le Nigeria (3:0), les Bulgares ont renoué avec le succès aux dépens de la Grèce (4:0) et de l'Argentine (3:0). Opposés aux Mexique au tour suivant, ils arrachent leur qualification à l'issue des tirs au but (3:1). À l'heure d'affronter l'Allemagne, les Lions ont déjà largement dépassé toutes les attentes de leurs supporters.
Le match
Écrasés par la chaleur, les 22 acteurs de la rencontre offrent un spectacle bien terne aux 72 000 spectateurs du Giants Stadium en première mi-temps. Les Allemands se montrent dominateurs, sans toutefois parvenir à trouver la faille dans la défense bulgare. La situation se décante après le repos. Bousculé dans un duel apparemment anodin, Jürgen Klinsmann obtient un penalty que Lothar Matthäus se charge de transformer. À cet instant, on se dit que l'Allemagne va une fois de plus réussir à s'imposer sans briller.
Dans les minutes qui suivent, Andreas Möller voit sa frappe repoussée par le poteau. Rudi Völler double la mise d'une frappe à bout portant, mais le but est invalidé pour hors-jeu. La tension commence alors à monter. À la 75ème minute, Hristo Stoichkov remet les deux équipes à égalité d'un somptueux coup franc. Trois minutes plus tard, Iordan Lechkov, qui porte alors les couleurs de Hambourg, scelle la victoire de son équipe d'un coup de tête autoritaire.
Les stars
À l'entame, l'Allemagne alignait neuf champions du monde en titre. Le dixième, Andreas Brehme, entrera en cours de jeu. L'équipe compte également dans ses rangs plusieurs joueurs de renommée mondiale. Malheureusement, la plupart de ces piliers ont déjà entamé leur inexorable déclin.
La situation est bien différente côté bulgare. La génération dorée emmenée par Stoichkov, Krassimir Balakov et Emil Kostadinov vient d'offrir au pays ses premiers succès sur la scène mondiale. De l'autre côté de l'Atlantique, tout un peuple vibre aux exploits de ses héros.
"Stoichkov et Lechkov seront à jamais les champions d'une nation qui, il y a deux semaines encore, n'avait jamais gagné un match de Coupe du Monde", titre avec à-propos France Soir. L'attaquant du FC Barcelone s'impose véritablement comme le fer de lance de cette surprenante équipe. Il remportera le Soulier d'Or adidas (à égalité avec Oleg Salenko), qui récompense le meilleur buteur du tournoi, avec six réalisations.
Les réactions
"Il y avait des conflits au sein du groupe. L'ambiance était délétère. Ça n'avait rien à voir avec ce que nous avions connu en 1990. À l'époque, tout était plus simple. Nous nous sommes accrochés sur des détails. Les joueurs avaient des exigences de plus en plus élevées et le sélectionneur Berti Vogts avait sans doute une vision un peu trop étriquée des choses. Nous avions pourtant du talent et nous étions arrivés aux États-Unis avec de grandes ambitions. Mais tout s'est arrêté en quart de finale, contre la Bulgarie, alors que nous visions au moins une place dans le dernier carré" - Andreas Möller, milieu de terrain de l'Allemagne
"À 1:0, les Bulgares étaient à la rue, mais nous avons oublié d'inscrire le deuxième but. Ensuite, ils ont marqué deux fois sur leurs seules occasions" - Lothar Matthäus, capitaine de l'Allemagne
"C'était une victoire facile. Nous étions clairement les plus forts dès le coup d'envoi. En plus, j'ai eu la chance de marquer sur coup franc le jour de l'anniversaire de ma fille aînée. J'ai vraiment passé un mois magique en compagnie de mes coéquipiers. Grâce à eux, j'ai pu remporter le Soulier d'Or. Bien entendu, je leur ai dédié ce succès" - Hristo Stoichkov, attaquant de la Bulgarie
"C'était le plus beau jour de l'histoire du football bulgare" - Dimitar Penev, sélectionneur de la Bulgarie
La suite
La marche triomphale des Bulgares connaît une fin abrupte trois jours plus tard, sur les lieux mêmes de leur triomphe face à l'Allemagne. Battus de justesse par l'Italie (2:1), ils échouent finalement à la quatrième place, après une ultime défaite face à la Suède (4:0) dans la petite finale.
Les triples champions du monde entament quant à eux un nouveau cycle. Suite à la débâcle du Giants Stadium, cinq joueurs (Völler, Brehme, Guido Buchwald, Stefan Effenberg et Bodo Illgner) mettent un terme à leur carrière internationale.
De son côté, Berti Vogts doit faire face à de cinglantes critiques. On lui reproche notamment d'avoir trop misé sur les champions du monde 1990, au détriment de la jeune génération. Le Terrier reste pourtant en place et remporte deux ans plus tard son plus grand succès lorsque l'Allemagne s'impose en finale de l'UEFA EURO organisé en Angleterre.
Fifa.com (11/04/2014)
La Bulgarie surpasse le géant allemand
Bulgarie Allemagne
(BUL) (GER)
Hristo STOICHKOV (75') Lothar MATTHAEUS (47' PEN)
Iordan LETCHKOV (78')
2:1 (0:0)
(BUL) (GER)
Hristo STOICHKOV (75') Lothar MATTHAEUS (47' PEN)
Iordan LETCHKOV (78')
2:1 (0:0)
Date: 10 juillet 1994
Stades: Giants Stadium
Ville: New York/New Jersey
Affluence: 72000
Arbitre: TORRES CADENA Jose Joaquin (COL)
Un géant mord la poussière au Giants Stadium ! C'est par ce jeu de mots que le journal britannique The Independent rapporte l'énorme surprise survenue le 11 juillet 1994 dans le célèbre stade du New Jersey.
Que s'est-il passé ce jour-là ? L'Allemagne, championne du monde en titre, vient de se faire éliminer de la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, à la surprise générale. Pour la première fois depuis 1978, la Mannschaft est absente du dernier carré de l'épreuve suprême.
La situation est d'autant plus inattendue que les Allemands n'ont pas chuté face au Brésil, à l'Italie, à l'Argentine ou à une autre grande nation de football. Les coéquipiers de Jürgen Klinsmann ont été sortis sans ménagement par la Bulgarie. En cinq participations au grand rendez-vous mondial, les Slaves n'avaient pourtant jamais gagné un match. Cette sixième apparition sera donc la bonne puisqu'à l'issue du tournoi, les Bulgares compteront quatre succès à leur actif.
Le contexte
Depuis le début de la compétition, l'Allemagne souffle le chaud et le froid. En phase de groupes, les champions du monde se montrent peu convaincants face à la Bolivie (1:0), l'Espagne (1:1) et la République de Corée (3:2). Ce parcours chaotique suffit pourtant à décrocher la première place. En huitièmes de finale, les hommes de Berti Vogts livrent une performance beaucoup plus convaincante face à la Belgique (3:2).
Sèchement battus d'entrée par le Nigeria (3:0), les Bulgares ont renoué avec le succès aux dépens de la Grèce (4:0) et de l'Argentine (3:0). Opposés aux Mexique au tour suivant, ils arrachent leur qualification à l'issue des tirs au but (3:1). À l'heure d'affronter l'Allemagne, les Lions ont déjà largement dépassé toutes les attentes de leurs supporters.
Le match
Écrasés par la chaleur, les 22 acteurs de la rencontre offrent un spectacle bien terne aux 72 000 spectateurs du Giants Stadium en première mi-temps. Les Allemands se montrent dominateurs, sans toutefois parvenir à trouver la faille dans la défense bulgare. La situation se décante après le repos. Bousculé dans un duel apparemment anodin, Jürgen Klinsmann obtient un penalty que Lothar Matthäus se charge de transformer. À cet instant, on se dit que l'Allemagne va une fois de plus réussir à s'imposer sans briller.
Dans les minutes qui suivent, Andreas Möller voit sa frappe repoussée par le poteau. Rudi Völler double la mise d'une frappe à bout portant, mais le but est invalidé pour hors-jeu. La tension commence alors à monter. À la 75ème minute, Hristo Stoichkov remet les deux équipes à égalité d'un somptueux coup franc. Trois minutes plus tard, Iordan Lechkov, qui porte alors les couleurs de Hambourg, scelle la victoire de son équipe d'un coup de tête autoritaire.
Les stars
À l'entame, l'Allemagne alignait neuf champions du monde en titre. Le dixième, Andreas Brehme, entrera en cours de jeu. L'équipe compte également dans ses rangs plusieurs joueurs de renommée mondiale. Malheureusement, la plupart de ces piliers ont déjà entamé leur inexorable déclin.
La situation est bien différente côté bulgare. La génération dorée emmenée par Stoichkov, Krassimir Balakov et Emil Kostadinov vient d'offrir au pays ses premiers succès sur la scène mondiale. De l'autre côté de l'Atlantique, tout un peuple vibre aux exploits de ses héros.
"Stoichkov et Lechkov seront à jamais les champions d'une nation qui, il y a deux semaines encore, n'avait jamais gagné un match de Coupe du Monde", titre avec à-propos France Soir. L'attaquant du FC Barcelone s'impose véritablement comme le fer de lance de cette surprenante équipe. Il remportera le Soulier d'Or adidas (à égalité avec Oleg Salenko), qui récompense le meilleur buteur du tournoi, avec six réalisations.
Les réactions
"Il y avait des conflits au sein du groupe. L'ambiance était délétère. Ça n'avait rien à voir avec ce que nous avions connu en 1990. À l'époque, tout était plus simple. Nous nous sommes accrochés sur des détails. Les joueurs avaient des exigences de plus en plus élevées et le sélectionneur Berti Vogts avait sans doute une vision un peu trop étriquée des choses. Nous avions pourtant du talent et nous étions arrivés aux États-Unis avec de grandes ambitions. Mais tout s'est arrêté en quart de finale, contre la Bulgarie, alors que nous visions au moins une place dans le dernier carré" - Andreas Möller, milieu de terrain de l'Allemagne
"À 1:0, les Bulgares étaient à la rue, mais nous avons oublié d'inscrire le deuxième but. Ensuite, ils ont marqué deux fois sur leurs seules occasions" - Lothar Matthäus, capitaine de l'Allemagne
"C'était une victoire facile. Nous étions clairement les plus forts dès le coup d'envoi. En plus, j'ai eu la chance de marquer sur coup franc le jour de l'anniversaire de ma fille aînée. J'ai vraiment passé un mois magique en compagnie de mes coéquipiers. Grâce à eux, j'ai pu remporter le Soulier d'Or. Bien entendu, je leur ai dédié ce succès" - Hristo Stoichkov, attaquant de la Bulgarie
"C'était le plus beau jour de l'histoire du football bulgare" - Dimitar Penev, sélectionneur de la Bulgarie
La suite
La marche triomphale des Bulgares connaît une fin abrupte trois jours plus tard, sur les lieux mêmes de leur triomphe face à l'Allemagne. Battus de justesse par l'Italie (2:1), ils échouent finalement à la quatrième place, après une ultime défaite face à la Suède (4:0) dans la petite finale.
Les triples champions du monde entament quant à eux un nouveau cycle. Suite à la débâcle du Giants Stadium, cinq joueurs (Völler, Brehme, Guido Buchwald, Stefan Effenberg et Bodo Illgner) mettent un terme à leur carrière internationale.
De son côté, Berti Vogts doit faire face à de cinglantes critiques. On lui reproche notamment d'avoir trop misé sur les champions du monde 1990, au détriment de la jeune génération. Le Terrier reste pourtant en place et remporte deux ans plus tard son plus grand succès lorsque l'Allemagne s'impose en finale de l'UEFA EURO organisé en Angleterre.
Fifa.com (11/04/2014)
Re: Portraits et Histoire
Matthews : sorcier, magicien et chevalier
On est le 2 mai 1953. Plus de 100 000 spectateurs ont pris place dans le stade de Wembley pour assister à la finale de la Coupe d'Angleterre entre Blackpool et Bolton Wanderers. Des millions d'autres sont restés chez eux mais, pour la première fois de l'histoire, vont pouvoir regarder la finale à la télévision. Le couronnement de la jeune Reine Élisabeth II étant prévu pour le mois suivant, le petit écran a fait son entrée en force dans les foyers britanniques pour que personne ne rate l'événement historique.
La future reine est elle aussi présente à Wembley. C'est d'ailleurs la première fois de sa vie qu'elle assiste à un match de football. À 20 minutes du terme, le score est de 3:1 pour Bolton, qui semble s'acheminer tout droit vers un quatrième sacre en FA Cup. Blackpool, de son côté, n'est plus très loin d'une troisième défaite en six finales.
Sur le côté droit, l'ailier Stanley Matthews, alors âgé de 38 ans, décide de "tenter le coup". En face de lui, l'attaquant Nat Lofthouse, qui avait ouvert le score, observe son adversaire. "Il était là, comme un petit vieux, jusqu'à ce que son corps se mette en mouvement." Matthews accélère sur l'aile, adresse un centre que le gardien de Bolton, Stan Hanson, négocie mal. Le ballon retombe dans les pieds de Stan Mortensen, qui le pousse au fond des filets. Blackpool revient à 3:2 et dans les tribunes, la belle-mère de Matthews s'évanouit devant tant de suspense.
Matthews jouera alors le match de sa vie. C'est lui-même qui le dira plusieurs années après. À une minute du coup de sifflet final, Mortensen égalise. Bolton resserre le marquage sur Matthews, mais rien n'y fait. L'ailier droit de Blackpool se joue de la défense adverse, mais au lieu de marquer lui-même, il passe en retrait à son coéquipier Bill Perry, qui parvient à trouver la lucarne droite. 4:3 pour Blackpool. L'arbitre ne fera même pas donner l'engagement.
Après avoir reçu sa médaille de vainqueur des mains mêmes de la Reine, Matthews fait un clin d'œil à la caméra avant d'être porté en triomphe, le trophée entre les mains, par ses coéquipiers. À son retour à Blackpool, l'accueil est délirant pour les vainqueurs de la Coupe. Au cours du voyage en train qui reconduit l'équipe dans la cité balnéaire, une foule immense ovationne Matthews à chaque arrêt. À tel point que le héros de la finale est obligé de s'enfermer dans les toilettes d'un wagon pour ne pas être étouffé par ses admirateurs. Son coéquipier Mortensen a marqué trois buts en finale mais malgré cela, le match est resté dans les annales comme la Matthews Final.
30 ans de carrière
Évidemment, l'homme ne se résume pas à cette finale. En ce début mai 1953, il n'a fait que confirmer qu'il était bel et bien l'un des plus grands footballeurs de tous les temps et l'exemple même du fair-play. Au cours d'une carrière qui a duré plus de 30 ans, Matthews n'a jamais reçu le moindre avertissement et n'a jamais été exclu, malgré des défis physiques qui dépassaient parfois les bornes de la part de ses adversaires.
Matthews est le seul joueur à avoir été fait chevalier alors qu'il était encore en activité. Il est également le premier à avoir été nommé à la fois Joueur européen de l'année et Footballeur de l'année par la Football Writers' Association. Franz Beckenbauer disait au sujet de l'Anglais que sa vitesse et sa technique le rendaient "presque inarrêtable". Un autre grand du ballon rond, le légendaire Gallois John Charles, qui a fait les beaux jours de la Juventus, affirmait quant à lui qu'il n'avait "jamais vu de meilleurs centres que ceux de Matthews".
Il a passé 19 ans à Stoke City, de 1932 à 1947, puis de 1961 à 1965. Avec les Potters, il a été deux fois champion de deuxième division anglaise, en 1933 et 1963. Entre ses deux mandats à Stoke, il a porté les couleurs de Blackpool pendant 14 ans.
Son dernier match de championnat pour le compte des Potters a lieu contre Fulham le 6 février 1965, quelques jours à peine après avoir fêté son 50ème anniversaire et été fait chevalier par la Reine pour services rendus au football en tant que joueur professionnel. Entre 1937 et 1957, il a été sélectionné 54 fois en équipe d'Angleterre, avec qui il a pris part aux éditions 1950 et 1954 de la Coupe du Monde de la FIFA. Avec les Trois Lions, il a gagné neuf British Home Championships. Il a tiré sa révérence à l'équipe nationale à l'âge de 42 ans, ce qui fait de lui l'Anglais qui a joué jusqu'à l'âge le plus avancé en sélection.
Surnommé The Wizard of Dribble (le sorcier du dribble), Matthews était un modèle également hors des terrains : il s'entraînait dur, ne buvait pas, ne fumait pas, était quasiment végétarien, buvait du jus de carotte tous les jours et jeûnait tous les lundis. Lorsqu'il jouait à Blackpool, on pouvait le voir tous les jours dès sept heures du matin en train de courir sur la plage, avec aux pieds des chaussures plombées. Il disait que cela l'aidait à se sentir plus léger, et donc à courir plus vite, sur les terrains de football.
Idole mondiale
Son jubilé en 1965 a attiré les plus grandes stars du football mondial. Dans son équipe, on trouvait notamment Bobby Charlton. Dans le camp opposé, il y avait rien moins que Lev Yashin, Raymond Kopa, Alfredo Di Stefano, Ferenc Puskas et Eusebio. Mais en réalité, ce jubilé n'en était pas un, car Matthews n'en avait pas fini avec le football. Chaque été entre 1953 et 1978, il s'est rendu en Afrique pour partager son savoir avec des enfants. En 1975 à Soweto, il a bravé les lois de l'apartheid pour former une équipe de jeunes écoliers, les Stan's Men (les hommes de Stan). Ceux-ci lui ont dit que leur rêve était d'aller un jour taper dans le ballon au Brésil. De fait, Matthews organisa une expédition en Amérique du Sud, où la petite troupe de Soweto eut notamment l'occasion de rencontrer le légendaire Zico.
Il a joué son dernier match en 1985, à l'âge de 70 ans. Il s'agissait des Vétérans brésiliens contre les Vétérans anglais. Amarildo, Tostao, et autres Jairzinho ont offert une victoire 6:1 à la vieille Seleção. À cette occasion, Matthews se blesse au cartilage. Avec son humour habituel, il commentera l'événement dans son autobiographie en disant que ce jour-là, "une carrière prometteuse a brutalement pris fin".
The Magician est décédé le 23 février 2000 et ses cendres sont enterrées dans le rond central du stade de Stoke, le Britannia Stadium, qu'il avait lui-même inauguré deux ans et demi auparavant. "Je crois que si un nom symbolise le football anglais, c'est le sien", avait dit un jour Gordon Banks, vainqueur de la Coupe du Monde de la FIFA. L'éloge est de taille, mais il y a peut-être mieux encore en la matière. "C'est lui qui nous a montré la manière dont le football devrait être joué", assure Pelé.
Plus de 100 000 personnes ont accompagné Stanley Matthews vers sa dernière demeure. Sa famille a reçu des lettres de condoléances de la Reine et du Premier ministre Tony Blair. Tout cela l'aurait certainement rendu à la fois fier… et gêné. "Le football m'a bien traité. Un ballon pour taper dedans et une tasse de thé de temps en temps. Je ne demande rien d'autre à la vie", disait Matthews.
Fifa.com (23/04/2014)
On est le 2 mai 1953. Plus de 100 000 spectateurs ont pris place dans le stade de Wembley pour assister à la finale de la Coupe d'Angleterre entre Blackpool et Bolton Wanderers. Des millions d'autres sont restés chez eux mais, pour la première fois de l'histoire, vont pouvoir regarder la finale à la télévision. Le couronnement de la jeune Reine Élisabeth II étant prévu pour le mois suivant, le petit écran a fait son entrée en force dans les foyers britanniques pour que personne ne rate l'événement historique.
La future reine est elle aussi présente à Wembley. C'est d'ailleurs la première fois de sa vie qu'elle assiste à un match de football. À 20 minutes du terme, le score est de 3:1 pour Bolton, qui semble s'acheminer tout droit vers un quatrième sacre en FA Cup. Blackpool, de son côté, n'est plus très loin d'une troisième défaite en six finales.
Sur le côté droit, l'ailier Stanley Matthews, alors âgé de 38 ans, décide de "tenter le coup". En face de lui, l'attaquant Nat Lofthouse, qui avait ouvert le score, observe son adversaire. "Il était là, comme un petit vieux, jusqu'à ce que son corps se mette en mouvement." Matthews accélère sur l'aile, adresse un centre que le gardien de Bolton, Stan Hanson, négocie mal. Le ballon retombe dans les pieds de Stan Mortensen, qui le pousse au fond des filets. Blackpool revient à 3:2 et dans les tribunes, la belle-mère de Matthews s'évanouit devant tant de suspense.
Matthews jouera alors le match de sa vie. C'est lui-même qui le dira plusieurs années après. À une minute du coup de sifflet final, Mortensen égalise. Bolton resserre le marquage sur Matthews, mais rien n'y fait. L'ailier droit de Blackpool se joue de la défense adverse, mais au lieu de marquer lui-même, il passe en retrait à son coéquipier Bill Perry, qui parvient à trouver la lucarne droite. 4:3 pour Blackpool. L'arbitre ne fera même pas donner l'engagement.
Après avoir reçu sa médaille de vainqueur des mains mêmes de la Reine, Matthews fait un clin d'œil à la caméra avant d'être porté en triomphe, le trophée entre les mains, par ses coéquipiers. À son retour à Blackpool, l'accueil est délirant pour les vainqueurs de la Coupe. Au cours du voyage en train qui reconduit l'équipe dans la cité balnéaire, une foule immense ovationne Matthews à chaque arrêt. À tel point que le héros de la finale est obligé de s'enfermer dans les toilettes d'un wagon pour ne pas être étouffé par ses admirateurs. Son coéquipier Mortensen a marqué trois buts en finale mais malgré cela, le match est resté dans les annales comme la Matthews Final.
30 ans de carrière
Évidemment, l'homme ne se résume pas à cette finale. En ce début mai 1953, il n'a fait que confirmer qu'il était bel et bien l'un des plus grands footballeurs de tous les temps et l'exemple même du fair-play. Au cours d'une carrière qui a duré plus de 30 ans, Matthews n'a jamais reçu le moindre avertissement et n'a jamais été exclu, malgré des défis physiques qui dépassaient parfois les bornes de la part de ses adversaires.
Matthews est le seul joueur à avoir été fait chevalier alors qu'il était encore en activité. Il est également le premier à avoir été nommé à la fois Joueur européen de l'année et Footballeur de l'année par la Football Writers' Association. Franz Beckenbauer disait au sujet de l'Anglais que sa vitesse et sa technique le rendaient "presque inarrêtable". Un autre grand du ballon rond, le légendaire Gallois John Charles, qui a fait les beaux jours de la Juventus, affirmait quant à lui qu'il n'avait "jamais vu de meilleurs centres que ceux de Matthews".
Il a passé 19 ans à Stoke City, de 1932 à 1947, puis de 1961 à 1965. Avec les Potters, il a été deux fois champion de deuxième division anglaise, en 1933 et 1963. Entre ses deux mandats à Stoke, il a porté les couleurs de Blackpool pendant 14 ans.
Son dernier match de championnat pour le compte des Potters a lieu contre Fulham le 6 février 1965, quelques jours à peine après avoir fêté son 50ème anniversaire et été fait chevalier par la Reine pour services rendus au football en tant que joueur professionnel. Entre 1937 et 1957, il a été sélectionné 54 fois en équipe d'Angleterre, avec qui il a pris part aux éditions 1950 et 1954 de la Coupe du Monde de la FIFA. Avec les Trois Lions, il a gagné neuf British Home Championships. Il a tiré sa révérence à l'équipe nationale à l'âge de 42 ans, ce qui fait de lui l'Anglais qui a joué jusqu'à l'âge le plus avancé en sélection.
Surnommé The Wizard of Dribble (le sorcier du dribble), Matthews était un modèle également hors des terrains : il s'entraînait dur, ne buvait pas, ne fumait pas, était quasiment végétarien, buvait du jus de carotte tous les jours et jeûnait tous les lundis. Lorsqu'il jouait à Blackpool, on pouvait le voir tous les jours dès sept heures du matin en train de courir sur la plage, avec aux pieds des chaussures plombées. Il disait que cela l'aidait à se sentir plus léger, et donc à courir plus vite, sur les terrains de football.
Idole mondiale
Son jubilé en 1965 a attiré les plus grandes stars du football mondial. Dans son équipe, on trouvait notamment Bobby Charlton. Dans le camp opposé, il y avait rien moins que Lev Yashin, Raymond Kopa, Alfredo Di Stefano, Ferenc Puskas et Eusebio. Mais en réalité, ce jubilé n'en était pas un, car Matthews n'en avait pas fini avec le football. Chaque été entre 1953 et 1978, il s'est rendu en Afrique pour partager son savoir avec des enfants. En 1975 à Soweto, il a bravé les lois de l'apartheid pour former une équipe de jeunes écoliers, les Stan's Men (les hommes de Stan). Ceux-ci lui ont dit que leur rêve était d'aller un jour taper dans le ballon au Brésil. De fait, Matthews organisa une expédition en Amérique du Sud, où la petite troupe de Soweto eut notamment l'occasion de rencontrer le légendaire Zico.
Il a joué son dernier match en 1985, à l'âge de 70 ans. Il s'agissait des Vétérans brésiliens contre les Vétérans anglais. Amarildo, Tostao, et autres Jairzinho ont offert une victoire 6:1 à la vieille Seleção. À cette occasion, Matthews se blesse au cartilage. Avec son humour habituel, il commentera l'événement dans son autobiographie en disant que ce jour-là, "une carrière prometteuse a brutalement pris fin".
The Magician est décédé le 23 février 2000 et ses cendres sont enterrées dans le rond central du stade de Stoke, le Britannia Stadium, qu'il avait lui-même inauguré deux ans et demi auparavant. "Je crois que si un nom symbolise le football anglais, c'est le sien", avait dit un jour Gordon Banks, vainqueur de la Coupe du Monde de la FIFA. L'éloge est de taille, mais il y a peut-être mieux encore en la matière. "C'est lui qui nous a montré la manière dont le football devrait être joué", assure Pelé.
Plus de 100 000 personnes ont accompagné Stanley Matthews vers sa dernière demeure. Sa famille a reçu des lettres de condoléances de la Reine et du Premier ministre Tony Blair. Tout cela l'aurait certainement rendu à la fois fier… et gêné. "Le football m'a bien traité. Un ballon pour taper dedans et une tasse de thé de temps en temps. Je ne demande rien d'autre à la vie", disait Matthews.
Fifa.com (23/04/2014)
Re: Portraits et Histoire
Matches de légende
Fontaine termine son festival en beauté
Deux joueurs ont marqué à jamais la sixième édition de la Coupe du Monde de la FIFA, Suède 1958™, la première édition diffusée par la télévision en mondovision. Edson Arantes do Nascimento n'avait encore que 17 ans et 235 jours mais derrière ce talentueux adolescent brésilien pointait déjà le futur Roi Pelé. Just Fontaine, de son côté, ne devait sa présence en Suède qu'au forfait au dernier moment de son coéquipier de Reims René Bliard. En quelques semaines, le Brésilien allait offrir à la Seleçao son premier trophée et le Français écrire une des plus belles pages de l'histoire du football.
La République Fédérale d’Allemagne arrivait en Suède en qualité de tenante du titre après son exploit en finale en 1954 contre la Hongrie (3:2), qui avait pourtant écrasé de son talent le match de groupe (8:3). La France pour sa part arrivait la première en Suède avec ses cannes à pêche et ses boules de pétanque "histoire de meubler les temps morts", se souvient Just Fontaine.
Les deux équipes allaient se retrouver pour la "petite finale" pour un match d’anthologie, l’un des plus beaux chapitres de la rivalité historiques entre les deux équipes. FIFA.com rouvre le livre d’histoire à la page du 28 juin 1958.
Le contexte
La RFA entrait bien dans le tournoi en remportant son groupe avec une solide victoire sur l'Argentine grâce à un doublé de l'incontournable Helmut Rahn, le héros de la finale de 1954, et une première réalisation d'Uwe Seeler qui disputait la première de ses quatre Coupes du Monde. Mais le rouleau compresseur allemand butait ensuite sur la Tchécoslovaquie (2:2) et même sur l'Irlande du Nord (2:2), malgré à chaque fois un but de Rahn. Puis en quart de finale, comme en Suisse quatre ans plus tôt, les Allemands battaient les Yougoslaves (1:0) grâce au cinquième but de Rahn, mais laissaient beaucoup de forces dans cette rencontre. Cinq jours plus tard, le 24 juin 1958 au Stade Ullevi de Göteborg, ils payaient cette débauche d'efforts en s'inclinant en demi-finale face à une équipe suédoise survoltée qui faisait la différence dans les neuf dernières minutes (3:1).
La France pour sa part débutait en fanfare avec un cinglant 7:3 contre le Paraguay, dont un triplé de Just Fontaine. L'ampleur de cette victoire allait jouer un rôle déterminant dans le classement final du Groupe B. En effet, lors de leur seconde rencontre et malgré un doublé de Fontaine, les Bleus s'inclinaient face à la Yougoslavie (2:3). "Malgré la défaite c'est certainement un des meilleurs matches que nous avons fait dans cette Coupe du Monde face à une grande équipe de Yougoslavie comportant des individualités de premier plan", se souvient Fontaine. Puis en battant l'Ecosse (2:1), la France, avec quatre points, s'assure la première place du groupe.
En quart de finale, avec un nouveau doublé de Fontaine, la France se qualifie facilement en dominant l'Irlande du Nord (4:0). La demi-finale contre le Brésil débute par un exploit de Vava (2’) auquel répond Fontaine (9’), qui inflige son premier but à Gilmar. Mais, peu avant la pause les Bleus perdent leur capitaine Robert Jonquet, victime d'une fracture du péroné qui allait pourtant faire de la figuration sur le terrain jusqu'à la fin, les remplacements n'étant pas encore autorisés. Après le but de Didi, juste avant la mi-temps, Pelé faisait parler la poudre en réussissant un triplé en 25 minutes (5:2). Le prodige allait également faire la différence en finale (5:2) en devenant le plus jeune champion du monde.
Peu avant, la France et la RFA s’étaient donné rendez-vous pour la "petite finale" à Göteborg...
Le match
Les deux équipes s'alignaient avec toutes leurs vedettes. Fontaine totalisant déjà neuf buts, soit deux de moins que le recordman hongrois Sandor Kocsis, les Français décidaient d'orienter toutes leurs actions vers leur buteur maison. Dès la 16ème minute, le Rémois ouvrait la marque mais Hans Cieslarczyk égalisait deux minutes plus tard. Les 33 000 spectateurs de Göteborg étaient aux anges, face à cette véritable fête du football offensif. Un penalty de Raymond Kopa, un 11ème but de Fontaine et le premier d’Yvon Douis mettaient la France sur orbite.
La sixième réalisation de Rahn ne changeait rien à l'affaire, d'autant que Fontaine survolté frappait encore deux fois pour conclure le set et le match sur le score de 6:3. Grâce à ses 13 réalisations, il terminait meilleur buteur du tournoi et demeure encore le meilleur buteur d'une Coupe du Monde sur une édition, tout en occupant la quatrième place toutes Coupes du Monde confondues, derrière Ronaldo, Miroslav Klose et Gerd Müller. Comme l'Uruguay quatre ans plus tôt, le champion en titre terminait quatrième à l'édition suivante.
Le héros
Just Fontaine a inscrit au moins un but à chaque rencontre, performance qu'il partage avec Jairzinho. "Le classement du meilleur buteur, vous savez, à cette époque, tout le monde s'en fichait pas mal", se souvient-il. "J'ai marqué des buts parce que mon entente avec Kopa a tout de suite été bonne, parce qu'on était tous heureux d'être ensembles et que l'équipe pratiquait un football offensif. En six rencontres, nous avons tout de même marqué à 23 reprises. En six matches, j'ai dû effectuer 17 frappes : 13 buts, plus un tir sur le poteau, un autre sur la barre et deux arrêts de gardien. Vous le voyez, je n'en ai pas mis beaucoup à côté ! Peut-être un ou deux que j'ai oublié", précise Fontaine avant de d'insister : "J'ai disputé 213 matches en club et j'ai inscrit 200 buts. Si on fait la moyenne, c'est pas mal, non ?"
Pour la petite histoire, Fontaine a disputé tout le tournoi avec les chaussures de son équipier remplaçant Stéphane Bruey, qui avait la même pointure. A l'époque le paquetage français comportait uniquement deux paires de chaussures, mais Fontaine avait détérioré les siennes. Six rencontres et 13 buts plus tard il a rendu ses chaussures à Bruey : "Ça m'amuse de raconter que certains de mes buts ont été inspirés par l'addition de deux esprits à l'intérieur d'une même godasse", plaisante-t-il.
Entendu…
"Dans ma carrière j'ai marqué 30 buts en 21 sélections. Sans le moindre penalty. Ça aussi, c'est un record du monde" - Just Fontaine, attaquant de la France
"On ne saura jamais quel aurait été le résultat du match contre le Brésil si nous avions pu jouer à 11. Mais quand même, les deux meilleures équipes que le Brésil ait possédées étaient celles de 1958 et de 1970" - Roger Piantoni, attaquant de la France
Et après ?
Pour Just Fontaine, cette Coupe du Monde réussie n'aura pas de suite. L'attaquant vedette du Stade de Reims et de l'équipe de France est victime en mars 1960 d'une première double fracture tibia-péroné, puis une seconde en janvier 1961. Finalement il a dû mettre un terme à sa carrière le 5 juillet 1962 à l'âge de 27 ans.
Quatre ans plus tard, la France ne s’est qualifie pas pour la Coupe du Monde de la FIFA au Chili alors que la RFA, après avoir remporté son groupe, retrouvait la Yougoslavie pour la troisième fois consécutive en quart de finale. Mais cette fois, après les victoires de 1954 et 1958, elle était éliminée (1:0).
Fifa.com (25/04/2014)
Fontaine termine son festival en beauté
Deux joueurs ont marqué à jamais la sixième édition de la Coupe du Monde de la FIFA, Suède 1958™, la première édition diffusée par la télévision en mondovision. Edson Arantes do Nascimento n'avait encore que 17 ans et 235 jours mais derrière ce talentueux adolescent brésilien pointait déjà le futur Roi Pelé. Just Fontaine, de son côté, ne devait sa présence en Suède qu'au forfait au dernier moment de son coéquipier de Reims René Bliard. En quelques semaines, le Brésilien allait offrir à la Seleçao son premier trophée et le Français écrire une des plus belles pages de l'histoire du football.
La République Fédérale d’Allemagne arrivait en Suède en qualité de tenante du titre après son exploit en finale en 1954 contre la Hongrie (3:2), qui avait pourtant écrasé de son talent le match de groupe (8:3). La France pour sa part arrivait la première en Suède avec ses cannes à pêche et ses boules de pétanque "histoire de meubler les temps morts", se souvient Just Fontaine.
Les deux équipes allaient se retrouver pour la "petite finale" pour un match d’anthologie, l’un des plus beaux chapitres de la rivalité historiques entre les deux équipes. FIFA.com rouvre le livre d’histoire à la page du 28 juin 1958.
Le contexte
La RFA entrait bien dans le tournoi en remportant son groupe avec une solide victoire sur l'Argentine grâce à un doublé de l'incontournable Helmut Rahn, le héros de la finale de 1954, et une première réalisation d'Uwe Seeler qui disputait la première de ses quatre Coupes du Monde. Mais le rouleau compresseur allemand butait ensuite sur la Tchécoslovaquie (2:2) et même sur l'Irlande du Nord (2:2), malgré à chaque fois un but de Rahn. Puis en quart de finale, comme en Suisse quatre ans plus tôt, les Allemands battaient les Yougoslaves (1:0) grâce au cinquième but de Rahn, mais laissaient beaucoup de forces dans cette rencontre. Cinq jours plus tard, le 24 juin 1958 au Stade Ullevi de Göteborg, ils payaient cette débauche d'efforts en s'inclinant en demi-finale face à une équipe suédoise survoltée qui faisait la différence dans les neuf dernières minutes (3:1).
La France pour sa part débutait en fanfare avec un cinglant 7:3 contre le Paraguay, dont un triplé de Just Fontaine. L'ampleur de cette victoire allait jouer un rôle déterminant dans le classement final du Groupe B. En effet, lors de leur seconde rencontre et malgré un doublé de Fontaine, les Bleus s'inclinaient face à la Yougoslavie (2:3). "Malgré la défaite c'est certainement un des meilleurs matches que nous avons fait dans cette Coupe du Monde face à une grande équipe de Yougoslavie comportant des individualités de premier plan", se souvient Fontaine. Puis en battant l'Ecosse (2:1), la France, avec quatre points, s'assure la première place du groupe.
En quart de finale, avec un nouveau doublé de Fontaine, la France se qualifie facilement en dominant l'Irlande du Nord (4:0). La demi-finale contre le Brésil débute par un exploit de Vava (2’) auquel répond Fontaine (9’), qui inflige son premier but à Gilmar. Mais, peu avant la pause les Bleus perdent leur capitaine Robert Jonquet, victime d'une fracture du péroné qui allait pourtant faire de la figuration sur le terrain jusqu'à la fin, les remplacements n'étant pas encore autorisés. Après le but de Didi, juste avant la mi-temps, Pelé faisait parler la poudre en réussissant un triplé en 25 minutes (5:2). Le prodige allait également faire la différence en finale (5:2) en devenant le plus jeune champion du monde.
Peu avant, la France et la RFA s’étaient donné rendez-vous pour la "petite finale" à Göteborg...
Le match
Les deux équipes s'alignaient avec toutes leurs vedettes. Fontaine totalisant déjà neuf buts, soit deux de moins que le recordman hongrois Sandor Kocsis, les Français décidaient d'orienter toutes leurs actions vers leur buteur maison. Dès la 16ème minute, le Rémois ouvrait la marque mais Hans Cieslarczyk égalisait deux minutes plus tard. Les 33 000 spectateurs de Göteborg étaient aux anges, face à cette véritable fête du football offensif. Un penalty de Raymond Kopa, un 11ème but de Fontaine et le premier d’Yvon Douis mettaient la France sur orbite.
La sixième réalisation de Rahn ne changeait rien à l'affaire, d'autant que Fontaine survolté frappait encore deux fois pour conclure le set et le match sur le score de 6:3. Grâce à ses 13 réalisations, il terminait meilleur buteur du tournoi et demeure encore le meilleur buteur d'une Coupe du Monde sur une édition, tout en occupant la quatrième place toutes Coupes du Monde confondues, derrière Ronaldo, Miroslav Klose et Gerd Müller. Comme l'Uruguay quatre ans plus tôt, le champion en titre terminait quatrième à l'édition suivante.
Le héros
Just Fontaine a inscrit au moins un but à chaque rencontre, performance qu'il partage avec Jairzinho. "Le classement du meilleur buteur, vous savez, à cette époque, tout le monde s'en fichait pas mal", se souvient-il. "J'ai marqué des buts parce que mon entente avec Kopa a tout de suite été bonne, parce qu'on était tous heureux d'être ensembles et que l'équipe pratiquait un football offensif. En six rencontres, nous avons tout de même marqué à 23 reprises. En six matches, j'ai dû effectuer 17 frappes : 13 buts, plus un tir sur le poteau, un autre sur la barre et deux arrêts de gardien. Vous le voyez, je n'en ai pas mis beaucoup à côté ! Peut-être un ou deux que j'ai oublié", précise Fontaine avant de d'insister : "J'ai disputé 213 matches en club et j'ai inscrit 200 buts. Si on fait la moyenne, c'est pas mal, non ?"
Pour la petite histoire, Fontaine a disputé tout le tournoi avec les chaussures de son équipier remplaçant Stéphane Bruey, qui avait la même pointure. A l'époque le paquetage français comportait uniquement deux paires de chaussures, mais Fontaine avait détérioré les siennes. Six rencontres et 13 buts plus tard il a rendu ses chaussures à Bruey : "Ça m'amuse de raconter que certains de mes buts ont été inspirés par l'addition de deux esprits à l'intérieur d'une même godasse", plaisante-t-il.
Entendu…
"Dans ma carrière j'ai marqué 30 buts en 21 sélections. Sans le moindre penalty. Ça aussi, c'est un record du monde" - Just Fontaine, attaquant de la France
"On ne saura jamais quel aurait été le résultat du match contre le Brésil si nous avions pu jouer à 11. Mais quand même, les deux meilleures équipes que le Brésil ait possédées étaient celles de 1958 et de 1970" - Roger Piantoni, attaquant de la France
Et après ?
Pour Just Fontaine, cette Coupe du Monde réussie n'aura pas de suite. L'attaquant vedette du Stade de Reims et de l'équipe de France est victime en mars 1960 d'une première double fracture tibia-péroné, puis une seconde en janvier 1961. Finalement il a dû mettre un terme à sa carrière le 5 juillet 1962 à l'âge de 27 ans.
Quatre ans plus tard, la France ne s’est qualifie pas pour la Coupe du Monde de la FIFA au Chili alors que la RFA, après avoir remporté son groupe, retrouvait la Yougoslavie pour la troisième fois consécutive en quart de finale. Mais cette fois, après les victoires de 1954 et 1958, elle était éliminée (1:0).
Fifa.com (25/04/2014)
Re: Portraits et Histoire
Les bons mots de Johan Cruyff
Rares sont les joueurs qui ont gagné le droit de figurer aux côtés des Pelé, Franz Beckenbauer, Michel Platini et Diego Maradona au panthéon du football mondial. Johan Cruyff est de ceux-là, malgré un bilan relativement modeste en équipe nationale : aucun titre et une seule participation à la Coupe du Monde de la FIFA™. Mais le génial attaquant a marqué l'histoire du football par son extraordinaire talent et ses idées révolutionnaires.
Combattif, billant, arrogant et imprévisible, le Roi Johan est encore aujourd'hui considéré comme le meilleur footballeur néerlandais de tous les temps. Ce joueur agile, élégant et doté d'une technique exceptionnelle était passé maître dans l'art d'éviter tous les obstacles. Cruyff était à la fois meneur de jeu, ailier et buteur. Son sens du timing et sa qualité de passe restent une référence.
Sous son impulsion, les Pays-Bas ont atteint sans difficulté la finale de la Coupe du Monde de la FIFA, RFA 1974™. Les Oranje ont échoué aux portes de l'exploit, battus 2:1 par la Nationalmannschaft à l'issue d'une rencontre au cours de laquelle Berti Vogts a neutralisé Cruyff. Pourtant, cette édition porte la marque du football total pratiqué avec panache par la sélection néerlandaise. Malgré la défaite, Cruyff a logiquement été désigné meilleur joueur du tournoi. "Johan était le meilleur, mais c'est moi qui ai soulevé le Trophée", raconte Kaiser Franz Beckenbauer lorsqu'on l'interroge sur son duel avec le Roi Johan.
Cruyff a fait ses grands débuts en sélection en septembre 1966, à l'occasion d'un match contre la Hongrie. Il a disputé en tout 48 matches sous le maillot orange, avant d'annoncer sa retraite internationale en octobre 1977. Ses derniers exploits ont permis aux Pays-Bas d'arracher leur billet pour la Coupe du Monde 1978 en Argentine.
Son parcours en club a été beaucoup plus fourni. En 1971, 1972 et 1973, Cruyff a remporté trois fois de suite la Coupe d'Europe des Clubs Champions sous les couleurs de l'Ajax. Ce modeste fils d'un maraîcher a ensuite collectionné les titres avec le FC Barcelone et le Feyenoord Rotterdam. Il a définitivement raccroché les crampons en 1984, pour se lancer dans une carrière d'entraîneur riche en succès. Ses passages sur le banc de l'Ajax et du Barça ont laissé une trace indélébile.
Ce vendredi 25 avril, le mythique numéro 14 des Pays-Bas fête son 67ème anniversaire. Pour l'occasion, FIFA.com a rassemblé 14 de ses plus célèbres citations.
"Nous avons rappelé à tout le monde que le football était un plaisir. Nous avons ri et nous avons passé des moments extraordinaires. J'incarne une époque où le football offensif était synonyme de succès. Le plaisir était une notion fondamentale."
Cruyff résume son expérience internationale
"Un titre, c'est bien ; deux, c'est mieux. Mais à force de porter ses médailles, un héros finit par se fatiguer."
Cruyff, habitué au succès
"Les footballeurs qui jouent dans la rue sont plus importants que les entraîneurs diplômés."
Parole d'ancin joueur et entraîneur
"Chaque inconvénient a son avantage."
À quelque chose, malheur est bon, selon Cruyff
"Si nous avons le ballon, les autres ne peuvent pas marquer."
Cruyff revient aux fondamentaux
"Si tu es mené, tu dois faire entrer un défenseur."
Cruyff ne fait décidément rien comme tout le monde
"Si j'avais voulu que vous compreniez, je me serais exprimé plus clairement."
Cruyff ne facilite pas le travail des journalistes
"Avant de faire une erreur, je m'abstiens."
La perfection faite homme
"J'ai deux masseurs. L'un jouait en deuxième division, l'autre en troisième. Pourtant, ils peuvent tous les deux tirer des deux pieds. Qui dans mon équipe en est capable ? Pour moi, c'est une question de technique."
Cruyff n'est pas du genre à ménager ses joueurs
"Quand on prononce le nom de Cruyff, tout le monde sait de qui on parle."
Cruyff doit sans doute sa réputation d'arrogance à de telles déclarations
"Si tu ne peux pas gagner, essaye au moins de ne pas perdre."
Quand l'adversaire est trop fort, mieux vaut limiter les dégâts
"Le football est un jeu d'erreurs. Celui qui commet le moins d'erreurs gagne la partie."
Cruyff dévoile sa vision du jeu
"Qu'est-ce que la vitesse ? Les sportifs confondent souvent la vitesse d'action et la vitesse d'analyse. Si je commence ma course avant mon adversaire, c'est parce que j'ai compris ce qui se passait avant lui."
Avec Cruyff, il ne suffit pas de courir vite, il faut aussi de bons yeux
"Le hasard est logique."
Cruyff ne croit visiblement pas à la chance
Fifa.com (25/04/2014)
Rares sont les joueurs qui ont gagné le droit de figurer aux côtés des Pelé, Franz Beckenbauer, Michel Platini et Diego Maradona au panthéon du football mondial. Johan Cruyff est de ceux-là, malgré un bilan relativement modeste en équipe nationale : aucun titre et une seule participation à la Coupe du Monde de la FIFA™. Mais le génial attaquant a marqué l'histoire du football par son extraordinaire talent et ses idées révolutionnaires.
Combattif, billant, arrogant et imprévisible, le Roi Johan est encore aujourd'hui considéré comme le meilleur footballeur néerlandais de tous les temps. Ce joueur agile, élégant et doté d'une technique exceptionnelle était passé maître dans l'art d'éviter tous les obstacles. Cruyff était à la fois meneur de jeu, ailier et buteur. Son sens du timing et sa qualité de passe restent une référence.
Sous son impulsion, les Pays-Bas ont atteint sans difficulté la finale de la Coupe du Monde de la FIFA, RFA 1974™. Les Oranje ont échoué aux portes de l'exploit, battus 2:1 par la Nationalmannschaft à l'issue d'une rencontre au cours de laquelle Berti Vogts a neutralisé Cruyff. Pourtant, cette édition porte la marque du football total pratiqué avec panache par la sélection néerlandaise. Malgré la défaite, Cruyff a logiquement été désigné meilleur joueur du tournoi. "Johan était le meilleur, mais c'est moi qui ai soulevé le Trophée", raconte Kaiser Franz Beckenbauer lorsqu'on l'interroge sur son duel avec le Roi Johan.
Cruyff a fait ses grands débuts en sélection en septembre 1966, à l'occasion d'un match contre la Hongrie. Il a disputé en tout 48 matches sous le maillot orange, avant d'annoncer sa retraite internationale en octobre 1977. Ses derniers exploits ont permis aux Pays-Bas d'arracher leur billet pour la Coupe du Monde 1978 en Argentine.
Son parcours en club a été beaucoup plus fourni. En 1971, 1972 et 1973, Cruyff a remporté trois fois de suite la Coupe d'Europe des Clubs Champions sous les couleurs de l'Ajax. Ce modeste fils d'un maraîcher a ensuite collectionné les titres avec le FC Barcelone et le Feyenoord Rotterdam. Il a définitivement raccroché les crampons en 1984, pour se lancer dans une carrière d'entraîneur riche en succès. Ses passages sur le banc de l'Ajax et du Barça ont laissé une trace indélébile.
Ce vendredi 25 avril, le mythique numéro 14 des Pays-Bas fête son 67ème anniversaire. Pour l'occasion, FIFA.com a rassemblé 14 de ses plus célèbres citations.
"Nous avons rappelé à tout le monde que le football était un plaisir. Nous avons ri et nous avons passé des moments extraordinaires. J'incarne une époque où le football offensif était synonyme de succès. Le plaisir était une notion fondamentale."
Cruyff résume son expérience internationale
"Un titre, c'est bien ; deux, c'est mieux. Mais à force de porter ses médailles, un héros finit par se fatiguer."
Cruyff, habitué au succès
"Les footballeurs qui jouent dans la rue sont plus importants que les entraîneurs diplômés."
Parole d'ancin joueur et entraîneur
"Chaque inconvénient a son avantage."
À quelque chose, malheur est bon, selon Cruyff
"Si nous avons le ballon, les autres ne peuvent pas marquer."
Cruyff revient aux fondamentaux
"Si tu es mené, tu dois faire entrer un défenseur."
Cruyff ne fait décidément rien comme tout le monde
"Si j'avais voulu que vous compreniez, je me serais exprimé plus clairement."
Cruyff ne facilite pas le travail des journalistes
"Avant de faire une erreur, je m'abstiens."
La perfection faite homme
"J'ai deux masseurs. L'un jouait en deuxième division, l'autre en troisième. Pourtant, ils peuvent tous les deux tirer des deux pieds. Qui dans mon équipe en est capable ? Pour moi, c'est une question de technique."
Cruyff n'est pas du genre à ménager ses joueurs
"Quand on prononce le nom de Cruyff, tout le monde sait de qui on parle."
Cruyff doit sans doute sa réputation d'arrogance à de telles déclarations
"Si tu ne peux pas gagner, essaye au moins de ne pas perdre."
Quand l'adversaire est trop fort, mieux vaut limiter les dégâts
"Le football est un jeu d'erreurs. Celui qui commet le moins d'erreurs gagne la partie."
Cruyff dévoile sa vision du jeu
"Qu'est-ce que la vitesse ? Les sportifs confondent souvent la vitesse d'action et la vitesse d'analyse. Si je commence ma course avant mon adversaire, c'est parce que j'ai compris ce qui se passait avant lui."
Avec Cruyff, il ne suffit pas de courir vite, il faut aussi de bons yeux
"Le hasard est logique."
Cruyff ne croit visiblement pas à la chance
Fifa.com (25/04/2014)
Re: Portraits et Histoire
Bergkamp, Hollandais non-volant mais brillant
Bénéficier de la présence d'un mentor à ses débuts peut aider à lancer une carrière. Dennis Bergkamp a eu de la chance, il a profité des conseils d'une légende vivante en la personne de Johan Cruyff. Le Roi Johan, qui entraînait alors l'Ajax Amsterdam, n'a pas hésité à miser sur celui qu'il considérait comme un prodige. "Il fera son chemin, vous pouvez me croire", répondait l'ancienne star du FC Barcelone à ceux qui lui reprochaient d'avoir donné sa chance à un parfait inconnu de 17 ans.
La suite lui a évidemment donné raison. Grand supporter de Manchester United, le père de Dennis Bergkamp avait tenu à donner à son fils le prénom de l'une de ses idoles, l'Écossais Dennis Law. Au sein du prestigieux centre de formation de l'Ajax, le petit Dennis ne s'était pourtant jamais distingué par ses exploits balle au pied.
Cruyff est donc le premier à repérer quelque chose de particulier chez ce jeune joueur au parcours très discret.
Le stratège néerlandais lance son poulain dans le grand bain en le faisant entrer en deuxième mi-temps de la finale de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe 1987, remportée 1:0 face au Lokomotiv Leipzig. Deux saisons plus tard, la vision de Cruyff s'est définitivement imposée à tous. Cette année-là, les journalistes néerlandais élisent Bergkamp meilleur espoir du championnat. En 1991, il termine meilleur buteur de l'élite néerlandaise avec 25 réalisations, à égalité avec le Brésilien Romario. Séduit par ses qualités, le Real Madrid cherche à le recruter, mais l'intéressé décline la proposition. "Je ne suis pas encore prêt à vivre à l'étranger", répond simplement l'attaquant de 21 ans.
Gunner rime avec bonheur
Deux ans plus tard, son palmarès s'est considérablement enrichi : un titre de meilleur buteur d'Eredivisie, une Coupe UEFA et deux titres de joueur de l'année. Le Real Madrid, le FC Barcelone, la Juventus et l'AC Milan sont à ses pieds et, cette fois, il se sent prêt à franchir le pas. Il choisit finalement l'Inter Milan en 1993 où son arrivée aux côtés de Wim Jonk annonce le début d'une nouvelle ère. Malheureusement, Bergkamp peine à s'adapter aux rigueurs du football italien. Deux ans plus tard, il quitte la Lombardie pour rejoindre Arsenal.
À Londres, il retrouve la joie de jouer et entre définitivement dans la légende. En 11 ans, il dispute 423 matches avec les Gunners, inscrit 120 buts et remporte neuf titres. Grâce à ses qualités techniques, Bergkamp brille comme ailier, avant de se reconvertir au poste d'avant-centre puis de numéro dix. "Tout le monde sait qu'Arsenal est un club cher à mon cœur. J'ai vécu des choses fantastiques avec cette équipe", confie Bergkamp en février 2014 lors de l'inauguration d'une statue à son effigie devant l'Emirates Stadium. "C'est un honneur. Aujourd'hui, je ressens un grande fierté."
Sa carrière internationale s'est révélée tout aussi riche. Ses débuts contre l'Italie (0:1) au lendemain de la Coupe du Monde de la FIFA 1990™ marquent le début d'une longue et belle histoire sous le maillot oranje, rythmée par deux qualifications pour l'épreuve suprême et trois autres pour l'UEFA EURO. Il inscrit 37 buts en 79 sélections, effaçant ainsi des tablettes le record de Faas Wilkes, avant d'être lui-même surpassé par Patrick Kluivert. "Quand Bergkamp joue bien, les Pays-Bas jouent bien ; quand Bergkamp joue mieux, les Pays-Bas jouent mieux", écrit le Süddeutsche Zeitung. Le compliment vaut son pesant d'or, surtout si l'on se souvient que Marco van Basten, Ruud Gullit ou Frank Rijkaard ont évolué à ses côtés en équipe nationale.
Phobie et anthologie
Au début de l'année 1997, Bergkamp demande au sélectionneur Guus Hiddink de ne pas l'appeler pour deux matches de qualification pour la Coupe du Monde en Turquie et à Saint-Marin. La raison de cette requête inhabituelle fait vite le tour du monde : l'attaquant a très peur de prendre l'avion. Lorsque les Gunners jouent à l'extérieur, il se déplace en voiture, en bus ou en train. Cette phobie du transport aérien lui vaut le surnom de non-flying Dutchman ("le Hollandais non-volant").
Tout le monde se souvient encore de son but contre l'Argentine (2:1), en quart de finale de la Coupe du Monde 1998. Cette action d'anthologie est l'une des actions les plus spectaculaires de l'histoire du tournoi. Après avoir parfaitement contrôlé une longue passe en profondeur de Frank de Boer en pleine surface adverse, Bergkamp réalise un petit pont sur Roberto Ayala et glisse le ballon dans la lucarne du but de Carlos Roa d'une magnifique frappe de l'extérieur du droit. "Jusque-là, Dennis n'avait pas fait un grand match mais nous savions qu'il pouvait faire la différence à tout moment", assure De Boer à l'issue de la partie. Deux ans plus tard, les Pays-Bas échouent en demi-finale de l'EURO organisé sur leurs terres. Déçu, Bergkamp annonce sa retraite internationale. À 31 ans, il préfère se concentrer sur son club.
Tout au long de son parcours, Bergkamp a accumulé plus de 30 trophées et récompenses individuelles. Il est aussi apprécié pour ses exploits sur le terrain que pour sa gentillesse en dehors. Il est à ce jour le seul Néerlandais à figurer dans le Hall of Fame de la Premier League anglaise. "Bergkamp est le meilleur partenaire que j'ai jamais eu", confiait Thierry Henry. Les paroles du champion du monde 1998 ont du poids, quand on se souvient qu'il a joué avec des champions de la trempe d'Alessandro del Piero ou Zinedine Zidane.
S'il n'a finalement rien remporté avec l'équipe nationale, Dennis Bergkamp a bien gagné le droit de figurer aux côtés des plus grands dans l'histoire du football néerlandais. Il y rejoint celui qui a fait débuter l'histoire, un certain Johan Cruyff...
Fifa.com (21/05/2014)
Bénéficier de la présence d'un mentor à ses débuts peut aider à lancer une carrière. Dennis Bergkamp a eu de la chance, il a profité des conseils d'une légende vivante en la personne de Johan Cruyff. Le Roi Johan, qui entraînait alors l'Ajax Amsterdam, n'a pas hésité à miser sur celui qu'il considérait comme un prodige. "Il fera son chemin, vous pouvez me croire", répondait l'ancienne star du FC Barcelone à ceux qui lui reprochaient d'avoir donné sa chance à un parfait inconnu de 17 ans.
La suite lui a évidemment donné raison. Grand supporter de Manchester United, le père de Dennis Bergkamp avait tenu à donner à son fils le prénom de l'une de ses idoles, l'Écossais Dennis Law. Au sein du prestigieux centre de formation de l'Ajax, le petit Dennis ne s'était pourtant jamais distingué par ses exploits balle au pied.
Cruyff est donc le premier à repérer quelque chose de particulier chez ce jeune joueur au parcours très discret.
Le stratège néerlandais lance son poulain dans le grand bain en le faisant entrer en deuxième mi-temps de la finale de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe 1987, remportée 1:0 face au Lokomotiv Leipzig. Deux saisons plus tard, la vision de Cruyff s'est définitivement imposée à tous. Cette année-là, les journalistes néerlandais élisent Bergkamp meilleur espoir du championnat. En 1991, il termine meilleur buteur de l'élite néerlandaise avec 25 réalisations, à égalité avec le Brésilien Romario. Séduit par ses qualités, le Real Madrid cherche à le recruter, mais l'intéressé décline la proposition. "Je ne suis pas encore prêt à vivre à l'étranger", répond simplement l'attaquant de 21 ans.
Gunner rime avec bonheur
Deux ans plus tard, son palmarès s'est considérablement enrichi : un titre de meilleur buteur d'Eredivisie, une Coupe UEFA et deux titres de joueur de l'année. Le Real Madrid, le FC Barcelone, la Juventus et l'AC Milan sont à ses pieds et, cette fois, il se sent prêt à franchir le pas. Il choisit finalement l'Inter Milan en 1993 où son arrivée aux côtés de Wim Jonk annonce le début d'une nouvelle ère. Malheureusement, Bergkamp peine à s'adapter aux rigueurs du football italien. Deux ans plus tard, il quitte la Lombardie pour rejoindre Arsenal.
À Londres, il retrouve la joie de jouer et entre définitivement dans la légende. En 11 ans, il dispute 423 matches avec les Gunners, inscrit 120 buts et remporte neuf titres. Grâce à ses qualités techniques, Bergkamp brille comme ailier, avant de se reconvertir au poste d'avant-centre puis de numéro dix. "Tout le monde sait qu'Arsenal est un club cher à mon cœur. J'ai vécu des choses fantastiques avec cette équipe", confie Bergkamp en février 2014 lors de l'inauguration d'une statue à son effigie devant l'Emirates Stadium. "C'est un honneur. Aujourd'hui, je ressens un grande fierté."
Sa carrière internationale s'est révélée tout aussi riche. Ses débuts contre l'Italie (0:1) au lendemain de la Coupe du Monde de la FIFA 1990™ marquent le début d'une longue et belle histoire sous le maillot oranje, rythmée par deux qualifications pour l'épreuve suprême et trois autres pour l'UEFA EURO. Il inscrit 37 buts en 79 sélections, effaçant ainsi des tablettes le record de Faas Wilkes, avant d'être lui-même surpassé par Patrick Kluivert. "Quand Bergkamp joue bien, les Pays-Bas jouent bien ; quand Bergkamp joue mieux, les Pays-Bas jouent mieux", écrit le Süddeutsche Zeitung. Le compliment vaut son pesant d'or, surtout si l'on se souvient que Marco van Basten, Ruud Gullit ou Frank Rijkaard ont évolué à ses côtés en équipe nationale.
Phobie et anthologie
Au début de l'année 1997, Bergkamp demande au sélectionneur Guus Hiddink de ne pas l'appeler pour deux matches de qualification pour la Coupe du Monde en Turquie et à Saint-Marin. La raison de cette requête inhabituelle fait vite le tour du monde : l'attaquant a très peur de prendre l'avion. Lorsque les Gunners jouent à l'extérieur, il se déplace en voiture, en bus ou en train. Cette phobie du transport aérien lui vaut le surnom de non-flying Dutchman ("le Hollandais non-volant").
Tout le monde se souvient encore de son but contre l'Argentine (2:1), en quart de finale de la Coupe du Monde 1998. Cette action d'anthologie est l'une des actions les plus spectaculaires de l'histoire du tournoi. Après avoir parfaitement contrôlé une longue passe en profondeur de Frank de Boer en pleine surface adverse, Bergkamp réalise un petit pont sur Roberto Ayala et glisse le ballon dans la lucarne du but de Carlos Roa d'une magnifique frappe de l'extérieur du droit. "Jusque-là, Dennis n'avait pas fait un grand match mais nous savions qu'il pouvait faire la différence à tout moment", assure De Boer à l'issue de la partie. Deux ans plus tard, les Pays-Bas échouent en demi-finale de l'EURO organisé sur leurs terres. Déçu, Bergkamp annonce sa retraite internationale. À 31 ans, il préfère se concentrer sur son club.
Tout au long de son parcours, Bergkamp a accumulé plus de 30 trophées et récompenses individuelles. Il est aussi apprécié pour ses exploits sur le terrain que pour sa gentillesse en dehors. Il est à ce jour le seul Néerlandais à figurer dans le Hall of Fame de la Premier League anglaise. "Bergkamp est le meilleur partenaire que j'ai jamais eu", confiait Thierry Henry. Les paroles du champion du monde 1998 ont du poids, quand on se souvient qu'il a joué avec des champions de la trempe d'Alessandro del Piero ou Zinedine Zidane.
S'il n'a finalement rien remporté avec l'équipe nationale, Dennis Bergkamp a bien gagné le droit de figurer aux côtés des plus grands dans l'histoire du football néerlandais. Il y rejoint celui qui a fait débuter l'histoire, un certain Johan Cruyff...
Fifa.com (21/05/2014)
Re: Portraits et Histoire
Carlos Alberto
Carlos Alberto Torres, né capitaine
Il devrait y avoir de nombreuses manières de définir un joueur comme Carlos Alberto Torres. Pourtant, il semble n'en exister qu'une seule, qui éclipse toutes les autres possibilités : il est le capitaine de l'équipe du Brésil devenue championne du monde pour la troisième fois. Après tout, c'est compréhensible : difficile d'imaginer une scène plus emblématique que celle où l'homme au brassard soulève la coupe Jules Rimet qui, de fait, revient définitivement au Brésil.
Mais la question, ici, est tout autre. Nous sommes tous tellement habitués à la scène où la figure imposante de Carlos Alberto, brassard autour du bras, soulève le trophée comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, que l'on s'arrête rarement pour se demander ce que cela signifie. Car il ne faut pas oublier que la Coupe du Monde de la FIFA 1970™ est la première disputée par le latéral droit brésilien, qui n'a que 25 ans à l'époque. Dans le onze de départ auriverde, cinq joueurs sont plus âgés que lui, à l'image de Gérson, patron du milieu de terrain et que l'on avait surnommé "Papagaio" - le perroquet - tant il donnait de consignes à ses coéquipiers. Il y avait également un certain Pelé, déjà deux fois champion du monde et sur le point de souffler ses 30 bougies. Dans ce contexte, comment le brassard a-t-il pu revenir à Carlos Alberto ? FIFA.com a eu le privilège d'obtenir la réponse de l'intéressé lui-même.
"Beaucoup de gens me posent la question : 'Comment se fait-il que vous étiez capitaine alors qu'il y avait Pelé dans l'équipe ?'. Nous étions ensemble au Santos. J'ai joué 11 années dans ce club, dont dix comme coéquipier de Pelé. En 1967, le grand leader de l'équipe du Santos était le capitaine Zito, milieu de terrain et champion du monde en 1958 et 1962. Zito a mis un terme à sa carrière fin 1967. Les dirigeants du Santos ont alors commencé à chercher qui, dans l'équipe, pourrait être capitaine. À chaque match, ils confiaient le brassard à un joueur différent. J'étais quelqu'un d'assez extraverti sur le terrain et je crois que c'est pour ça qu'ils m'ont choisi, au début de l'année 1968. J'avais 23 ans et je me retrouvais donc capitaine de l'équipe qui était alors considérée comme la meilleure du Brésil, beaucoup de gens disaient même la meilleure du monde. Il ne faut pas oublier qu'elle était composée de pas mal de champions du monde, comme Pelé, Coutinho, Pepe, Gilmar, Mauro... Je suis absolument certain que c'est parce que j'étais capitaine du Santos que je l'ai été avec la Seleção. En 1968, l'équipe du Brésil a fait une tournée en Europe et on m'a confié le brassard de capitaine. Aujourd'hui encore, je suis le capitaine le plus jeune d'une sélection championne du monde. C'est un immense motif de fierté."
Leader… et grand joueur
Expliquées ainsi, les choses paraissent tout à fait naturelles. Et dans le cas de Carlos Alberto, elles le sont effectivement, en ce sens qu'il possédait de manière innée les qualités pour être ce que d'autres personnes mettent des années à devenir : un leader. Il ne s'agit pas simplement de beaucoup parler et d'être "extraverti", comme il nous l'a dit avec beaucoup d'humilité, mais de faire que ses mots aient une crédibilité immédiate. Adolescent déjà, Carlos Alberto avait montré des dispositions précoces au rôle de leader. Lors de l'un de ses premiers matches pour le compte de Fluminense, il avait réprimandé vertement le gardien vétéran Castilho, idole du club.
Cette crédibilité reposait sur un élément essentiel, allant bien au-delà de la simple "forte personnalité" : Carlos Alberto Torres maniait très bien le ballon. Exceptionnellement bien même. Lorsqu'il fait ses débuts professionnels avec Fluminense, c'est pour prendre la succession d'un monument en la personne de Djalma Santos. En 1964, à 20 ans, Carlos Alberto entre en sélection. "J'aurais dû disputer ma première Coupe du Monde en 1966, car j'étais titulaire en Seleção à ce moment-là. J'ai été titulaire dans pratiquement tous les matches de préparation et de façon assez inexplicable, je n'ai pas été retenu. Ce fut une très grande déception, mais en même temps une grosse source de motivation pour revenir encore plus fort, comme titulaire… et capitaine."
Tout le respect qui entoure le nom de Carlos Alberto, en fin de compte, se résume à une réalité : l'homme était un très grand footballeur, l'un des plus grands arrières latéraux de l'histoire. Pelé, dans son autobiographie, parle souvent de son ancien coéquipier du Santos et de la Seleção. Le plus grand joueur de football de tous les temps écrit notamment une chose qui en dit beaucoup sur le respect qu'il avait pour les compétences techniques du Capita : "Avec mon fils Edinho - qui a été gardien de but professionnel-, j'avais l'habitude de faire un petit jeu : je lui tirais dix penalties et ensuite, c'était à son tour de m'en tirer dix. Il ne m'a jamais battu. Même chose en équipe nationale. Je n'ai jamais perdu à ce jeu sauf une fois : contre Carlos Alberto, qui était un maître dans l'exercice de penalties".
Le jeune capitaine du Santos était également le frappeur de penalties officiel de l'équipe. Tout le monde se souvient du millième but de Pelé, inscrit contre le Vasco au Maracanã en 1969. S'il ne s'était agi d'une occasion historique, O Rei ne l'aurait pas frappé, car la responsabilité de convertir la sentence appartenait à Carlos Alberto.
Vingt minutes de gloire
Carlos Alberto a également laissé son empreinte dans l'évolution du poste qu'il occupait. Certes, le concept de l'arrière latéral offensif, aujourd'hui très répandu, n'est pas né avec lui. Cela dit, il a largement contribué à le faire évoluer. Le 21 juin 1970 au stade Azteca, le capitaine brésilien en a donné un exemple éclatant en inscrivant le dernier but de la victoire 4:1 face à l'Italie, en conclusion d'une action proprement extraterrestre.
"Cette frappe est venue d'un ballon récupéré par Tostão, qui était revenu sur le côté gauche", raconte-t-il à FIFA.com. "Il passe à Piazza, Piazza pour Gérson, Gérson pour Clodoaldo. À ce moment du match, nous gagnons 3:1 et nous essayons simplement de faire circuler le ballon pendant que le temps s'écoule. J'étais derrière, fatigué, et franchement, je n'attendais qu'une chose : que l'arbitre siffle la fin du match. Clodoaldo dribble trois joueurs, donne le ballon sur l'aile gauche à destination de Rivellino. C'est alors que je me suis souvenu de la consigne de Zagallo, qui avait dit d'insister sur le côté gauche. C'est vrai que c'était complètement ouvert de ce côté-là. Il y avait Jairzinho, qui était suivi par Giacinto Facchetti. C'est là que je me suis dit que si le ballon allait à Jairzinho et que je sentais qu'il allait transmettre à Pelé, je ferais l'effort, car je savais que Pelé essaierait de me trouver. C'est exactement ce qui s'est passé. J'ai trouvé la force de sprinter sur 50 mètres et je me suis retrouvé en position idéale pour marquer."
À une époque où le football était moins mondialisé, Carlos Alberto n'a disputé qu'une seule Coupe du Monde et n'a probablement pas obtenu la reconnaissance que méritaient ses 19 ans de carrière. Mais qu'importe. Il aura connu 20 minutes de gloire, le temps qui sépare son but, l'un des plus beaux de l'histoire de la compétition, du moment où il a soulevé le trophée, dans ce qui reste l'une des célébrations les plus marquantes de la Coupe du Monde. "Quand j'ai reçu la coupe, comme capitaine, j'ai eu l'instinct de l'embrasser. J'ai ensuite appris que j'avais été le premier à faire ça : embrasser le trophée avant de le soulever. Ce fut une chose instinctive. Je n'y avais pas pensé avant, c'est venu comme ça. Ça reste un moment inoubliable. Aujourd'hui, quand je voyage dans le monde, les gens me reparlent sans arrêt de ce quatrième but contre l'Italie et du moment où je soulève la coupe Jules Rimet."
Tous ceux qui l'ont vu en action le savent bien : Carlos Alberto est bien plus que cela. Mais il était né pour être capitaine et, réductionnisme aidant, c'est cela que l'histoire a retenu.
Fifa.com (31/05/2014)
Carlos Alberto Torres, né capitaine
Il devrait y avoir de nombreuses manières de définir un joueur comme Carlos Alberto Torres. Pourtant, il semble n'en exister qu'une seule, qui éclipse toutes les autres possibilités : il est le capitaine de l'équipe du Brésil devenue championne du monde pour la troisième fois. Après tout, c'est compréhensible : difficile d'imaginer une scène plus emblématique que celle où l'homme au brassard soulève la coupe Jules Rimet qui, de fait, revient définitivement au Brésil.
Mais la question, ici, est tout autre. Nous sommes tous tellement habitués à la scène où la figure imposante de Carlos Alberto, brassard autour du bras, soulève le trophée comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, que l'on s'arrête rarement pour se demander ce que cela signifie. Car il ne faut pas oublier que la Coupe du Monde de la FIFA 1970™ est la première disputée par le latéral droit brésilien, qui n'a que 25 ans à l'époque. Dans le onze de départ auriverde, cinq joueurs sont plus âgés que lui, à l'image de Gérson, patron du milieu de terrain et que l'on avait surnommé "Papagaio" - le perroquet - tant il donnait de consignes à ses coéquipiers. Il y avait également un certain Pelé, déjà deux fois champion du monde et sur le point de souffler ses 30 bougies. Dans ce contexte, comment le brassard a-t-il pu revenir à Carlos Alberto ? FIFA.com a eu le privilège d'obtenir la réponse de l'intéressé lui-même.
"Beaucoup de gens me posent la question : 'Comment se fait-il que vous étiez capitaine alors qu'il y avait Pelé dans l'équipe ?'. Nous étions ensemble au Santos. J'ai joué 11 années dans ce club, dont dix comme coéquipier de Pelé. En 1967, le grand leader de l'équipe du Santos était le capitaine Zito, milieu de terrain et champion du monde en 1958 et 1962. Zito a mis un terme à sa carrière fin 1967. Les dirigeants du Santos ont alors commencé à chercher qui, dans l'équipe, pourrait être capitaine. À chaque match, ils confiaient le brassard à un joueur différent. J'étais quelqu'un d'assez extraverti sur le terrain et je crois que c'est pour ça qu'ils m'ont choisi, au début de l'année 1968. J'avais 23 ans et je me retrouvais donc capitaine de l'équipe qui était alors considérée comme la meilleure du Brésil, beaucoup de gens disaient même la meilleure du monde. Il ne faut pas oublier qu'elle était composée de pas mal de champions du monde, comme Pelé, Coutinho, Pepe, Gilmar, Mauro... Je suis absolument certain que c'est parce que j'étais capitaine du Santos que je l'ai été avec la Seleção. En 1968, l'équipe du Brésil a fait une tournée en Europe et on m'a confié le brassard de capitaine. Aujourd'hui encore, je suis le capitaine le plus jeune d'une sélection championne du monde. C'est un immense motif de fierté."
Leader… et grand joueur
Expliquées ainsi, les choses paraissent tout à fait naturelles. Et dans le cas de Carlos Alberto, elles le sont effectivement, en ce sens qu'il possédait de manière innée les qualités pour être ce que d'autres personnes mettent des années à devenir : un leader. Il ne s'agit pas simplement de beaucoup parler et d'être "extraverti", comme il nous l'a dit avec beaucoup d'humilité, mais de faire que ses mots aient une crédibilité immédiate. Adolescent déjà, Carlos Alberto avait montré des dispositions précoces au rôle de leader. Lors de l'un de ses premiers matches pour le compte de Fluminense, il avait réprimandé vertement le gardien vétéran Castilho, idole du club.
Cette crédibilité reposait sur un élément essentiel, allant bien au-delà de la simple "forte personnalité" : Carlos Alberto Torres maniait très bien le ballon. Exceptionnellement bien même. Lorsqu'il fait ses débuts professionnels avec Fluminense, c'est pour prendre la succession d'un monument en la personne de Djalma Santos. En 1964, à 20 ans, Carlos Alberto entre en sélection. "J'aurais dû disputer ma première Coupe du Monde en 1966, car j'étais titulaire en Seleção à ce moment-là. J'ai été titulaire dans pratiquement tous les matches de préparation et de façon assez inexplicable, je n'ai pas été retenu. Ce fut une très grande déception, mais en même temps une grosse source de motivation pour revenir encore plus fort, comme titulaire… et capitaine."
Tout le respect qui entoure le nom de Carlos Alberto, en fin de compte, se résume à une réalité : l'homme était un très grand footballeur, l'un des plus grands arrières latéraux de l'histoire. Pelé, dans son autobiographie, parle souvent de son ancien coéquipier du Santos et de la Seleção. Le plus grand joueur de football de tous les temps écrit notamment une chose qui en dit beaucoup sur le respect qu'il avait pour les compétences techniques du Capita : "Avec mon fils Edinho - qui a été gardien de but professionnel-, j'avais l'habitude de faire un petit jeu : je lui tirais dix penalties et ensuite, c'était à son tour de m'en tirer dix. Il ne m'a jamais battu. Même chose en équipe nationale. Je n'ai jamais perdu à ce jeu sauf une fois : contre Carlos Alberto, qui était un maître dans l'exercice de penalties".
Le jeune capitaine du Santos était également le frappeur de penalties officiel de l'équipe. Tout le monde se souvient du millième but de Pelé, inscrit contre le Vasco au Maracanã en 1969. S'il ne s'était agi d'une occasion historique, O Rei ne l'aurait pas frappé, car la responsabilité de convertir la sentence appartenait à Carlos Alberto.
Vingt minutes de gloire
Carlos Alberto a également laissé son empreinte dans l'évolution du poste qu'il occupait. Certes, le concept de l'arrière latéral offensif, aujourd'hui très répandu, n'est pas né avec lui. Cela dit, il a largement contribué à le faire évoluer. Le 21 juin 1970 au stade Azteca, le capitaine brésilien en a donné un exemple éclatant en inscrivant le dernier but de la victoire 4:1 face à l'Italie, en conclusion d'une action proprement extraterrestre.
"Cette frappe est venue d'un ballon récupéré par Tostão, qui était revenu sur le côté gauche", raconte-t-il à FIFA.com. "Il passe à Piazza, Piazza pour Gérson, Gérson pour Clodoaldo. À ce moment du match, nous gagnons 3:1 et nous essayons simplement de faire circuler le ballon pendant que le temps s'écoule. J'étais derrière, fatigué, et franchement, je n'attendais qu'une chose : que l'arbitre siffle la fin du match. Clodoaldo dribble trois joueurs, donne le ballon sur l'aile gauche à destination de Rivellino. C'est alors que je me suis souvenu de la consigne de Zagallo, qui avait dit d'insister sur le côté gauche. C'est vrai que c'était complètement ouvert de ce côté-là. Il y avait Jairzinho, qui était suivi par Giacinto Facchetti. C'est là que je me suis dit que si le ballon allait à Jairzinho et que je sentais qu'il allait transmettre à Pelé, je ferais l'effort, car je savais que Pelé essaierait de me trouver. C'est exactement ce qui s'est passé. J'ai trouvé la force de sprinter sur 50 mètres et je me suis retrouvé en position idéale pour marquer."
À une époque où le football était moins mondialisé, Carlos Alberto n'a disputé qu'une seule Coupe du Monde et n'a probablement pas obtenu la reconnaissance que méritaient ses 19 ans de carrière. Mais qu'importe. Il aura connu 20 minutes de gloire, le temps qui sépare son but, l'un des plus beaux de l'histoire de la compétition, du moment où il a soulevé le trophée, dans ce qui reste l'une des célébrations les plus marquantes de la Coupe du Monde. "Quand j'ai reçu la coupe, comme capitaine, j'ai eu l'instinct de l'embrasser. J'ai ensuite appris que j'avais été le premier à faire ça : embrasser le trophée avant de le soulever. Ce fut une chose instinctive. Je n'y avais pas pensé avant, c'est venu comme ça. Ça reste un moment inoubliable. Aujourd'hui, quand je voyage dans le monde, les gens me reparlent sans arrêt de ce quatrième but contre l'Italie et du moment où je soulève la coupe Jules Rimet."
Tous ceux qui l'ont vu en action le savent bien : Carlos Alberto est bien plus que cela. Mais il était né pour être capitaine et, réductionnisme aidant, c'est cela que l'histoire a retenu.
Fifa.com (31/05/2014)
Re: Portraits et Histoire
Joueurs de légende
La révolution selon Socrates
La première chose que les supporters de Botafogo ont remarqué, c'est évidemment sa taille. Un rien dégingandé, le jeune homme de 17 ans culmine à près d'un mètre 90. Mais en le voyant toucher le ballon pour la première fois, ils ont immédiatement oublié son apparence inhabituelle. L'adolescent est beaucoup plus rapide qu'il n'y paraît, il sent le jeu comme personne et il ne doute de rien, comme en témoignent ses talonnades insolentes.
Des années plus tard, la légende du Brésil expliquera dans le livre Recados da Bola ("Histoires de ballon") écrit par Jorge Vasconcellos avoir développé cet aspect de son jeu davantage par souci de protection qu'en raison d'un quelconque sentiment artistique. "Quand je suis arrivé à Botafogo, j'étais loin d'être aussi puissant que mes adversaires. Je me suis retrouvé en face de joueurs très bien entraînés et j'ai dû travailler d'autres points forts pour m'en sortir."
"J'ai très vite eu l'idée de jouer à une touche de balle. Dès que je recevais le ballon, je le passais à un coéquipier. Je savais que je n'avais aucune chance dans un duel physique. Mon corps n'était pas fait pour ça. J'étais grand et maigre. J'utilisais tout ce que je pouvais pour transmettre le ballon le plus vite possible : mon dos, mon genou, mon coude ou mon talon, qui est rapidement devenu ma marque de fabrique. C'était avant tout une question de survie. En cherchant à contourner un problème, je suis devenu un bien meilleur footballeur."
En l'espace de quelques années, la finesse du toucher de balle de Socrates est devenue célèbre dans le monde entier. Parallèlement, sa vivacité d'esprit et son intelligence lui ont permis de briller dans d'autres domaines, loin des terrains. Au début des années 80, il obtient son diplôme de médecin. Les supporters des Corinthians et du Brésil lui vouent un véritable culte. Dans ce contexte, il n'hésite pas à peser de tout son poids pour étendre son influence bien au-delà des frontières du rectangle vert.
Alors que le Brésil vit sous la coupe d'une dictature militaire, Socrates prend la tête de la démocratie corinthienne, l'un des plus grands mouvements révolutionnaires de l'histoire du football. Il s'exprime en faveur du mouvement Diretas Já ("des élections libres maintenant") et prouve par la même occasion qu'il est désormais bien plus qu'un simple footballeur ; il est devenu un personnage clé de la société brésilienne.
"Socrates est un joueur unique dans l'histoire du football brésilien", estime Juca Kfouri, l'une des grandes plumes du journalisme sportif du pays, dans le film Ser Campeão é Detalhe : A Democracia Corinthiana ("Gagner n'est pas tout : la démocratie corinthienne"). "Je ne dis pas qu'il était le meilleur. Rien qu'aux Corinthians, Rivelino était certainement plus doué. Pourtant, il n'a jamais eu son pareil, que ce soit en club ou en sélection."
Socrates le révolutionnaire
Socrates est un joueur créatif et très impliqué politiquement. Il a un temps d'avance. Très jeune, il se distingue de ses contemporains. À Botafogo, il parvient à convaincre ses dirigeants qu'il est capable de mener de front sa carrière de footballeur et des études médicales qu'il semble bien décidé à terminer.
Ses séances d'entraînement allégées ne l'empêchent pas de poursuivre sa progression. Il apparaît bien vite que les responsables du club ont fait le bon choix en autorisant leur prodige à poursuivre ses études. Quelques années plus tard, il quitte O Fogão avec son diplôme en poche et un statut d'icône. Il s'engage chez les Corinthians et, dans la foulée, reçoit une convocation pour disputer la Coupe du Monde de la FIFA, Espagne 1982™ avec la Seleção.
Promu capitaine par Tele Santana, Socrates forme un trio de génie avec Zico et Falcao. Les trois hommes sèment la panique dans les rangs adverses grâce à leur fluidité et à leur incroyable vitesse d'exécution, ponctuée d'innombrables talonnades. Malgré deux réalisations somptueuses contre l'URSS et l'Italie, il quitte la compétition en larmes. Comme tous ses compatriotes, le génie vit la défaite contre l'Italie de Paolo Rossi comme un véritable camouflet.
"Je ne me suis jamais senti aussi perdu que durant ces 30 jours", confiera t-il plus tard. Il peut toutefois se consoler en considérant qu'il laisse une marque indélébile dans l'histoire du football, en tant que meneur d'un groupe qui a su proposer un jeu chatoyant et associer quelques-uns des plus grands artistes de l'histoire du football brésilien. "Cette équipe est l'une des plus belles qui n'a jamais gagné la Coupe du Monde. C'est une tragédie qui a sans doute contribué à nourrir la légende de cette sélection."
Socrates l'innovateur
Au sein de cette équipe inoubliable, il développe les idées qui contribueront par la suite à déconstruire certains mythes du football brésilien. Il est aidé dans cette tâche par les liens étroits qu'il tisse avec d'autres fortes personnalités et par la liberté que Santana accorde à son groupe. "Il était plutôt conservateur, mais c'était aussi l'entraîneur le plus démocrate que j'ai rencontré", dira de lui Socrates dans un entretien accordé à ESPN Magazine. "Il n'imposait jamais une formation ou un style de jeu. Il laissait l'équipe décider pour elle-même."
Aux côtés de Casagrande, Zenon et Wladimir, il applique la même philosophie révolutionnaire aux Corinthians pour créer un système dans lequel les employés du club et les joueurs participent à toutes les décisions, du choix de l'heure des entraînements et des vols en passant par la fin des mises au vert. Les dirigeants prennent le risque de le suivre dans cette démarche audacieuse.
"Nous pensions différemment et nous n'acceptions pas la façon dont les choses se faisaient", soulignait Socrates. "Pourtant, nous n'aurions jamais imaginé lancer une révolution. Tout le monde disposait du même droit de vote. Le responsable des maillots et le masseur pesaient autant que le président. L'avis du troisième gardien comptait autant que le mien, alors que j'étais à l'époque le seul international. C'était tout simplement magnifique".
Entre 1982 et 1984, la démocratie corinthienne de Socrates décroche par deux fois le titre de champion de l'État de São Paulo. Mais elle remporte son plus grand succès loin des terrains. Les stars du club s'adressent désormais à une audience qui dépasse largement le cadre du football. Socrates prend la parole lors de plusieurs réunions en faveur du mouvement Diretas Já. Il annonce même qu'il ne rejoindra pas la Fiorentina si les dirigeants du club renoncent aux changements mis en place à son initiative. Finalement, le système est maintenu et l'international part tenter sa chance en Italie.
Un héritage intact
Mais l'expérience tourne court. "C'était en réaction à la politique du pays. Je ne me sentais pas bien du tout là-bas. J'ai passé une mauvaise année à Florence et je suis rentré à la maison. Ma vie a toujours été au Brésil." À 31 ans, il porte tour à tour les couleurs de Flamengo et de Santos. En 1986, Santana le convoque à nouveau pour participer à l'épreuve suprême mais, cette fois, le parcours du Brésil est interrompu par une défaite aux tirs au but en quart de finale, contre la France.
Le temps a passé depuis sa disparition en décembre 2011 mais l'héritage de Socrates reste intact. Original, révolutionnaire, brillant, il a vécu intensément sa carrière et porté avec fierté les couleurs d'un pays qu'il a toujours cherché à améliorer. Comme son nom l'indique, Socrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira n'était pas seulement un grand footballeur. Il est aussi et surtout un grand Brésilien.
Fifa.com (22/08/2014)
La révolution selon Socrates
La première chose que les supporters de Botafogo ont remarqué, c'est évidemment sa taille. Un rien dégingandé, le jeune homme de 17 ans culmine à près d'un mètre 90. Mais en le voyant toucher le ballon pour la première fois, ils ont immédiatement oublié son apparence inhabituelle. L'adolescent est beaucoup plus rapide qu'il n'y paraît, il sent le jeu comme personne et il ne doute de rien, comme en témoignent ses talonnades insolentes.
Des années plus tard, la légende du Brésil expliquera dans le livre Recados da Bola ("Histoires de ballon") écrit par Jorge Vasconcellos avoir développé cet aspect de son jeu davantage par souci de protection qu'en raison d'un quelconque sentiment artistique. "Quand je suis arrivé à Botafogo, j'étais loin d'être aussi puissant que mes adversaires. Je me suis retrouvé en face de joueurs très bien entraînés et j'ai dû travailler d'autres points forts pour m'en sortir."
"J'ai très vite eu l'idée de jouer à une touche de balle. Dès que je recevais le ballon, je le passais à un coéquipier. Je savais que je n'avais aucune chance dans un duel physique. Mon corps n'était pas fait pour ça. J'étais grand et maigre. J'utilisais tout ce que je pouvais pour transmettre le ballon le plus vite possible : mon dos, mon genou, mon coude ou mon talon, qui est rapidement devenu ma marque de fabrique. C'était avant tout une question de survie. En cherchant à contourner un problème, je suis devenu un bien meilleur footballeur."
En l'espace de quelques années, la finesse du toucher de balle de Socrates est devenue célèbre dans le monde entier. Parallèlement, sa vivacité d'esprit et son intelligence lui ont permis de briller dans d'autres domaines, loin des terrains. Au début des années 80, il obtient son diplôme de médecin. Les supporters des Corinthians et du Brésil lui vouent un véritable culte. Dans ce contexte, il n'hésite pas à peser de tout son poids pour étendre son influence bien au-delà des frontières du rectangle vert.
Alors que le Brésil vit sous la coupe d'une dictature militaire, Socrates prend la tête de la démocratie corinthienne, l'un des plus grands mouvements révolutionnaires de l'histoire du football. Il s'exprime en faveur du mouvement Diretas Já ("des élections libres maintenant") et prouve par la même occasion qu'il est désormais bien plus qu'un simple footballeur ; il est devenu un personnage clé de la société brésilienne.
"Socrates est un joueur unique dans l'histoire du football brésilien", estime Juca Kfouri, l'une des grandes plumes du journalisme sportif du pays, dans le film Ser Campeão é Detalhe : A Democracia Corinthiana ("Gagner n'est pas tout : la démocratie corinthienne"). "Je ne dis pas qu'il était le meilleur. Rien qu'aux Corinthians, Rivelino était certainement plus doué. Pourtant, il n'a jamais eu son pareil, que ce soit en club ou en sélection."
Socrates le révolutionnaire
Socrates est un joueur créatif et très impliqué politiquement. Il a un temps d'avance. Très jeune, il se distingue de ses contemporains. À Botafogo, il parvient à convaincre ses dirigeants qu'il est capable de mener de front sa carrière de footballeur et des études médicales qu'il semble bien décidé à terminer.
Ses séances d'entraînement allégées ne l'empêchent pas de poursuivre sa progression. Il apparaît bien vite que les responsables du club ont fait le bon choix en autorisant leur prodige à poursuivre ses études. Quelques années plus tard, il quitte O Fogão avec son diplôme en poche et un statut d'icône. Il s'engage chez les Corinthians et, dans la foulée, reçoit une convocation pour disputer la Coupe du Monde de la FIFA, Espagne 1982™ avec la Seleção.
Promu capitaine par Tele Santana, Socrates forme un trio de génie avec Zico et Falcao. Les trois hommes sèment la panique dans les rangs adverses grâce à leur fluidité et à leur incroyable vitesse d'exécution, ponctuée d'innombrables talonnades. Malgré deux réalisations somptueuses contre l'URSS et l'Italie, il quitte la compétition en larmes. Comme tous ses compatriotes, le génie vit la défaite contre l'Italie de Paolo Rossi comme un véritable camouflet.
"Je ne me suis jamais senti aussi perdu que durant ces 30 jours", confiera t-il plus tard. Il peut toutefois se consoler en considérant qu'il laisse une marque indélébile dans l'histoire du football, en tant que meneur d'un groupe qui a su proposer un jeu chatoyant et associer quelques-uns des plus grands artistes de l'histoire du football brésilien. "Cette équipe est l'une des plus belles qui n'a jamais gagné la Coupe du Monde. C'est une tragédie qui a sans doute contribué à nourrir la légende de cette sélection."
Socrates l'innovateur
Au sein de cette équipe inoubliable, il développe les idées qui contribueront par la suite à déconstruire certains mythes du football brésilien. Il est aidé dans cette tâche par les liens étroits qu'il tisse avec d'autres fortes personnalités et par la liberté que Santana accorde à son groupe. "Il était plutôt conservateur, mais c'était aussi l'entraîneur le plus démocrate que j'ai rencontré", dira de lui Socrates dans un entretien accordé à ESPN Magazine. "Il n'imposait jamais une formation ou un style de jeu. Il laissait l'équipe décider pour elle-même."
Aux côtés de Casagrande, Zenon et Wladimir, il applique la même philosophie révolutionnaire aux Corinthians pour créer un système dans lequel les employés du club et les joueurs participent à toutes les décisions, du choix de l'heure des entraînements et des vols en passant par la fin des mises au vert. Les dirigeants prennent le risque de le suivre dans cette démarche audacieuse.
"Nous pensions différemment et nous n'acceptions pas la façon dont les choses se faisaient", soulignait Socrates. "Pourtant, nous n'aurions jamais imaginé lancer une révolution. Tout le monde disposait du même droit de vote. Le responsable des maillots et le masseur pesaient autant que le président. L'avis du troisième gardien comptait autant que le mien, alors que j'étais à l'époque le seul international. C'était tout simplement magnifique".
Entre 1982 et 1984, la démocratie corinthienne de Socrates décroche par deux fois le titre de champion de l'État de São Paulo. Mais elle remporte son plus grand succès loin des terrains. Les stars du club s'adressent désormais à une audience qui dépasse largement le cadre du football. Socrates prend la parole lors de plusieurs réunions en faveur du mouvement Diretas Já. Il annonce même qu'il ne rejoindra pas la Fiorentina si les dirigeants du club renoncent aux changements mis en place à son initiative. Finalement, le système est maintenu et l'international part tenter sa chance en Italie.
Un héritage intact
Mais l'expérience tourne court. "C'était en réaction à la politique du pays. Je ne me sentais pas bien du tout là-bas. J'ai passé une mauvaise année à Florence et je suis rentré à la maison. Ma vie a toujours été au Brésil." À 31 ans, il porte tour à tour les couleurs de Flamengo et de Santos. En 1986, Santana le convoque à nouveau pour participer à l'épreuve suprême mais, cette fois, le parcours du Brésil est interrompu par une défaite aux tirs au but en quart de finale, contre la France.
Le temps a passé depuis sa disparition en décembre 2011 mais l'héritage de Socrates reste intact. Original, révolutionnaire, brillant, il a vécu intensément sa carrière et porté avec fierté les couleurs d'un pays qu'il a toujours cherché à améliorer. Comme son nom l'indique, Socrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira n'était pas seulement un grand footballeur. Il est aussi et surtout un grand Brésilien.
Fifa.com (22/08/2014)
Re: Portraits et Histoire
Johan NEESKENS
Neeskens, le métronome de l'Oranje mécanique
Johan Neeskens est souvent présenté comme l'inséparable comparse de Johan Cruyff, le parcours du premier ayant épousé celui du second tout au long des années 70, que ce soit à l'Ajax, à Barcelone, en équipe nationale ou en North American Soccer League. Les deux génies néerlandais sont rapidement devenus indissociables dans l'imagination populaire mais Cruyff a toujours conservé une certaine ascendance sur son jeune compatriote. Les supporters catalans ont parfaitement résumé ce sentiment en baptisant Neeskens Johan Segon (Johan le second).
L'étoile de Cruyff a brillé d'un tel éclat qu'elle a éclipsé bien des talents. Pourtant, il serait injuste de reléguer à l'arrière-plan un footballeur de la trempe de Neeskens. "S'il n'était pas resté dans l'ombre de Cruyff, sa notoriété serait toute autre", estime Trevor Francis, l'un de ses plus fervents partisans. "Il était la clé de voûte de cette grande équipe néerlandaise."
Si Cruyff incarne le génie de cette génération couvée par Rinus Michels, Neeskens en symbolise l'inépuisable énergie. On disait qu'à lui seul, il valait deux joueurs et ses performances sur le terrain ont toujours confirmé ce sentiment. Il était ainsi capable de perturber le jeu adverse par ses courses incessantes et ses tacles rageurs ; mais il était tout aussi efficace à l'autre bout du terrain, où la justesse de ses passes et son remarquable sens du but faisaient souvent merveille.
Force et élégance
Sa mobilité, son dynamisme et sa puissance ont permis à Michels d'ajouter un pressing tout terrain à son fameux Football Total. Dans Brilliant Orange, l'ouvrage de David Winner, l'adjoint de Michels à l'Ajax Bobby Haarns décrit Neeskens comme "un kamikaze, un soldat de la ligne de front". Avec ses favoris, son gabarit robuste et son regard perçant, le Néerlandais a intimidé plus d'un adversaire. Des décennies plus tard, devenu entraîneur, l'ancien milieu de terrain a continué à se faire remarquer par la vigueur de ses tacles.
Les supporters se sont vite laissé séduire par son panache et son engagement de chaque instant. Quelle que soit l'issue de la partie, Neeskens laissait toujours toutes ses forces dans la bataille et quittait le terrain en nage. Mais contrairement à bon nombre de ses collègues, l'international oranje a toujours su faire rimer transpiration et inspiration.
"J'aimais faire le spectacle et gagner", reconnaît l'intéressé. Sa carrière prouve qu'il était capable de l'un comme de l'autre. Son arrivée sur le devant de la scène en 1970 a coïncidé avec la montée en puissance de l'Ajax, qui a remporté trois titres de champion d'Europe consécutifs au cours de la décennie. Il a également participé à la conquête de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe par le FC Barcelone, quelques années plus tard. Son palmarès avec les Pays-Bas est cependant resté désespérément vierge, malgré deux finales de Coupe du Monde de la FIFA™ consécutives, alors que c'est sous le maillot oranje qu'il a vécu ses plus beaux moments.
Neeskens était au sommet de son art durant l'édition 1974 de l'épreuve suprême. À l'époque, son savant mélange de force et d'élégance était sans pareil. "Ce tournoi s'est déroulé comme dans un rêve. J'avais 22 ans et j'étais titulaire indiscutable." Le rôle plutôt défensif qui lui est confié dans l'entrejeu ne l'empêche pas de terminer à la deuxième place du classement des buteurs, avec cinq réalisations.
On se souvient encore de cette superbe pichenette réussie face au tenant du titre brésilien au second tour, synonyme de qualification pour la finale. Au cours de cette affiche, Neeskens a démontré qu'il n'était pas seulement capable de distribuer les tacles ; il savait aussi les encaisser. Victime de contacts qui auraient laissé n'importe quel autre footballeur sur le carreau, le Néerlandais s'est relevé inlassablement pour repartir à chaque fois au combat.
Spécialiste des penalties
Cette compétition lui a aussi donné l'occasion de consolider sa réputation de spécialiste des penalties. Puissantes et précises, ses frappes étaient pratiquement impossibles à arrêter. Il a ainsi transformé trois penalties tout au long de la compétition, dont le premier inscrit en finale d'une Coupe du Monde.
Celui-ci avait été sifflé après seulement deux minutes de jeu, sans qu'aucun joueur de la RFA n'ait eu le temps de toucher le ballon. Neeskens avait bien failli se laisser déstabiliser par une telle opportunité. "C'était la première fois que je me sentais un peu nerveux avant de tirer. En tant qu'entraîneur, je dis toujours à mes joueurs qu'il ne faut jamais changer d'avis. C'est pourtant ce que j'ai fait ce jour-là. Jusqu'au dernier moment, je voulais envoyer le ballon à gauche. Au moment d'armer, j'ai décidé de frapper de l'autre côté."
L'intuition était bonne car Sepp Maier avait deviné son intention initiale. De toute façon, les frappes de Nesskens étaient si puissantes que le fait de partir du bon côté n'offrait au gardien aucune assurance de succès. Par la suite, le Néerlandais a souvent eu l'occasion de distribuer quelques conseils en matière de tirs au but : "Si vous n'êtes pas sûrs de vous, tirez le plus fort possible. Si vous ne savez où le ballon va partir, ce sera la même chose pour le gardien".
Malheureusement pour lui, ce penalty victorieux n'a pas permis aux Pays-Bas de remporter un trophée qui leur tendait les bras. Quatre ans plus tard, les Oranje ont connu une nouvelle désillusion en finale du grand de Coupe du Monde de la FIFA, où, en l'absence de Cruyff, Neeskens s'est une fois de plus imposé comme un rouage essentiel de la machine néerlandaise.
Un an plus tard, l'inusable milieu de terrain faisait ses adieux au FC Barcelone, après avoir conquis l'affection de tous les supporters catalans. La suite de sa carrière l'a mené au New York Cosmos, où il a retrouvé un vieil adversaire en la personne de Franz Beckenbauer. Au fil du temps, Neeskens n'a jamais perdu sa passion pour le beau jeu. Après l'effondrement de la NASL, il a rejoint les Kansas City Comets pour participer à la Major Indoor Soccer League. En 1991, à l'âge de 40 ans, il foulait encore les pelouses suisses.
Après avoir raccroché les crampons, Neeskens est resté l'une des figures centrales du football néerlandais. Il a entraîné aux Pays-Bas et en Afrique du Sud et œuvré en tant qu'adjoint au FC Barcelone et à Galatasaray, ainsi qu'en équipe des Pays-Bas et d'Australie.
En dépit d'indéniables succès sur le banc, c'est comme l'un des milieux de terrain les plus complets de sa génération qu'il reste dans toutes les mémoires. Quoi qu'il arrive, cette icône de la sélection oranje n'est pas près de perdre de son éclat.
Fifa.com (05/09/2014)
Neeskens, le métronome de l'Oranje mécanique
Johan Neeskens est souvent présenté comme l'inséparable comparse de Johan Cruyff, le parcours du premier ayant épousé celui du second tout au long des années 70, que ce soit à l'Ajax, à Barcelone, en équipe nationale ou en North American Soccer League. Les deux génies néerlandais sont rapidement devenus indissociables dans l'imagination populaire mais Cruyff a toujours conservé une certaine ascendance sur son jeune compatriote. Les supporters catalans ont parfaitement résumé ce sentiment en baptisant Neeskens Johan Segon (Johan le second).
L'étoile de Cruyff a brillé d'un tel éclat qu'elle a éclipsé bien des talents. Pourtant, il serait injuste de reléguer à l'arrière-plan un footballeur de la trempe de Neeskens. "S'il n'était pas resté dans l'ombre de Cruyff, sa notoriété serait toute autre", estime Trevor Francis, l'un de ses plus fervents partisans. "Il était la clé de voûte de cette grande équipe néerlandaise."
Si Cruyff incarne le génie de cette génération couvée par Rinus Michels, Neeskens en symbolise l'inépuisable énergie. On disait qu'à lui seul, il valait deux joueurs et ses performances sur le terrain ont toujours confirmé ce sentiment. Il était ainsi capable de perturber le jeu adverse par ses courses incessantes et ses tacles rageurs ; mais il était tout aussi efficace à l'autre bout du terrain, où la justesse de ses passes et son remarquable sens du but faisaient souvent merveille.
Force et élégance
Sa mobilité, son dynamisme et sa puissance ont permis à Michels d'ajouter un pressing tout terrain à son fameux Football Total. Dans Brilliant Orange, l'ouvrage de David Winner, l'adjoint de Michels à l'Ajax Bobby Haarns décrit Neeskens comme "un kamikaze, un soldat de la ligne de front". Avec ses favoris, son gabarit robuste et son regard perçant, le Néerlandais a intimidé plus d'un adversaire. Des décennies plus tard, devenu entraîneur, l'ancien milieu de terrain a continué à se faire remarquer par la vigueur de ses tacles.
Les supporters se sont vite laissé séduire par son panache et son engagement de chaque instant. Quelle que soit l'issue de la partie, Neeskens laissait toujours toutes ses forces dans la bataille et quittait le terrain en nage. Mais contrairement à bon nombre de ses collègues, l'international oranje a toujours su faire rimer transpiration et inspiration.
"J'aimais faire le spectacle et gagner", reconnaît l'intéressé. Sa carrière prouve qu'il était capable de l'un comme de l'autre. Son arrivée sur le devant de la scène en 1970 a coïncidé avec la montée en puissance de l'Ajax, qui a remporté trois titres de champion d'Europe consécutifs au cours de la décennie. Il a également participé à la conquête de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe par le FC Barcelone, quelques années plus tard. Son palmarès avec les Pays-Bas est cependant resté désespérément vierge, malgré deux finales de Coupe du Monde de la FIFA™ consécutives, alors que c'est sous le maillot oranje qu'il a vécu ses plus beaux moments.
Neeskens était au sommet de son art durant l'édition 1974 de l'épreuve suprême. À l'époque, son savant mélange de force et d'élégance était sans pareil. "Ce tournoi s'est déroulé comme dans un rêve. J'avais 22 ans et j'étais titulaire indiscutable." Le rôle plutôt défensif qui lui est confié dans l'entrejeu ne l'empêche pas de terminer à la deuxième place du classement des buteurs, avec cinq réalisations.
On se souvient encore de cette superbe pichenette réussie face au tenant du titre brésilien au second tour, synonyme de qualification pour la finale. Au cours de cette affiche, Neeskens a démontré qu'il n'était pas seulement capable de distribuer les tacles ; il savait aussi les encaisser. Victime de contacts qui auraient laissé n'importe quel autre footballeur sur le carreau, le Néerlandais s'est relevé inlassablement pour repartir à chaque fois au combat.
Spécialiste des penalties
Cette compétition lui a aussi donné l'occasion de consolider sa réputation de spécialiste des penalties. Puissantes et précises, ses frappes étaient pratiquement impossibles à arrêter. Il a ainsi transformé trois penalties tout au long de la compétition, dont le premier inscrit en finale d'une Coupe du Monde.
Celui-ci avait été sifflé après seulement deux minutes de jeu, sans qu'aucun joueur de la RFA n'ait eu le temps de toucher le ballon. Neeskens avait bien failli se laisser déstabiliser par une telle opportunité. "C'était la première fois que je me sentais un peu nerveux avant de tirer. En tant qu'entraîneur, je dis toujours à mes joueurs qu'il ne faut jamais changer d'avis. C'est pourtant ce que j'ai fait ce jour-là. Jusqu'au dernier moment, je voulais envoyer le ballon à gauche. Au moment d'armer, j'ai décidé de frapper de l'autre côté."
L'intuition était bonne car Sepp Maier avait deviné son intention initiale. De toute façon, les frappes de Nesskens étaient si puissantes que le fait de partir du bon côté n'offrait au gardien aucune assurance de succès. Par la suite, le Néerlandais a souvent eu l'occasion de distribuer quelques conseils en matière de tirs au but : "Si vous n'êtes pas sûrs de vous, tirez le plus fort possible. Si vous ne savez où le ballon va partir, ce sera la même chose pour le gardien".
Malheureusement pour lui, ce penalty victorieux n'a pas permis aux Pays-Bas de remporter un trophée qui leur tendait les bras. Quatre ans plus tard, les Oranje ont connu une nouvelle désillusion en finale du grand de Coupe du Monde de la FIFA, où, en l'absence de Cruyff, Neeskens s'est une fois de plus imposé comme un rouage essentiel de la machine néerlandaise.
Un an plus tard, l'inusable milieu de terrain faisait ses adieux au FC Barcelone, après avoir conquis l'affection de tous les supporters catalans. La suite de sa carrière l'a mené au New York Cosmos, où il a retrouvé un vieil adversaire en la personne de Franz Beckenbauer. Au fil du temps, Neeskens n'a jamais perdu sa passion pour le beau jeu. Après l'effondrement de la NASL, il a rejoint les Kansas City Comets pour participer à la Major Indoor Soccer League. En 1991, à l'âge de 40 ans, il foulait encore les pelouses suisses.
Après avoir raccroché les crampons, Neeskens est resté l'une des figures centrales du football néerlandais. Il a entraîné aux Pays-Bas et en Afrique du Sud et œuvré en tant qu'adjoint au FC Barcelone et à Galatasaray, ainsi qu'en équipe des Pays-Bas et d'Australie.
En dépit d'indéniables succès sur le banc, c'est comme l'un des milieux de terrain les plus complets de sa génération qu'il reste dans toutes les mémoires. Quoi qu'il arrive, cette icône de la sélection oranje n'est pas près de perdre de son éclat.
Fifa.com (05/09/2014)
Re: Portraits et Histoire
Silvio PIOLA
Piola, le sens du but sans celui du spectacle
Si le nom de Giuseppe Meazza évoque l’hégémonie de l’Italie sur la Coupe du Monde de la FIFA™ dans les années 1930, un joueur plus modeste, impressionnant lors du deuxième sacre italien, peut légitimement prétendre au titre de meilleur attaquant italien de tous les temps : Silvio Piola.
Si on trouve l’héritage de Meazza dans le nom du stade de l'Inter Milan, l’ancien attaquant n’a pas un, mais deux stades à son nom. En effet, à sa mort en 1996, le Pro Vercelli et Novara ont tous deux rebaptisé leurs enceintes respectives à son nom afin de refléter l’immense impact de Piola dans leurs rangs. Ces deux petits clubs reflètent sa personnalité, celle d’un homme modeste et travailleur.
Le meilleur buteur de l’histoire de la Serie A avec 290 unités en 556 matches a disputé son dernier match de championnat il y a plus de 60 ans. Son record est certes menacé par Francesco Totti, mais Piola est le seul joueur à détenir le record de buts dans trois clubs différents : le Pro Vercelli et Novara donc, mais aussi la Lazio. Capable de marquer à l’intérieur comme à l’extérieur de la surface, il était d’une précision diabolique de la tête et avait une capacité innée à se présenter dans la zone de vérité dans le timing parfait.
Avec ses longues jambes, il dévorait les espaces et ses performances étaient à ce point mémorables qu’il a été le mètre-étalon pour juger les attaquants pendant des décennies. "Pendant très longtemps, il était impossible de parler d’un avant-centre en bien sans entendre quelqu’un dire : 'Tu dis ça parce que tu n’as pas vu Piola jouer'", a un jour raconté le journaliste Gian Paolo.
Agile et explosif
Humble, réservé et menant une vie tranquille, il n’aimait rien de plus au monde que chasser avec ses trois chiens et n’avait rien de la panoplie de playboy de son glorieux compatriote Meazza. Mais la nation est tombée amoureuse de lui, tel qu’il était, grâce à ses cinq buts à France 1938, qui a vu l’Italie devenir la première nation à conserver la Coupe du Monde. Décisif dans les victoires face à la Norvège et aux locaux, il avait été surnommé "le Bourreau de la France" par la presse hexagonale. "Il ne s’est pas contenté de menacer les cages françaises. Il a également été brillant à la distribution avec la tête et les deux pieds. Il s’est déplacé avec intelligence sur les côtés, agile et explosif", relate Brian Glanville, écrivain anglais spécialiste du sport roi.
À l’origine d’un penalty décisif dans la victoire face au Brésil en demi-finale, il a ouvert la voie de la finale face à la Hongrie. Moins en vue dans un rôle d’attaquant de soutien alors que Piola brillait dans l’axe, Meazza a alors fait parler ses qualités dans l’avant-dernier geste. À la 16ème minute, l’Intériste a servi son attaquant pour donner l’avantage à l’Italie pour la deuxième fois de la partie, signant l’une de ses trois passes décisives sur ce match. C’est tout de même Piola qui a ajouté la cerise sur le gâteau en signant un doublé pour offrir une victoire 4:2 aux Azzurri à huit minutes de la fin.
Après la rencontre, Piola a été couvert de louanges, le buteur hongrois Pal Tykos se montrant particulièrement admiratif. "Il avait eu une présence physique fantastique et prenait systématiquement le dessus sur ses adversaires. C’était un joueur très polyvalent et un avant-centre sans peur. Il exploitait la moindre opportunité de frapper au but", raconte le vaincu d'alors. Des années plus tard, Piola se montrait plus modeste dans son récit : "Nous étions les précurseurs du football athlétique moderne. Toutefois, après cette finale, nous avions dû reconnaître que les Hongrois étaient de meilleurs techniciens".
Avant d’atteindre le sommet, il a connu des débuts moins clinquants. Le Pro Vercelli avait remporté le titre à sept reprises entre 1908 et 1922, mais à partir de ce dernier sacre, il a entamé une période de déclin. Heureusement pour le club, Piola est arrivé à la rescousse pour le maintenir à flot pendant cinq saisons. Il y a fait ses débuts en 1930 à l’âge de 16 ans seulement. En 127 matches pour le club, il a fait trembler les filets à 51 reprises, mais n’a jamais pu le hisser au-delà de la septième place obtenue lors de sa dernière saison chez les Leoni. Au sujet de ce jeune attaquant en pleine éclosion, le président du club avait déclaré : "Nous ne vendrons jamais Piola, pas même pour tout l’or du monde. Le jour où nous le vendrons, Pro Vercelli entamera son déclin". Hélas pour ce club provincial, cette déclaration se vérifiera. Piola sera vendu à la Lazio et le club piémontais héritera de la lanterne rouge avec 15 points la saison suivante...
Un poing d'honneur
Avec les Biancocelesti, il a terminé capocannoniere de la Serie A à deux reprises. Suite à ses succès en 1938, Piola-gol a été invité à rencontrer le Premier ministre, Benito Mussolini, dont l’attachement à la Lazio serait en partie à mettre sur le compte de la présence de Piola. S’il ne cautionnait pas le fascisme, Piola était un patriote et en tant que tel, il a fait ce que l’on attendait de lui sous Mussolini. "À l’époque, l’amour pour son pays était très fort, pas comme aujourd’hui… Cela n’avait rien à voir avec le fascisme", racontera-t-il des années plus tard. "C’était une grande émotion d’être reçu par le Premier ministre et de s’entendre dire : 'Bravo, l’Italie est fière de vous'."
Pendant la guerre, sa carrière a subi un sévère coup d’arrêt. À l’occasion d’un retour chez lui à Vercelli, il n’a pu regagner Rome et la Lazio, l’Italie étant scindée en deux durant le conflit. Après des passages au Torino et à la Juventus, il a fréquenté la Serie B, sous les couleurs de Novara. Il est immédiatement remonté à l’échelon supérieur et a poursuivi l’aventure pendant sept saisons, ajoutant 70 buts à son compteur personnel dans l’élite.
S’il n’a fait ses débuts internationaux qu’en 1935, Piola a rattrapé le temps perdu en inscrivant d’emblée deux de ses 30 buts en sélection. Son jeu était ponctué de reprises de volée, de ciseaux et de bicyclettes. Mais son action la plus célèbre restera à jamais un geste involontaire. Lors d’un nul 2:2 avec l’Angleterre à Milan, il tenta un retourné, mais marqua… du poing. Masqué, l’arbitre accorda le but. Piola a nié la vérité pendant 15 ans et ce but du poing n’apparaissait pas dans les premiers comptes rendus de presse. Plus tard, il se confessa : "J’ai levé la main vers ma tête et le ballon est parti".
Pour son dernier match, en 1952, 95 000 supporters étaient sur place quatre heures avant le coup d’envoi . Le journaliste Gianni Brera lui écrivit une lettre ouverte l’implorant de ne pas manquer sa sortie. En quelques mots, il résuma ce que le peuple italien pensait de lui : "L’homme de la rue vous regarde comme un exemple à suivre. Vous devez rester, à nos yeux, ce que vous avez toujours été : un surhomme, une idole".
Fifa.com (29/09/2014)
Piola, le sens du but sans celui du spectacle
Si le nom de Giuseppe Meazza évoque l’hégémonie de l’Italie sur la Coupe du Monde de la FIFA™ dans les années 1930, un joueur plus modeste, impressionnant lors du deuxième sacre italien, peut légitimement prétendre au titre de meilleur attaquant italien de tous les temps : Silvio Piola.
Si on trouve l’héritage de Meazza dans le nom du stade de l'Inter Milan, l’ancien attaquant n’a pas un, mais deux stades à son nom. En effet, à sa mort en 1996, le Pro Vercelli et Novara ont tous deux rebaptisé leurs enceintes respectives à son nom afin de refléter l’immense impact de Piola dans leurs rangs. Ces deux petits clubs reflètent sa personnalité, celle d’un homme modeste et travailleur.
Le meilleur buteur de l’histoire de la Serie A avec 290 unités en 556 matches a disputé son dernier match de championnat il y a plus de 60 ans. Son record est certes menacé par Francesco Totti, mais Piola est le seul joueur à détenir le record de buts dans trois clubs différents : le Pro Vercelli et Novara donc, mais aussi la Lazio. Capable de marquer à l’intérieur comme à l’extérieur de la surface, il était d’une précision diabolique de la tête et avait une capacité innée à se présenter dans la zone de vérité dans le timing parfait.
Avec ses longues jambes, il dévorait les espaces et ses performances étaient à ce point mémorables qu’il a été le mètre-étalon pour juger les attaquants pendant des décennies. "Pendant très longtemps, il était impossible de parler d’un avant-centre en bien sans entendre quelqu’un dire : 'Tu dis ça parce que tu n’as pas vu Piola jouer'", a un jour raconté le journaliste Gian Paolo.
Agile et explosif
Humble, réservé et menant une vie tranquille, il n’aimait rien de plus au monde que chasser avec ses trois chiens et n’avait rien de la panoplie de playboy de son glorieux compatriote Meazza. Mais la nation est tombée amoureuse de lui, tel qu’il était, grâce à ses cinq buts à France 1938, qui a vu l’Italie devenir la première nation à conserver la Coupe du Monde. Décisif dans les victoires face à la Norvège et aux locaux, il avait été surnommé "le Bourreau de la France" par la presse hexagonale. "Il ne s’est pas contenté de menacer les cages françaises. Il a également été brillant à la distribution avec la tête et les deux pieds. Il s’est déplacé avec intelligence sur les côtés, agile et explosif", relate Brian Glanville, écrivain anglais spécialiste du sport roi.
À l’origine d’un penalty décisif dans la victoire face au Brésil en demi-finale, il a ouvert la voie de la finale face à la Hongrie. Moins en vue dans un rôle d’attaquant de soutien alors que Piola brillait dans l’axe, Meazza a alors fait parler ses qualités dans l’avant-dernier geste. À la 16ème minute, l’Intériste a servi son attaquant pour donner l’avantage à l’Italie pour la deuxième fois de la partie, signant l’une de ses trois passes décisives sur ce match. C’est tout de même Piola qui a ajouté la cerise sur le gâteau en signant un doublé pour offrir une victoire 4:2 aux Azzurri à huit minutes de la fin.
Après la rencontre, Piola a été couvert de louanges, le buteur hongrois Pal Tykos se montrant particulièrement admiratif. "Il avait eu une présence physique fantastique et prenait systématiquement le dessus sur ses adversaires. C’était un joueur très polyvalent et un avant-centre sans peur. Il exploitait la moindre opportunité de frapper au but", raconte le vaincu d'alors. Des années plus tard, Piola se montrait plus modeste dans son récit : "Nous étions les précurseurs du football athlétique moderne. Toutefois, après cette finale, nous avions dû reconnaître que les Hongrois étaient de meilleurs techniciens".
Avant d’atteindre le sommet, il a connu des débuts moins clinquants. Le Pro Vercelli avait remporté le titre à sept reprises entre 1908 et 1922, mais à partir de ce dernier sacre, il a entamé une période de déclin. Heureusement pour le club, Piola est arrivé à la rescousse pour le maintenir à flot pendant cinq saisons. Il y a fait ses débuts en 1930 à l’âge de 16 ans seulement. En 127 matches pour le club, il a fait trembler les filets à 51 reprises, mais n’a jamais pu le hisser au-delà de la septième place obtenue lors de sa dernière saison chez les Leoni. Au sujet de ce jeune attaquant en pleine éclosion, le président du club avait déclaré : "Nous ne vendrons jamais Piola, pas même pour tout l’or du monde. Le jour où nous le vendrons, Pro Vercelli entamera son déclin". Hélas pour ce club provincial, cette déclaration se vérifiera. Piola sera vendu à la Lazio et le club piémontais héritera de la lanterne rouge avec 15 points la saison suivante...
Un poing d'honneur
Avec les Biancocelesti, il a terminé capocannoniere de la Serie A à deux reprises. Suite à ses succès en 1938, Piola-gol a été invité à rencontrer le Premier ministre, Benito Mussolini, dont l’attachement à la Lazio serait en partie à mettre sur le compte de la présence de Piola. S’il ne cautionnait pas le fascisme, Piola était un patriote et en tant que tel, il a fait ce que l’on attendait de lui sous Mussolini. "À l’époque, l’amour pour son pays était très fort, pas comme aujourd’hui… Cela n’avait rien à voir avec le fascisme", racontera-t-il des années plus tard. "C’était une grande émotion d’être reçu par le Premier ministre et de s’entendre dire : 'Bravo, l’Italie est fière de vous'."
Pendant la guerre, sa carrière a subi un sévère coup d’arrêt. À l’occasion d’un retour chez lui à Vercelli, il n’a pu regagner Rome et la Lazio, l’Italie étant scindée en deux durant le conflit. Après des passages au Torino et à la Juventus, il a fréquenté la Serie B, sous les couleurs de Novara. Il est immédiatement remonté à l’échelon supérieur et a poursuivi l’aventure pendant sept saisons, ajoutant 70 buts à son compteur personnel dans l’élite.
S’il n’a fait ses débuts internationaux qu’en 1935, Piola a rattrapé le temps perdu en inscrivant d’emblée deux de ses 30 buts en sélection. Son jeu était ponctué de reprises de volée, de ciseaux et de bicyclettes. Mais son action la plus célèbre restera à jamais un geste involontaire. Lors d’un nul 2:2 avec l’Angleterre à Milan, il tenta un retourné, mais marqua… du poing. Masqué, l’arbitre accorda le but. Piola a nié la vérité pendant 15 ans et ce but du poing n’apparaissait pas dans les premiers comptes rendus de presse. Plus tard, il se confessa : "J’ai levé la main vers ma tête et le ballon est parti".
Pour son dernier match, en 1952, 95 000 supporters étaient sur place quatre heures avant le coup d’envoi . Le journaliste Gianni Brera lui écrivit une lettre ouverte l’implorant de ne pas manquer sa sortie. En quelques mots, il résuma ce que le peuple italien pensait de lui : "L’homme de la rue vous regarde comme un exemple à suivre. Vous devez rester, à nos yeux, ce que vous avez toujours été : un surhomme, une idole".
Fifa.com (29/09/2014)
Re: Portraits et Histoire
Zizinho, méconnu de tous et reconnu par le Roi
"Zizinho était le joueur que j'admirais le plus. Il était monstrueux : ses passes, ses frappes, son positionnement, tout était spectaculaire. C'était un joueur complet. Il pouvait jouer milieu ou attaquant. Il marquait souvent, était excellent de la tête et du pied, et savait dribbler comme pas un. En plus, c'était un battant et quand le jeu se durcissait, il avait du répondant." Ces propos élogieux concernent Thomaz Soares da Silva, plus connu sous le nom de Zizinho, et ils ont été écrits par un certain… Pelé. Conclusion : Zizinho est la plus grande idole du plus grand joueur de tous les temps.
Pelé n'était pas le seul à s'enthousiasmer pour son aîné et compatriote. Ce qui frappe sous la plume de tous ceux qui ont écrit au sujet de Zizinho, c'est une certaine exubérance, teintée d'étonnement et de poésie. Les descriptions empruntent beaucoup plus au vocabulaire de l'art qu'à celui du sport. Quant à les vérifier par l'image animée, il ne faut pas y compter : la télévision était encore balbutiante à l'époque de Zizinho.
Souvenirs, souvenirs...
Ce merveilleux attaquant a évolué en équipe du Brésil pendant 15 ans, de 1942 à 1957. Il était la grande star de la Seleção finaliste pour la première fois de son histoire en 1950 de la Coupe du Monde de la FIFA™, dans ce qui restera à jamais le Maracanazo. "Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit-là. Je me disais que tout cela n'était qu'un cauchemar qui n'était jamais arrivé", raconte-t-il dans ses mémoires.
Cauchemar ou traumatisme ? À compter de ce 16 juillet 1950 fatidique, Zizinho redoutera jusqu'à la fin de sa vie la date anniversaire de cette finale. Invariablement ce jour-là, son téléphone sonnait avec à l'autre bout du fil des journalistes qui voulaient lui poser quelques questions, pour la énième fois, sur la défaite du Maracanã. "Ils voulaient connaître les raisons de notre défaite contre l'Uruguay. Pourquoi ne pas plutôt téléphoner à Pelé ou Romario pour leur demander les raisons de leur victoire dans d'autres Coupes du Monde ? Mais non. La seule chose qui les intéressait, c'était 1950."
Sous le maillot de la Seleção, Zizinho a gagné la Copa América en 1949 et les Jeux panaméricains en 1952. Il reste à ce jour le meilleur buteur de la Copa América, avec un total de 17 réalisations. Dans sa vie, il a connu trois grands clubs brésiliens : Flamengo, Bangu et São Paulo. Sans titre mondial à son palmarès et sans images télévisées pour faire justice à son talent, Zizinho est incontestablement l'un des joueurs les plus sous-évalués de l'histoire du ballon rond.
"Zizinho aurait certainement pu être convoqué pour jouer la Coupe du Monde 1958, mais c'est lui qui a décidé de quitter la Seleção. Il pensait que son heure était passée", écrit Pelé dans son autobiographie en référence à ce fameux Mondial en Suède où, à l'âge de 17 ans, il allait réussir les premiers exploits qui feraient de lui une star encore plus grande que son idole. "Mestre Ziza restera dans toutes les mémoires comme le meilleur joueur brésilien à ne jamais avoir remporté la Coupe du Monde. Il n'a pas eu la chance de vivre à l'époque de la télévision et des vidéos. Si on avait pu voir à l'écran ce qu'il était capable de faire, Zizinho serait beaucoup plus connu de nos jours."
Les éloges d'O Rei ne donnent que plus de relief aux propos de ceux qui ont vu Zizinho balle au pied, comme Flávio Costa, sélectionneur du Brésil en 1950. "Zizinho n'était peut-être pas meilleur que Pelé mais ce qui est certain, c'est qu'il n'était pas moins bon que Pelé", avait affirmé Costa dans une phrase passée à la postérité. Est-ce la vérité ? Ceux qui n'ont jamais vu jouer Zizinho, ou qui ne veulent retenir que la finale de la Coupe du Monde 1950 ou les dernières années de la carrière du joueur, dans les modestes clubs d'Uberaba et d'Audax Italiano au Chili, ont le droit d'en douter.
Pour en arriver là...
Après avoir raccroché les crampons, Zizinho s'essaie au poste d'entraîneur, avant de se reconvertir comme percepteur des impôts dans l'État de Rio de Janeiro. Il exercera cette fonction jusqu'à sa retraite. Zizinho avait compris depuis longtemps que ce qui comptait n'était pas le nombre de ses admirateurs, mais leur identité. L'une de ses filles, Nádia, raconte que Thomaz Soares da Silva a vécu une retraite heureuse jusqu'à son décès, à l'âge de 80 ans.
Dans la matinée du 8 février 2002, à son domicile de Niterói, Zizinho discute avec sa fille quand soudain, il ressent une vive douleur au cœur. Victime d'un infarctus, il s'écroule et décède presque immédiatement. Environ 250 personnes assistent à ses funérailles. C'est peu pour l'un des plus grands joueurs de l'histoire du football brésilien. Tout le monde n'était pas convaincu que ce statut lui convenait. Mais tout le monde non plus n'est pas Pelé.
Fifa.com (10/10/2014)
"Zizinho était le joueur que j'admirais le plus. Il était monstrueux : ses passes, ses frappes, son positionnement, tout était spectaculaire. C'était un joueur complet. Il pouvait jouer milieu ou attaquant. Il marquait souvent, était excellent de la tête et du pied, et savait dribbler comme pas un. En plus, c'était un battant et quand le jeu se durcissait, il avait du répondant." Ces propos élogieux concernent Thomaz Soares da Silva, plus connu sous le nom de Zizinho, et ils ont été écrits par un certain… Pelé. Conclusion : Zizinho est la plus grande idole du plus grand joueur de tous les temps.
Pelé n'était pas le seul à s'enthousiasmer pour son aîné et compatriote. Ce qui frappe sous la plume de tous ceux qui ont écrit au sujet de Zizinho, c'est une certaine exubérance, teintée d'étonnement et de poésie. Les descriptions empruntent beaucoup plus au vocabulaire de l'art qu'à celui du sport. Quant à les vérifier par l'image animée, il ne faut pas y compter : la télévision était encore balbutiante à l'époque de Zizinho.
Souvenirs, souvenirs...
Ce merveilleux attaquant a évolué en équipe du Brésil pendant 15 ans, de 1942 à 1957. Il était la grande star de la Seleção finaliste pour la première fois de son histoire en 1950 de la Coupe du Monde de la FIFA™, dans ce qui restera à jamais le Maracanazo. "Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit-là. Je me disais que tout cela n'était qu'un cauchemar qui n'était jamais arrivé", raconte-t-il dans ses mémoires.
Cauchemar ou traumatisme ? À compter de ce 16 juillet 1950 fatidique, Zizinho redoutera jusqu'à la fin de sa vie la date anniversaire de cette finale. Invariablement ce jour-là, son téléphone sonnait avec à l'autre bout du fil des journalistes qui voulaient lui poser quelques questions, pour la énième fois, sur la défaite du Maracanã. "Ils voulaient connaître les raisons de notre défaite contre l'Uruguay. Pourquoi ne pas plutôt téléphoner à Pelé ou Romario pour leur demander les raisons de leur victoire dans d'autres Coupes du Monde ? Mais non. La seule chose qui les intéressait, c'était 1950."
Sous le maillot de la Seleção, Zizinho a gagné la Copa América en 1949 et les Jeux panaméricains en 1952. Il reste à ce jour le meilleur buteur de la Copa América, avec un total de 17 réalisations. Dans sa vie, il a connu trois grands clubs brésiliens : Flamengo, Bangu et São Paulo. Sans titre mondial à son palmarès et sans images télévisées pour faire justice à son talent, Zizinho est incontestablement l'un des joueurs les plus sous-évalués de l'histoire du ballon rond.
"Zizinho aurait certainement pu être convoqué pour jouer la Coupe du Monde 1958, mais c'est lui qui a décidé de quitter la Seleção. Il pensait que son heure était passée", écrit Pelé dans son autobiographie en référence à ce fameux Mondial en Suède où, à l'âge de 17 ans, il allait réussir les premiers exploits qui feraient de lui une star encore plus grande que son idole. "Mestre Ziza restera dans toutes les mémoires comme le meilleur joueur brésilien à ne jamais avoir remporté la Coupe du Monde. Il n'a pas eu la chance de vivre à l'époque de la télévision et des vidéos. Si on avait pu voir à l'écran ce qu'il était capable de faire, Zizinho serait beaucoup plus connu de nos jours."
Les éloges d'O Rei ne donnent que plus de relief aux propos de ceux qui ont vu Zizinho balle au pied, comme Flávio Costa, sélectionneur du Brésil en 1950. "Zizinho n'était peut-être pas meilleur que Pelé mais ce qui est certain, c'est qu'il n'était pas moins bon que Pelé", avait affirmé Costa dans une phrase passée à la postérité. Est-ce la vérité ? Ceux qui n'ont jamais vu jouer Zizinho, ou qui ne veulent retenir que la finale de la Coupe du Monde 1950 ou les dernières années de la carrière du joueur, dans les modestes clubs d'Uberaba et d'Audax Italiano au Chili, ont le droit d'en douter.
Pour en arriver là...
Après avoir raccroché les crampons, Zizinho s'essaie au poste d'entraîneur, avant de se reconvertir comme percepteur des impôts dans l'État de Rio de Janeiro. Il exercera cette fonction jusqu'à sa retraite. Zizinho avait compris depuis longtemps que ce qui comptait n'était pas le nombre de ses admirateurs, mais leur identité. L'une de ses filles, Nádia, raconte que Thomaz Soares da Silva a vécu une retraite heureuse jusqu'à son décès, à l'âge de 80 ans.
Dans la matinée du 8 février 2002, à son domicile de Niterói, Zizinho discute avec sa fille quand soudain, il ressent une vive douleur au cœur. Victime d'un infarctus, il s'écroule et décède presque immédiatement. Environ 250 personnes assistent à ses funérailles. C'est peu pour l'un des plus grands joueurs de l'histoire du football brésilien. Tout le monde n'était pas convaincu que ce statut lui convenait. Mais tout le monde non plus n'est pas Pelé.
Fifa.com (10/10/2014)
Re: Portraits et Histoire
Raymond KOPA
Napoléon Kopa a conquis l’Europe
Dans l'histoire du football français, avant les exploits de Platini et Zidane, il y a eu Raymond Kopa. A l'occasion de son anniversaire ce 13 octobre, FIFA.com retrace sa longue et riche carrière, entre le mythique Reims et le légendaire Real Madrid.
Dans l'histoire du football français, avant les exploits de Michel Platini et autres Zinedine Zidane, il y a eu Raymond Kopa. Petit par la taille (1m68) mais immense par le talent, cet incorrigible dribleur a joué un rôle décisif dans trois des cinq premières campagnes européennes victorieuses du Real Madrid. Surtout, Kopa restera dans les annales comme le meilleur joueur de la Coupe du Monde de la FIFA, Suède 1958, en compagnie de son compatriote Just Fontaine, dans un tournoi qui marquait pourtant l'émergence d'un certain Pelé.
Toutefois, à l'origine, rien ne prédestinait ce fils d'immigrants polonais à devenir une star du football mondial. Le jeune Kopaszewski, de son vrai nom, s'est forgé un caractère de gagneur et une détermination à toute épreuve en poussant de 14 à 18 ans de lourds chariots dans les mines de charbon. Paradoxalement, c'est un accident qui lui a coûté un doigt qui l’incite finalement à tenter sa chance dans le football. Dans le club de sa ville du Nord, Nœux-les-Mines, il affiche en effet depuis ses dix ans de belles qualités balle au pied, malgré la fatigue de son travail.
De la mine à la lumière
Après son accident dans la mine, il dispute en mai 1949 le Concours du Jeune Footballeur, une épreuve pour les jeunes joueurs envisageant une carrière professionnelle, notés par des entraîneurs confirmés. Il termine à la deuxième place nationale et décroche dans la foulée un contrat avec Angers. Deux ans plus tard, à l'occasion d'un match amical, sa rencontre avec Albert Batteux, l'entraîneur mythique du Stade de Reims, va lancer sa carrière. "Il avait un don pour utiliser les hommes en fonction de leurs possibilités. Sans lui, les qualités des uns et des autres n'auraient jamais trouvé à s'exprimer. A commencer par les miennes", estime Raymond Kopa.
Pour exploiter au mieux le drible court de son protégé, que lui permettait un sens de gravité assez bas, Batteux l'installe en retrait des attaquants dans un rôle de numéro 10 inédit à cette époque. "J'aimais énormément dribler. On me l'a parfois reproché en disant que je gardais trop le ballon et que je ralentissais le jeu. Mais, mes entraîneurs m'ont toujours demandé de ne rien changer à mon style de jeu", précise Kopa. Car derrière ces dribles envoûtants, il y a très souvent une passe décisive, un caviar pour un partenaire ayant su profiter du ralentissement du jeu pour se démarquer ou faire un bon appel.
Rapidement, Kopa devient le patron d'une équipe rayonnante qui truste les titres en France et échoue d'un rien face au Real Madrid à l'occasion de la première finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1956 (3:4). Quelques semaines plus tard, il cause une énorme sensation en acceptant les propositions du Real Madrid qui lui offre un pont d'or. "J'ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l'époque beaucoup de gens m'ont pris pour un traître. J'avais juste le tort d'être un précurseur", se souvient-il.
A Madrid où il acquiert le surnom de Napoléon et retrouve deux monstres sacrés que sont Alfredo Di Stefano et Ferenc Puskás, il va tutoyer les sommets. "Ces trois années ont été fantastiques. Pendant trois saisons nous avons tout gagné. Nous avons même été élus équipe du siècle par les supporters en 2000 pour le centenaire du club. L'ambiance pendant les matches était incroyable, avec 125 000 spectateurs agitant des mouchoirs blancs. Nous n'avions pas de sponsor, pas de diffusion à la télévision et nous devions jouer des matches amicaux dans le monde entier pour faire vivre le club. C'était vraiment une autre époque. Au Real, j'ai gagné trois Coupes des Clubs Champions consécutives. En trois ans, nous n'avons perdu qu'un seul match à domicile toutes compétitions confondues."
Roi de Suède
Avec l'équipe de France, il fait ses débuts internationaux le 5 octobre 1952 contre l'Allemagne (3:1) en même temps que cinq autres débutants qui allaient faire les beaux jours des Bleus : César Ruminski, Lazare Gianessi, Armand Penverne, Thadée Cisowki et Joseph Ujlaki. Pendant dix ans, il sera un titulaire incontournable d'une France qui va progressivement monter en puissance avec l'éclosion de cette nouvelle génération.
La Coupe du Monde de la FIFA 1954 arrive cependant trop tôt et la France quitte la Suisse à la fin du premier tour. "Ce tournoi a en fait préparé la Coupe du Monde de 1958. Lors de cette édition en Suède, personne ne nous attendait à ce niveau. Nous avons commencé par battre le Paraguay (7:3), considéré comme un des trois favoris de la compétition. Après un beau parcours face à la Yougoslavie (2:3), l'Ecosse (2:1) et l'Irlande du Nord (4:0), nous nous sommes retrouvés en demi-finale contre le Brésil et un certain débutant nommé Pelé qui a réussi un triplé (2:5)."
"A cette époque, nos deux nations étaient les plus fortes et l'écart s'explique par le fait que nous avons du jouer à dix après la blessure de notre capitaine Robert Jonquet", se rappelle-t-il, précisant que les remplacements n’étaient pas autorisés à l’époque. Avec un Kopa étincelant à la baguette, les Bleus prennent finalement la troisième place en infligeant un cinglant 6:3 à l'Allemagne.
Mais Kopa ne cache pas que son meilleur souvenir reste le match extraordinaire qu'il a livré le 17 mars 1955 à Madrid face à l'Espagne (2:1) devant 125 000 spectateurs stupéfaits. Il dispute son dernier match sous le maillot bleu le 11 novembre 1962 à Colombes, où la France est débordée par la Hongrie (2:3). Aligné à un inhabituel poste d'allier droit, Kopa ne peut s'exprimer sur le terrain et ce match marque le début de ses rapports conflictuels avec le duo de sélectionneurs Henri Guérin et George Verriest, puis la fin de sa carrière internationale.
Une retraite au soleil
Revenu en France après trois saisons à Madrid, il remporte en 1962 avec Reims son quatrième et dernier titre de champion de France. Les années suivantes, il ne pourra empêcher la relégation de son club de cœur et fait ses adieux à la Première Division le 11 juin 1967.
Il va cependant continuer à jouer en amateur jusqu'à l'âge de 70 ans. Resté très proche du monde du ballon rond, il a lancé une marque de vêtements de sport et joué le rôle de consultant pour la radio ou la télé. Installé en Corse depuis 2000, il revoit régulièrement ses anciens partenaires et notamment Just Fontaine. A 80 ans il affirme n'avoir "aucun regret" : "Le football a changé ma vie. Passer du travail à la mine à courir sur les stades, cela vous transforme un homme…"
Fifa.com (13/10/2014)
Napoléon Kopa a conquis l’Europe
Dans l'histoire du football français, avant les exploits de Platini et Zidane, il y a eu Raymond Kopa. A l'occasion de son anniversaire ce 13 octobre, FIFA.com retrace sa longue et riche carrière, entre le mythique Reims et le légendaire Real Madrid.
Dans l'histoire du football français, avant les exploits de Michel Platini et autres Zinedine Zidane, il y a eu Raymond Kopa. Petit par la taille (1m68) mais immense par le talent, cet incorrigible dribleur a joué un rôle décisif dans trois des cinq premières campagnes européennes victorieuses du Real Madrid. Surtout, Kopa restera dans les annales comme le meilleur joueur de la Coupe du Monde de la FIFA, Suède 1958, en compagnie de son compatriote Just Fontaine, dans un tournoi qui marquait pourtant l'émergence d'un certain Pelé.
Toutefois, à l'origine, rien ne prédestinait ce fils d'immigrants polonais à devenir une star du football mondial. Le jeune Kopaszewski, de son vrai nom, s'est forgé un caractère de gagneur et une détermination à toute épreuve en poussant de 14 à 18 ans de lourds chariots dans les mines de charbon. Paradoxalement, c'est un accident qui lui a coûté un doigt qui l’incite finalement à tenter sa chance dans le football. Dans le club de sa ville du Nord, Nœux-les-Mines, il affiche en effet depuis ses dix ans de belles qualités balle au pied, malgré la fatigue de son travail.
De la mine à la lumière
Après son accident dans la mine, il dispute en mai 1949 le Concours du Jeune Footballeur, une épreuve pour les jeunes joueurs envisageant une carrière professionnelle, notés par des entraîneurs confirmés. Il termine à la deuxième place nationale et décroche dans la foulée un contrat avec Angers. Deux ans plus tard, à l'occasion d'un match amical, sa rencontre avec Albert Batteux, l'entraîneur mythique du Stade de Reims, va lancer sa carrière. "Il avait un don pour utiliser les hommes en fonction de leurs possibilités. Sans lui, les qualités des uns et des autres n'auraient jamais trouvé à s'exprimer. A commencer par les miennes", estime Raymond Kopa.
Pour exploiter au mieux le drible court de son protégé, que lui permettait un sens de gravité assez bas, Batteux l'installe en retrait des attaquants dans un rôle de numéro 10 inédit à cette époque. "J'aimais énormément dribler. On me l'a parfois reproché en disant que je gardais trop le ballon et que je ralentissais le jeu. Mais, mes entraîneurs m'ont toujours demandé de ne rien changer à mon style de jeu", précise Kopa. Car derrière ces dribles envoûtants, il y a très souvent une passe décisive, un caviar pour un partenaire ayant su profiter du ralentissement du jeu pour se démarquer ou faire un bon appel.
Rapidement, Kopa devient le patron d'une équipe rayonnante qui truste les titres en France et échoue d'un rien face au Real Madrid à l'occasion de la première finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1956 (3:4). Quelques semaines plus tard, il cause une énorme sensation en acceptant les propositions du Real Madrid qui lui offre un pont d'or. "J'ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l'époque beaucoup de gens m'ont pris pour un traître. J'avais juste le tort d'être un précurseur", se souvient-il.
A Madrid où il acquiert le surnom de Napoléon et retrouve deux monstres sacrés que sont Alfredo Di Stefano et Ferenc Puskás, il va tutoyer les sommets. "Ces trois années ont été fantastiques. Pendant trois saisons nous avons tout gagné. Nous avons même été élus équipe du siècle par les supporters en 2000 pour le centenaire du club. L'ambiance pendant les matches était incroyable, avec 125 000 spectateurs agitant des mouchoirs blancs. Nous n'avions pas de sponsor, pas de diffusion à la télévision et nous devions jouer des matches amicaux dans le monde entier pour faire vivre le club. C'était vraiment une autre époque. Au Real, j'ai gagné trois Coupes des Clubs Champions consécutives. En trois ans, nous n'avons perdu qu'un seul match à domicile toutes compétitions confondues."
Roi de Suède
Avec l'équipe de France, il fait ses débuts internationaux le 5 octobre 1952 contre l'Allemagne (3:1) en même temps que cinq autres débutants qui allaient faire les beaux jours des Bleus : César Ruminski, Lazare Gianessi, Armand Penverne, Thadée Cisowki et Joseph Ujlaki. Pendant dix ans, il sera un titulaire incontournable d'une France qui va progressivement monter en puissance avec l'éclosion de cette nouvelle génération.
La Coupe du Monde de la FIFA 1954 arrive cependant trop tôt et la France quitte la Suisse à la fin du premier tour. "Ce tournoi a en fait préparé la Coupe du Monde de 1958. Lors de cette édition en Suède, personne ne nous attendait à ce niveau. Nous avons commencé par battre le Paraguay (7:3), considéré comme un des trois favoris de la compétition. Après un beau parcours face à la Yougoslavie (2:3), l'Ecosse (2:1) et l'Irlande du Nord (4:0), nous nous sommes retrouvés en demi-finale contre le Brésil et un certain débutant nommé Pelé qui a réussi un triplé (2:5)."
"A cette époque, nos deux nations étaient les plus fortes et l'écart s'explique par le fait que nous avons du jouer à dix après la blessure de notre capitaine Robert Jonquet", se rappelle-t-il, précisant que les remplacements n’étaient pas autorisés à l’époque. Avec un Kopa étincelant à la baguette, les Bleus prennent finalement la troisième place en infligeant un cinglant 6:3 à l'Allemagne.
Mais Kopa ne cache pas que son meilleur souvenir reste le match extraordinaire qu'il a livré le 17 mars 1955 à Madrid face à l'Espagne (2:1) devant 125 000 spectateurs stupéfaits. Il dispute son dernier match sous le maillot bleu le 11 novembre 1962 à Colombes, où la France est débordée par la Hongrie (2:3). Aligné à un inhabituel poste d'allier droit, Kopa ne peut s'exprimer sur le terrain et ce match marque le début de ses rapports conflictuels avec le duo de sélectionneurs Henri Guérin et George Verriest, puis la fin de sa carrière internationale.
Une retraite au soleil
Revenu en France après trois saisons à Madrid, il remporte en 1962 avec Reims son quatrième et dernier titre de champion de France. Les années suivantes, il ne pourra empêcher la relégation de son club de cœur et fait ses adieux à la Première Division le 11 juin 1967.
Il va cependant continuer à jouer en amateur jusqu'à l'âge de 70 ans. Resté très proche du monde du ballon rond, il a lancé une marque de vêtements de sport et joué le rôle de consultant pour la radio ou la télé. Installé en Corse depuis 2000, il revoit régulièrement ses anciens partenaires et notamment Just Fontaine. A 80 ans il affirme n'avoir "aucun regret" : "Le football a changé ma vie. Passer du travail à la mine à courir sur les stades, cela vous transforme un homme…"
Fifa.com (13/10/2014)
Re: Portraits et Histoire
Marco VAN BASTEN
Van Basten, mythique machine à buts
Marco van Basten comptait parmi les meilleurs attaquants du monde, jusqu'à ce qu'une blessure l'oblige à mettre un terme précoce à sa carrière. A l'occasion de son 50ème anniversaire, FIFA.com revient sur le parcours de ce buteur de légende.
Marco van Basten, de son vrai nom Marcel van Basten, voit le jour le 31 octobre 1964 à Utrecht, une ville de 300 000 habitants au centre des Pays-Bas. Il commence à jouer au football à sept ans dans un club local, l'EDO. Sans doute le jeune garçon s'y fait-il déjà remarquer par son talent. Un an plus tard, Van Basten rejoint l'UVV Utrecht, où il effectue presque tout son parcours de joueur amateur. L'attaquant joue ensuite à l'Elinkwijk Utrecht durant la saison 1981/82, avant d'être recruté par l'Ajax Amsterdam, sous le maillot duquel il deviendra un joueur de classe mondiale.
Van Basten fait ses débuts professionnels à l'Ajax en avril 1982. C'est pour remplacer un autre talent hors du commun, le légendaire Johan Cruyff, qu'il enfile le maillot du club à l'âge de 18 ans. Mais le jeune joueur ne se laisse pas impressionner et fait trembler les filets adverses dès son premier match, contribuant à la victoire 5:0 des Lanciers contre Nimègue.
Durant la saison 1982/83, il évolue dans l'ombre de Wim Kieft, avec lequel il deviendra champion d'Europe quelques années plus tard. Ce qui ne l'empêche pas d'inscrire neuf buts en 20 matches de championnat. Lorsque Kieft est transféré à Pise, l'heure du succès sonne pour le prometteur Marco...
Quatre années de suite, cette fine gâchette s'impose comme le meilleur buteur du championnat des Pays-Bas. Il devient non seulement le chouchou du public, mais est aussi reconnu à l'échelle mondiale comme l'un des meilleurs attaquants des années 80. En 1986, Van Basten est d'ailleurs sacré meilleur buteur d'Europe, après avoir été l'auteur de 37 réalisations en 26 rencontres durant la saison. Il brille particulièrement lors des matches contre le Sparta Rotterdam et contre Heracles Almelo, au cours desquels il marque respectivement six et cinq buts.
Un sacre et un grand départ
Après avoir remporté trois fois le championnat et trois fois la Coupe des Pays-Bas, l'attaquant voit son glorieux parcours à l'Ajax Amsterdam couronné par un triomphe en Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe 1987. C'est lui qui inscrit le but de la victoire en finale face au Lokomotiv Leipzig.
Après cette victoire et avec 128 réalisations en 133 rencontres, Van Basten suit l'exemple de son compatriote Ruud Gullit, du PSV Eindhoven, et quitte son pays pour l'AC Milan. Un an plus tard, un troisième Néerlandais, Frank Rijkaard, rejoint les rangs des Rossoneri. Ils formeront ensemble le trio magique du club italien, et peut-être la meilleure association du football européen.
En Serie A, le parcours de van Basten est perturbé pour la première fois par des blessures. Ces ennuis physiques s'aggravent quelques années plus tard et l'obligeront à mettre une fin précoce à sa carrière. En 1988, le club lombard décroche certes le titre pour la première fois depuis huit ans, mais celui-ci a un goût amer pour van Basten, qui n'a joué que 11rencontres, en raison d'un problème à la cheville.
La saison suivante, Van Basten est épargné par ces soucis. Il inscrit 19 buts en Serie A et contribue par deux réalisations à la victoire de son équipe en Coupe d'Europe des Clubs Champions face au Steaua Bucarest (4:0). Pour la deuxième fois, il est sacré Ballon d'Or. Le Néerlandais continue sur sa lancée en 1989/90. Il est sacré meilleur buteur du championnat d'Italie et, au niveau européen, l'AC Milan conserve son titre de champion en s'imposant en finale du tournoi face au Benfica Lisbonne.
La saison 1990/91 s'avère cependant moins réjouissante pour Van Basten et son club. C'est la Sampdoria de Gênes qui s'adjuge le titre en Italie et l'attaquant se brouille avec son entraîneur Arrigo Sacchi, qui se voit obligé de quitter son poste. Fabio Capello reprend alors les rênes du club milanais et lui permet de renouer avec la réussite. Les prestations exceptionnelles de Van Basten ne sont pas pour rien dans le succès retrouvé de l'AC Milan. Sous la direction de Capello, les Rossoneri remportent le Scudetto en 1992 et Van Basten est une nouvelle fois couronné meilleur buteur, avec 25 unités au compteur.
En novembre 1992, le Néerlandais inscrit définitivement son nom dans les livres d'histoire en s'illustrant en Ligue des champions de l'UEFA. Face à l'IFK Göteborg, il est le premier joueur à inscrire quatre buts en une rencontre dans cette compétition.
Un combat perdu contre les blessures
La domination de l'AC Milan est étroitement liée aux contributions de Van Basten. Le club reste ainsi invaincu en championnat durant 58 matches consécutifs. Le joueur, alors âgé de 28 ans, est couronné pour la troisième fois meilleur joueur européen en 1992. Avec Michel Platini et Johan Cruyff, il est le seul à avoir reçu trois fois cette distinction avant l'avènement de Lionel Messi.
Des problèmes à répétition à la cheville et au genou éloignent ensuite régulièrement Van Basten des terrains. L'attaquant doit subir plusieurs interventions et ne retrouve le chemin des pelouses qu'à la fin de la saison 1992/93. Cela ne dure pas cependant. Il dispute son dernier match pour son club lors de la finale de la Ligue des champions au Stade Olympique de Munich, où la formation italienne s'incline face à l'Olympique de Marseille. Les deux années suivantes, il mène un pénible combat contre ses blessures, qui l'empêchent de revenir sur le devant de la scène. En 1995, Van Basten capitule et annonce qu'il tire sa révérence.
La fin de sa carrière de footballeur marque aussi la fin d'un parcours de dix ans en équipe des Pays-Bas. C'est après s'être fait remarquer en Coupe du Monde U-20 de la FIFA au Mexique en 1983 qu'il est appelé pour la première fois en équipe nationale A, en septembre de la même année.
Il remporte son plus grand succès avec la sélection néerlandaise en 1988, lors de l'UEFA EURO en Allemagne. Auteur de cinq réalisations, Van Basten mène son équipe jusqu'au titre et s'impose comme le meilleur buteur du tournoi. En finale face à l'URSS (2:0), une reprise de volée dans un angle impensable vient atterrir dans le filet de Rinat Dassayev et propulse le Néerlandais parmi les meilleurs attaquants de l'histoire.
Les deux autres grands tournois internationaux que dispute van Basten se terminent de façon plus décevante. Lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Italie 1990, les Pays-Bas perdent en huitième de finale contre la République Fédérale d'Allemagne (1:2). Deux ans plus tard, c'est le Danemark qui élimine les Néerlandais en demi-finale du Championnat d'Europe en Suède. La sélection oranje s'incline aux tirs au but, Van Basten ratant le penalty décisif face à Peter Schmeichel, dont l'équipe s'adjugera par la suite la couronne continentale.
Forcé de mettre trop tôt un terme à sa carrière, Van Basten se consolera en sachant que son nom restera pour l'éternité dans livre d'or du sport roi.
Fifa.com (31/10/2014)
Van Basten, mythique machine à buts
Marco van Basten comptait parmi les meilleurs attaquants du monde, jusqu'à ce qu'une blessure l'oblige à mettre un terme précoce à sa carrière. A l'occasion de son 50ème anniversaire, FIFA.com revient sur le parcours de ce buteur de légende.
Marco van Basten, de son vrai nom Marcel van Basten, voit le jour le 31 octobre 1964 à Utrecht, une ville de 300 000 habitants au centre des Pays-Bas. Il commence à jouer au football à sept ans dans un club local, l'EDO. Sans doute le jeune garçon s'y fait-il déjà remarquer par son talent. Un an plus tard, Van Basten rejoint l'UVV Utrecht, où il effectue presque tout son parcours de joueur amateur. L'attaquant joue ensuite à l'Elinkwijk Utrecht durant la saison 1981/82, avant d'être recruté par l'Ajax Amsterdam, sous le maillot duquel il deviendra un joueur de classe mondiale.
Van Basten fait ses débuts professionnels à l'Ajax en avril 1982. C'est pour remplacer un autre talent hors du commun, le légendaire Johan Cruyff, qu'il enfile le maillot du club à l'âge de 18 ans. Mais le jeune joueur ne se laisse pas impressionner et fait trembler les filets adverses dès son premier match, contribuant à la victoire 5:0 des Lanciers contre Nimègue.
Durant la saison 1982/83, il évolue dans l'ombre de Wim Kieft, avec lequel il deviendra champion d'Europe quelques années plus tard. Ce qui ne l'empêche pas d'inscrire neuf buts en 20 matches de championnat. Lorsque Kieft est transféré à Pise, l'heure du succès sonne pour le prometteur Marco...
Quatre années de suite, cette fine gâchette s'impose comme le meilleur buteur du championnat des Pays-Bas. Il devient non seulement le chouchou du public, mais est aussi reconnu à l'échelle mondiale comme l'un des meilleurs attaquants des années 80. En 1986, Van Basten est d'ailleurs sacré meilleur buteur d'Europe, après avoir été l'auteur de 37 réalisations en 26 rencontres durant la saison. Il brille particulièrement lors des matches contre le Sparta Rotterdam et contre Heracles Almelo, au cours desquels il marque respectivement six et cinq buts.
Un sacre et un grand départ
Après avoir remporté trois fois le championnat et trois fois la Coupe des Pays-Bas, l'attaquant voit son glorieux parcours à l'Ajax Amsterdam couronné par un triomphe en Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe 1987. C'est lui qui inscrit le but de la victoire en finale face au Lokomotiv Leipzig.
Après cette victoire et avec 128 réalisations en 133 rencontres, Van Basten suit l'exemple de son compatriote Ruud Gullit, du PSV Eindhoven, et quitte son pays pour l'AC Milan. Un an plus tard, un troisième Néerlandais, Frank Rijkaard, rejoint les rangs des Rossoneri. Ils formeront ensemble le trio magique du club italien, et peut-être la meilleure association du football européen.
En Serie A, le parcours de van Basten est perturbé pour la première fois par des blessures. Ces ennuis physiques s'aggravent quelques années plus tard et l'obligeront à mettre une fin précoce à sa carrière. En 1988, le club lombard décroche certes le titre pour la première fois depuis huit ans, mais celui-ci a un goût amer pour van Basten, qui n'a joué que 11rencontres, en raison d'un problème à la cheville.
La saison suivante, Van Basten est épargné par ces soucis. Il inscrit 19 buts en Serie A et contribue par deux réalisations à la victoire de son équipe en Coupe d'Europe des Clubs Champions face au Steaua Bucarest (4:0). Pour la deuxième fois, il est sacré Ballon d'Or. Le Néerlandais continue sur sa lancée en 1989/90. Il est sacré meilleur buteur du championnat d'Italie et, au niveau européen, l'AC Milan conserve son titre de champion en s'imposant en finale du tournoi face au Benfica Lisbonne.
La saison 1990/91 s'avère cependant moins réjouissante pour Van Basten et son club. C'est la Sampdoria de Gênes qui s'adjuge le titre en Italie et l'attaquant se brouille avec son entraîneur Arrigo Sacchi, qui se voit obligé de quitter son poste. Fabio Capello reprend alors les rênes du club milanais et lui permet de renouer avec la réussite. Les prestations exceptionnelles de Van Basten ne sont pas pour rien dans le succès retrouvé de l'AC Milan. Sous la direction de Capello, les Rossoneri remportent le Scudetto en 1992 et Van Basten est une nouvelle fois couronné meilleur buteur, avec 25 unités au compteur.
En novembre 1992, le Néerlandais inscrit définitivement son nom dans les livres d'histoire en s'illustrant en Ligue des champions de l'UEFA. Face à l'IFK Göteborg, il est le premier joueur à inscrire quatre buts en une rencontre dans cette compétition.
Un combat perdu contre les blessures
La domination de l'AC Milan est étroitement liée aux contributions de Van Basten. Le club reste ainsi invaincu en championnat durant 58 matches consécutifs. Le joueur, alors âgé de 28 ans, est couronné pour la troisième fois meilleur joueur européen en 1992. Avec Michel Platini et Johan Cruyff, il est le seul à avoir reçu trois fois cette distinction avant l'avènement de Lionel Messi.
Des problèmes à répétition à la cheville et au genou éloignent ensuite régulièrement Van Basten des terrains. L'attaquant doit subir plusieurs interventions et ne retrouve le chemin des pelouses qu'à la fin de la saison 1992/93. Cela ne dure pas cependant. Il dispute son dernier match pour son club lors de la finale de la Ligue des champions au Stade Olympique de Munich, où la formation italienne s'incline face à l'Olympique de Marseille. Les deux années suivantes, il mène un pénible combat contre ses blessures, qui l'empêchent de revenir sur le devant de la scène. En 1995, Van Basten capitule et annonce qu'il tire sa révérence.
La fin de sa carrière de footballeur marque aussi la fin d'un parcours de dix ans en équipe des Pays-Bas. C'est après s'être fait remarquer en Coupe du Monde U-20 de la FIFA au Mexique en 1983 qu'il est appelé pour la première fois en équipe nationale A, en septembre de la même année.
Il remporte son plus grand succès avec la sélection néerlandaise en 1988, lors de l'UEFA EURO en Allemagne. Auteur de cinq réalisations, Van Basten mène son équipe jusqu'au titre et s'impose comme le meilleur buteur du tournoi. En finale face à l'URSS (2:0), une reprise de volée dans un angle impensable vient atterrir dans le filet de Rinat Dassayev et propulse le Néerlandais parmi les meilleurs attaquants de l'histoire.
Les deux autres grands tournois internationaux que dispute van Basten se terminent de façon plus décevante. Lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Italie 1990, les Pays-Bas perdent en huitième de finale contre la République Fédérale d'Allemagne (1:2). Deux ans plus tard, c'est le Danemark qui élimine les Néerlandais en demi-finale du Championnat d'Europe en Suède. La sélection oranje s'incline aux tirs au but, Van Basten ratant le penalty décisif face à Peter Schmeichel, dont l'équipe s'adjugera par la suite la couronne continentale.
Forcé de mettre trop tôt un terme à sa carrière, Van Basten se consolera en sachant que son nom restera pour l'éternité dans livre d'or du sport roi.
Fifa.com (31/10/2014)
Re: Portraits et Histoire
Australie
Johnny Warren, missionnaire-visionnaire
Pendant des décennies, Johnny Warren a été le plus ardent défenseur, le visage et la voix du football en Australie. "Quand je ferai mon entrée sur le grand terrain qui se trouve au ciel, je veux qu'on se souvienne d'une chose : je vous l'avais bien dit." Quelques mois avant sa disparition, Warren avait encore le cœur à plaisanter. Affectueusement surnommé Captain Socceroo, il faisait évidemment référence au "géant endormi" du sport australien, le football.
La figure de proue du beau jeu en Australie nous a quittés à 61 ans. Par une curieuse ironie du destin, le football australien a réalisé d'énormes progrès au cours des dix années écoulées depuis sa disparition. Ces avancées spectaculaires contrastent avec les maigres résultats obtenus par Warren durant quatre décennies. En dépit de tout, il n'a pourtant jamais renoncé à prêcher la bonne parole auprès des sceptiques. "Je me considère un peu comme un missionnaire du football", se plaisait-il à répondre lorsqu'on l'interrogeait sur son œuvre.
Un an et un jour après ses funérailles, l'Australie mettait un terme à 32 ans d'absence en phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA™. Après une double confrontation épique face à l'Uruguay en barrage intercontinental, les Socceroos ont validé leur billet au bout du suspense, en s'imposant aux tirs au but. Des années d'échec ont été effacées en l'espace de quelques secondes et, depuis, le football ne s'est jamais mieux porté en Australie. Les paroles de Warren ont tout de suite pris un tour prophétique. Lors du match contre l'Uruguay et l'année suivante en Allemagne, les bannières et les T-shirts sur lesquels on pouvait lire "je vous l'avais bien dit" ont fleuri un peu partout. En quelques mois, le pays s'est doté d'un championnat professionnel. Dans la foulée, il a rejoint la Confédération Asiatique de Football. En clin d'œil, le football en Australie a changé d'époque.
Convertir les masses
Warren a porté le maillot australien durant les campagnes de qualification pour les éditions 1970 et 1974 du rendez-vous mondial. Contre toute attente, cette équipe composée de joueurs amateurs s'était invitée en RFA. Sur le terrain comme en dehors, Warren avait endossé le costume de meneur d'hommes. "Tout le monde rêve d'avoir un coéquipier qui se serait battu à vos côtés dans les tranchées. En ce qui me concerne, j'ai eu la chance de croiser Johnny", confie son ancien partenaire Ray Baartz dans un entretien accordé à FIFA.com. "Sur le plan du jeu et de la personnalité, c'était un plaisir d'évoluer à ses côtés."
Pendant de longues années, Warren a été l'unique footballeur à se faire une place dans le cœur d'une nation acquise à d'autres disciplines. Il était de fait le porte-parole de tout un sport, un rôle qu'il a tenu avec enthousiasme et énergie. Sa dévotion lui a valu d'être le seul Australien à recevoir l'Ordre du Mérite du Centenaire de la FIFA, en 2004.
Parallèlement, Warren a réussi une belle carrière à la télévision. Dans les quelques circonstances où les médias cherchaient un commentaire, ils se tournaient toujours vers lui. Sa passion crevait l'écran. Les téléspectateurs ont vu ses larmes couler après la défaite in extremis face à l'Iran en 1997, alors que la qualification pour la Coupe du Monde semblait à portée de main. "Il voulait absolument que le football se développe", poursuit Baartz. "Sa passion et son amour du beau jeu étaient contagieux."
L'héritage d'une légende
Sa renommée a franchi les frontières. Les géants comme Pelé ou Bobby Charlton étaient ses amis. Vers la fin de son existence, Warren avait développé un vif intérêt pour le Brésil, sa culture et sa tradition du jogo bonito.
Aujourd'hui encore, son influence se fait sentir au sein d'une communauté qui le considère toujours comme un héros. De nombreux internationaux présents et passés le considèrent comme un modèle. Les rencontres de A-League du week-end seront toutes ponctuées d'une minute d'applaudissements. Lors de la première affiche au programme, le stade saluera l'ancien champion à la 74ème minute de jeu, en hommage à la première qualification de l'Australie pour l'épreuve reine.
L'héritage de Warren se prolonge aussi à travers la Johnny Warren Football Foundation. Cette organisation se propose de poursuivre l'œuvre de son créateur, en assurant la promotion du football et de sa culture partout en Australie.
Au-delà de ces exemples, la marque de Warren se retrouve aussi dans le rythme auquel le football se développe en Australie. Ce 1er novembre, les Western Sydney Wanderers ont été sacrés champions d'Asie. Ce sacre historique aurait certainement ravi ce héros. Le fait que les joueurs portent des maillots rouges et noirs semblables à ceux de Flamengo n'aurait certainement pas été pour lui déplaire non plus.
"Quel dommage que Johnny ne soit plus là pour voir les sommets atteints par le football australien", regrette Baartz. "Il a été le premier à mesurer l'immense potentiel de ce sport. Il ne se lassait pas de le répéter à qui voulait l'entendre. Nous pensions tous qu'il délirait mais l'histoire lui a finalement donné raison."
Fifa.com (06/11/2014)
Johnny Warren, missionnaire-visionnaire
Pendant des décennies, Johnny Warren a été le plus ardent défenseur, le visage et la voix du football en Australie. "Quand je ferai mon entrée sur le grand terrain qui se trouve au ciel, je veux qu'on se souvienne d'une chose : je vous l'avais bien dit." Quelques mois avant sa disparition, Warren avait encore le cœur à plaisanter. Affectueusement surnommé Captain Socceroo, il faisait évidemment référence au "géant endormi" du sport australien, le football.
La figure de proue du beau jeu en Australie nous a quittés à 61 ans. Par une curieuse ironie du destin, le football australien a réalisé d'énormes progrès au cours des dix années écoulées depuis sa disparition. Ces avancées spectaculaires contrastent avec les maigres résultats obtenus par Warren durant quatre décennies. En dépit de tout, il n'a pourtant jamais renoncé à prêcher la bonne parole auprès des sceptiques. "Je me considère un peu comme un missionnaire du football", se plaisait-il à répondre lorsqu'on l'interrogeait sur son œuvre.
Un an et un jour après ses funérailles, l'Australie mettait un terme à 32 ans d'absence en phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA™. Après une double confrontation épique face à l'Uruguay en barrage intercontinental, les Socceroos ont validé leur billet au bout du suspense, en s'imposant aux tirs au but. Des années d'échec ont été effacées en l'espace de quelques secondes et, depuis, le football ne s'est jamais mieux porté en Australie. Les paroles de Warren ont tout de suite pris un tour prophétique. Lors du match contre l'Uruguay et l'année suivante en Allemagne, les bannières et les T-shirts sur lesquels on pouvait lire "je vous l'avais bien dit" ont fleuri un peu partout. En quelques mois, le pays s'est doté d'un championnat professionnel. Dans la foulée, il a rejoint la Confédération Asiatique de Football. En clin d'œil, le football en Australie a changé d'époque.
Convertir les masses
Warren a porté le maillot australien durant les campagnes de qualification pour les éditions 1970 et 1974 du rendez-vous mondial. Contre toute attente, cette équipe composée de joueurs amateurs s'était invitée en RFA. Sur le terrain comme en dehors, Warren avait endossé le costume de meneur d'hommes. "Tout le monde rêve d'avoir un coéquipier qui se serait battu à vos côtés dans les tranchées. En ce qui me concerne, j'ai eu la chance de croiser Johnny", confie son ancien partenaire Ray Baartz dans un entretien accordé à FIFA.com. "Sur le plan du jeu et de la personnalité, c'était un plaisir d'évoluer à ses côtés."
Pendant de longues années, Warren a été l'unique footballeur à se faire une place dans le cœur d'une nation acquise à d'autres disciplines. Il était de fait le porte-parole de tout un sport, un rôle qu'il a tenu avec enthousiasme et énergie. Sa dévotion lui a valu d'être le seul Australien à recevoir l'Ordre du Mérite du Centenaire de la FIFA, en 2004.
Parallèlement, Warren a réussi une belle carrière à la télévision. Dans les quelques circonstances où les médias cherchaient un commentaire, ils se tournaient toujours vers lui. Sa passion crevait l'écran. Les téléspectateurs ont vu ses larmes couler après la défaite in extremis face à l'Iran en 1997, alors que la qualification pour la Coupe du Monde semblait à portée de main. "Il voulait absolument que le football se développe", poursuit Baartz. "Sa passion et son amour du beau jeu étaient contagieux."
L'héritage d'une légende
Sa renommée a franchi les frontières. Les géants comme Pelé ou Bobby Charlton étaient ses amis. Vers la fin de son existence, Warren avait développé un vif intérêt pour le Brésil, sa culture et sa tradition du jogo bonito.
Aujourd'hui encore, son influence se fait sentir au sein d'une communauté qui le considère toujours comme un héros. De nombreux internationaux présents et passés le considèrent comme un modèle. Les rencontres de A-League du week-end seront toutes ponctuées d'une minute d'applaudissements. Lors de la première affiche au programme, le stade saluera l'ancien champion à la 74ème minute de jeu, en hommage à la première qualification de l'Australie pour l'épreuve reine.
L'héritage de Warren se prolonge aussi à travers la Johnny Warren Football Foundation. Cette organisation se propose de poursuivre l'œuvre de son créateur, en assurant la promotion du football et de sa culture partout en Australie.
Au-delà de ces exemples, la marque de Warren se retrouve aussi dans le rythme auquel le football se développe en Australie. Ce 1er novembre, les Western Sydney Wanderers ont été sacrés champions d'Asie. Ce sacre historique aurait certainement ravi ce héros. Le fait que les joueurs portent des maillots rouges et noirs semblables à ceux de Flamengo n'aurait certainement pas été pour lui déplaire non plus.
"Quel dommage que Johnny ne soit plus là pour voir les sommets atteints par le football australien", regrette Baartz. "Il a été le premier à mesurer l'immense potentiel de ce sport. Il ne se lassait pas de le répéter à qui voulait l'entendre. Nous pensions tous qu'il délirait mais l'histoire lui a finalement donné raison."
Fifa.com (06/11/2014)
Re: Portraits et Histoire
Thomas BERTHOLD
Berthold, tête la première à travers le mur du succès
"J'ai toujours foncé tête la première dans tous les murs." Cette petite phrase résume à elle seule le caractère de Thomas Berthold. Tout au long de sa carrière, l'ancien défenseur international n'a jamais cherché à se protéger ou à se ménager… ni lui, ni les autres. Il faut dire que le natif de Hanau n'a jamais été du genre à tourner autour du pot.
Son jeu était à l'image de son caractère. Son courage et son abnégation lui ont d'ailleurs permis de remporter le titre suprême en 1990. "C'était tout ou rien. Chez moi, il n'y a pas de place pour le compromis. Je voulais toujours gagner. Ça se voyait à l'entraînement. Je suis le genre de type qui se donne toujours à fond", explique l'intéressé, issu d'une longue lignée de sportifs de haut niveau. Son père Gunter a pratiqué le saut à ski, la natation et, bien entendu, le football ; sa mère Inge a été handballeuse et gymnaste ; enfin, sa sœur Christine a remporté le championnat d'Allemagne de hockey.
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Sa longue collection de titres a débuté dès l'âge de 15 ans, par un sacre avec l'Eintracht Francfort. Trois ans plus tard, Berthold faisait ses grands débuts parmi l'élite sous les couleurs du club de la Hesse. Le grand Branko Zebec, son entraîneur de l'époque, disait alors de lui : "C'est un footballeur extraordinairement doué".
Par la suite, le jeune prodige s'est appliqué à justifier ces propos élogieux. Milieu de terrain de formation, il s'est recyclé au poste d'arrière droit au cours de sa dernière année à Francfort. En 1987, il est devenu à 22 ans le plus jeune joueur allemand à rejoindre l'Italie. Rummenigge, Völler, Briegel ou même Haller n'avaient pas fait mieux. Dès son arrivée à Vérone pour les premières négociations, les dirigeants avaient été impressionnés par sa bonne connaissance de l'italien.
Ce végétarien rigoureux cite volontiers ses passages au Hellas Vérone et à l'AS Rome comme les meilleurs souvenirs de sa carrière. À l'inverse, son retour en Allemagne sous les couleurs du Bayern Munich lui a laissé un goût amer. "Je me suis retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il s'est passé des choses là-bas qui n'auraient pas dû arriver. Franchement, j'aurais mieux fait de rester en Italie."
Ses relations tumultueuses avec Erich Ribbeck lui ont finalement valu d'être exclu de l'entraînement. Cette situation avait fait dire au trésorier du Bayern de l'époque que Berthold était "le golfeur le mieux payé depuis Bernhard Langer". Après deux années décevantes sur les bords de l'Isar (1991/93), notre homme s'est refait une santé au VfB Stuttgart, avant de partir écrire le dernier chapitre de sa carrière en Turquie.
L'interview qui change tout
La fin de son aventure avec l'équipe d'Allemagne s'est révélé beaucoup plus abrupte. Suite à une interview très polémique donnée en 1994, le latéral n'a plus jamais été convoqué en sélection. C'est ce qui explique que son compteur soit resté bloqué à 62 capes, malgré son immense talent. Son unique but avec la Mannschat a été inscrit contre la République tchèque, en qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA™. "Une belle reprise de la tête sur un corner", raconte-t-il en riant. Avec 18 matches de phase finale à son actif, il se place tout de même au dixième rang des joueurs les plus expérimentés dans la reine des compétitions.
Il a ainsi disputé trois éditions entre 1986 et 1994. Finaliste malheureux au Mexique, il a pris sa revanche quatre ans plus tard en remportant le trophée le plus convoité de la planète "chez lui", en Italie. "C'était très particulier de disputer la finale à Rome. Nous avions cinq titulaires qui évoluaient en Italie. À l'époque, la Serie A était le meilleur championnat du monde."
Berthold a raccroché les crampons il y a plus de dix ans, mais il n'a rien perdu de sa franchise, comme FIFA.com a pu nous s'en rendre compte lors d'un entretien réalisé peu de temps après son 50ème anniversaire. Selon lui, les champions du monde 1990 sont supérieurs à ceux de 2014. Pourquoi ? "En 1990, nous avons réalisé un parcours exceptionnel. Nous avions sorti les Pays-Bas, champions d'Europe en titre, et l'Argentine, championne du monde en titre."
Un talent protéiforme
Devenu consultant et éditorialiste, Berthold a changé d'équipe, ce qui lui a donné l'occasion de faire la paix avec les médias. Les années aidant, il reconnaît qu'il ne commettrait peut-être pas les mêmes erreurs, sans toutefois se prendre pour quelqu'un d'autre. "Joueur, j'étais du genre à foncer. Je n'ai jamais été un fin tacticien."
Défenseur, pilote de course, consultant, manager, commentateur ou directeur d'une agence immobilière : quel que soit le costume qu'il endosse, Berthold reste le même. Avec lui, c'est tout ou rien. Lorsqu'il se lance dans un projet, il le fait toujours avec passion. À défaut de connaître la notoriété d'un Rudi Völler, d'un Jürgen Klinsmann ou d'autres stars de sa génération, il jouit d'un grand respect chez ses pairs.
Tout au long de sa carrière, Berthold a toujours dit ce qu'il avait à dire ; il a su relever tous les défis et surmonter tous les obstacles. À ses yeux, une telle carte de visite vaut sans doute tous les titres de monde.
Fifa.com (21/11/2014)
Berthold, tête la première à travers le mur du succès
"J'ai toujours foncé tête la première dans tous les murs." Cette petite phrase résume à elle seule le caractère de Thomas Berthold. Tout au long de sa carrière, l'ancien défenseur international n'a jamais cherché à se protéger ou à se ménager… ni lui, ni les autres. Il faut dire que le natif de Hanau n'a jamais été du genre à tourner autour du pot.
Son jeu était à l'image de son caractère. Son courage et son abnégation lui ont d'ailleurs permis de remporter le titre suprême en 1990. "C'était tout ou rien. Chez moi, il n'y a pas de place pour le compromis. Je voulais toujours gagner. Ça se voyait à l'entraînement. Je suis le genre de type qui se donne toujours à fond", explique l'intéressé, issu d'une longue lignée de sportifs de haut niveau. Son père Gunter a pratiqué le saut à ski, la natation et, bien entendu, le football ; sa mère Inge a été handballeuse et gymnaste ; enfin, sa sœur Christine a remporté le championnat d'Allemagne de hockey.
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Sa longue collection de titres a débuté dès l'âge de 15 ans, par un sacre avec l'Eintracht Francfort. Trois ans plus tard, Berthold faisait ses grands débuts parmi l'élite sous les couleurs du club de la Hesse. Le grand Branko Zebec, son entraîneur de l'époque, disait alors de lui : "C'est un footballeur extraordinairement doué".
Par la suite, le jeune prodige s'est appliqué à justifier ces propos élogieux. Milieu de terrain de formation, il s'est recyclé au poste d'arrière droit au cours de sa dernière année à Francfort. En 1987, il est devenu à 22 ans le plus jeune joueur allemand à rejoindre l'Italie. Rummenigge, Völler, Briegel ou même Haller n'avaient pas fait mieux. Dès son arrivée à Vérone pour les premières négociations, les dirigeants avaient été impressionnés par sa bonne connaissance de l'italien.
Ce végétarien rigoureux cite volontiers ses passages au Hellas Vérone et à l'AS Rome comme les meilleurs souvenirs de sa carrière. À l'inverse, son retour en Allemagne sous les couleurs du Bayern Munich lui a laissé un goût amer. "Je me suis retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il s'est passé des choses là-bas qui n'auraient pas dû arriver. Franchement, j'aurais mieux fait de rester en Italie."
Ses relations tumultueuses avec Erich Ribbeck lui ont finalement valu d'être exclu de l'entraînement. Cette situation avait fait dire au trésorier du Bayern de l'époque que Berthold était "le golfeur le mieux payé depuis Bernhard Langer". Après deux années décevantes sur les bords de l'Isar (1991/93), notre homme s'est refait une santé au VfB Stuttgart, avant de partir écrire le dernier chapitre de sa carrière en Turquie.
L'interview qui change tout
La fin de son aventure avec l'équipe d'Allemagne s'est révélé beaucoup plus abrupte. Suite à une interview très polémique donnée en 1994, le latéral n'a plus jamais été convoqué en sélection. C'est ce qui explique que son compteur soit resté bloqué à 62 capes, malgré son immense talent. Son unique but avec la Mannschat a été inscrit contre la République tchèque, en qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA™. "Une belle reprise de la tête sur un corner", raconte-t-il en riant. Avec 18 matches de phase finale à son actif, il se place tout de même au dixième rang des joueurs les plus expérimentés dans la reine des compétitions.
Il a ainsi disputé trois éditions entre 1986 et 1994. Finaliste malheureux au Mexique, il a pris sa revanche quatre ans plus tard en remportant le trophée le plus convoité de la planète "chez lui", en Italie. "C'était très particulier de disputer la finale à Rome. Nous avions cinq titulaires qui évoluaient en Italie. À l'époque, la Serie A était le meilleur championnat du monde."
Berthold a raccroché les crampons il y a plus de dix ans, mais il n'a rien perdu de sa franchise, comme FIFA.com a pu nous s'en rendre compte lors d'un entretien réalisé peu de temps après son 50ème anniversaire. Selon lui, les champions du monde 1990 sont supérieurs à ceux de 2014. Pourquoi ? "En 1990, nous avons réalisé un parcours exceptionnel. Nous avions sorti les Pays-Bas, champions d'Europe en titre, et l'Argentine, championne du monde en titre."
Un talent protéiforme
Devenu consultant et éditorialiste, Berthold a changé d'équipe, ce qui lui a donné l'occasion de faire la paix avec les médias. Les années aidant, il reconnaît qu'il ne commettrait peut-être pas les mêmes erreurs, sans toutefois se prendre pour quelqu'un d'autre. "Joueur, j'étais du genre à foncer. Je n'ai jamais été un fin tacticien."
Défenseur, pilote de course, consultant, manager, commentateur ou directeur d'une agence immobilière : quel que soit le costume qu'il endosse, Berthold reste le même. Avec lui, c'est tout ou rien. Lorsqu'il se lance dans un projet, il le fait toujours avec passion. À défaut de connaître la notoriété d'un Rudi Völler, d'un Jürgen Klinsmann ou d'autres stars de sa génération, il jouit d'un grand respect chez ses pairs.
Tout au long de sa carrière, Berthold a toujours dit ce qu'il avait à dire ; il a su relever tous les défis et surmonter tous les obstacles. À ses yeux, une telle carte de visite vaut sans doute tous les titres de monde.
Fifa.com (21/11/2014)
Re: Portraits et Histoire
Zarra, en -59 avant Messi..
Lionel Messi est devenu ce samedi 22 novembre le meilleur buteur de l'histoire du championnat espagnol avec 253 buts, battant un record détenu depuis 59 ans par Telmo Zarra. FIFA.com rafraîchit vos souvenirs de ce roi tout juste déchu du but espagnol...
"Venez admirer la meilleure tête d'Europe depuis Churchill !" C'est ainsi que l'on présentait le match amical entre l'Espagne et la Suède à Stockholm de 1951. Cette tête si prisée était celle de Telmo Zarraonandia Montoya, attaquant de l'Athletic de Bilbao et grand mythe du football espagnol qui a inscrit un nombre incalculable de buts au long de sa carrière, notamment de la tête, sa spécialité. Mais il lui aura suffi d'une seule réalisation, celle-ci du pied, pour entrer dans la légende. Car quand on parle du "but de Zarra", un seul vient à l'esprit du fan espagnol parmi les plus de 350 qu'il a marqués.
Nous parlons là de celui qu'il a inscrit au Maracanã face à l'Angleterre lors du dernier match de poules de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 1950. D'une frappe en première intention, il a envoyé un petit ballon piqué hors de portée du gardien adverse, Bert Williams, scellant ainsi la victoire 1:0 sur la "Perfide Albion", comme l'écrivaient les journaux de l'époque. Ce succès permettait à l'Espagne d'accéder à la poule finale de quatre équipes qui allait sacrer l'Uruguay - après le célèbre Maracanazo - et offrir aux Ibères une quatrième position qui resterait longtemps son meilleur résultat sur la plus prestigieuse des scènes.
Quelques années plus tard, Zarra donnait sa version des faits : "Gabriel Alonso a avancé balle au pied depuis la défense quasiment jusqu'à Basora et il a envoyé un centre assez long. Le ballon est parvenu à Gaínza, qui a remis de la tête vers le cœur de la surface. Igoa a laissé passer le ballon et moi j'ai pu frapper parce qu'un défenseur anglais n'a pas réussi à le dégager". Voilà une façon très simple de décrire un but que le journaliste Matías Prats a gravé dans l'imaginaire espagnol par le biais de la radio, à une époque où il n'y avait pas de retransmission télévisée en direct.
Cette petite merveille fait partie des centaines de buts inscrits au long de sa carrière par ce fils de cheminots, septième enfant d'une fratrie de dix. Telmito, surnommé le Peureux dans son enfance - "J'ai toujours été très timide, très réservé, même quand je jouais", reconnaissait-il -, a découvert le football dans l'équipe de son quartier, mais il a bientôt rejoint l'Athletic Club de Bilbao, qui était à la recherche de joueurs pour rebâtir son équipe après la Guerre d'Espagne. Le grand club basque n'allait jamais regretter de l'avoir fait venir. Dès son premier match, il inscrit un doublé en championnat contre Valence. Les deux premiers buts d'une longue liste…
Un maître face aux buts
Zarra a été pendant 59 ans le meilleur buteur de l'histoire de la Liga, avec 251 réalisations. Il a fallut attendre novembre 2014 pour voir le record tomber sur un triplé de Messi contre Séville. Mais rappelons que l'élite espagnole ne comptait à l'époque de Zarra que 14 ou 16 formations, et que c'est le joueur qui a décroché le plus de titres de meilleur buteur de la saison, avec six Pichichi. Pendant plus de 50 ans, son record de 38 buts marqués lors de la saison 1950/51 aura semblé inaccessible, jusqu'à ce que Hugo Sánchez l'égale et que Cristiano Ronaldo et Messi le dépassent. Mais n'oublions pas que Zarra y était parvenu en 30 journées !
"Il suffisait d'envoyer le ballon devant et lui se chargeait de marquer". La tactique était aussi simple que ça, selon Iriondo, qui aura formé avec Zarra, Venancio, Panizo et Gainza l'une des attaques les plus flamboyantes de l'histoire des Leones.
Paradoxalement, c'est en finale de la Coupe d'Espagne conquise en 1945 qu'il a vécu l'une de ses plus grandes désillusions : la seule exclusion de sa carrière. D'après la version de Zarra, c'était un "malentendu", car l'arbitre aurait interprété comme une agression une "plaisanterie" de sa part. Heureusement, le but d'Iriondo allait transformer ses sanglots en pleurs de joie, car les Basques allaient finalement s'imposer 3:2 contre Valence.
Après 15 années de bons et loyaux services, Zarra a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle pour laisser la place aux nouvelles générations. En 1955, il a quitté l'Athletic mais il a continué de jouer pendant deux ans en deuxième division à titre gracieux. Éloigné du football professionnel, Zarra s'est consacré à d'autres activités, notamment un magasin de sport ou encore un restaurant, mais il a toujours continué à mettre les crampons, de temps en temps, pour une oeuvre caritative.
Il est étonnant de constater qu'un joueur de sa classe ait mis 42 ans à recevoir l'hommage qu'il méritait tant. Alors que son dernier contrat avec l'Athletic mentionnait un jubilé, celui-ci n'a eu lieu qu'en 1997 : un match opposant son club à une sélection de la Liga. Parmi les personnalités présentes dans le stade se trouvait Bert Williams, le gardien anglais avec lequel il a partagé le moment le plus important de sa carrière, celui du mythique but du Maracanã…
Zarra est décédé le 23 février 2006 à 85 ans à la suite d'un infarctus.
Fifa.com (22/11/2014)
Lionel Messi est devenu ce samedi 22 novembre le meilleur buteur de l'histoire du championnat espagnol avec 253 buts, battant un record détenu depuis 59 ans par Telmo Zarra. FIFA.com rafraîchit vos souvenirs de ce roi tout juste déchu du but espagnol...
"Venez admirer la meilleure tête d'Europe depuis Churchill !" C'est ainsi que l'on présentait le match amical entre l'Espagne et la Suède à Stockholm de 1951. Cette tête si prisée était celle de Telmo Zarraonandia Montoya, attaquant de l'Athletic de Bilbao et grand mythe du football espagnol qui a inscrit un nombre incalculable de buts au long de sa carrière, notamment de la tête, sa spécialité. Mais il lui aura suffi d'une seule réalisation, celle-ci du pied, pour entrer dans la légende. Car quand on parle du "but de Zarra", un seul vient à l'esprit du fan espagnol parmi les plus de 350 qu'il a marqués.
Nous parlons là de celui qu'il a inscrit au Maracanã face à l'Angleterre lors du dernier match de poules de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 1950. D'une frappe en première intention, il a envoyé un petit ballon piqué hors de portée du gardien adverse, Bert Williams, scellant ainsi la victoire 1:0 sur la "Perfide Albion", comme l'écrivaient les journaux de l'époque. Ce succès permettait à l'Espagne d'accéder à la poule finale de quatre équipes qui allait sacrer l'Uruguay - après le célèbre Maracanazo - et offrir aux Ibères une quatrième position qui resterait longtemps son meilleur résultat sur la plus prestigieuse des scènes.
Quelques années plus tard, Zarra donnait sa version des faits : "Gabriel Alonso a avancé balle au pied depuis la défense quasiment jusqu'à Basora et il a envoyé un centre assez long. Le ballon est parvenu à Gaínza, qui a remis de la tête vers le cœur de la surface. Igoa a laissé passer le ballon et moi j'ai pu frapper parce qu'un défenseur anglais n'a pas réussi à le dégager". Voilà une façon très simple de décrire un but que le journaliste Matías Prats a gravé dans l'imaginaire espagnol par le biais de la radio, à une époque où il n'y avait pas de retransmission télévisée en direct.
Cette petite merveille fait partie des centaines de buts inscrits au long de sa carrière par ce fils de cheminots, septième enfant d'une fratrie de dix. Telmito, surnommé le Peureux dans son enfance - "J'ai toujours été très timide, très réservé, même quand je jouais", reconnaissait-il -, a découvert le football dans l'équipe de son quartier, mais il a bientôt rejoint l'Athletic Club de Bilbao, qui était à la recherche de joueurs pour rebâtir son équipe après la Guerre d'Espagne. Le grand club basque n'allait jamais regretter de l'avoir fait venir. Dès son premier match, il inscrit un doublé en championnat contre Valence. Les deux premiers buts d'une longue liste…
Un maître face aux buts
Zarra a été pendant 59 ans le meilleur buteur de l'histoire de la Liga, avec 251 réalisations. Il a fallut attendre novembre 2014 pour voir le record tomber sur un triplé de Messi contre Séville. Mais rappelons que l'élite espagnole ne comptait à l'époque de Zarra que 14 ou 16 formations, et que c'est le joueur qui a décroché le plus de titres de meilleur buteur de la saison, avec six Pichichi. Pendant plus de 50 ans, son record de 38 buts marqués lors de la saison 1950/51 aura semblé inaccessible, jusqu'à ce que Hugo Sánchez l'égale et que Cristiano Ronaldo et Messi le dépassent. Mais n'oublions pas que Zarra y était parvenu en 30 journées !
"Il suffisait d'envoyer le ballon devant et lui se chargeait de marquer". La tactique était aussi simple que ça, selon Iriondo, qui aura formé avec Zarra, Venancio, Panizo et Gainza l'une des attaques les plus flamboyantes de l'histoire des Leones.
Paradoxalement, c'est en finale de la Coupe d'Espagne conquise en 1945 qu'il a vécu l'une de ses plus grandes désillusions : la seule exclusion de sa carrière. D'après la version de Zarra, c'était un "malentendu", car l'arbitre aurait interprété comme une agression une "plaisanterie" de sa part. Heureusement, le but d'Iriondo allait transformer ses sanglots en pleurs de joie, car les Basques allaient finalement s'imposer 3:2 contre Valence.
Après 15 années de bons et loyaux services, Zarra a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle pour laisser la place aux nouvelles générations. En 1955, il a quitté l'Athletic mais il a continué de jouer pendant deux ans en deuxième division à titre gracieux. Éloigné du football professionnel, Zarra s'est consacré à d'autres activités, notamment un magasin de sport ou encore un restaurant, mais il a toujours continué à mettre les crampons, de temps en temps, pour une oeuvre caritative.
Il est étonnant de constater qu'un joueur de sa classe ait mis 42 ans à recevoir l'hommage qu'il méritait tant. Alors que son dernier contrat avec l'Athletic mentionnait un jubilé, celui-ci n'a eu lieu qu'en 1997 : un match opposant son club à une sélection de la Liga. Parmi les personnalités présentes dans le stade se trouvait Bert Williams, le gardien anglais avec lequel il a partagé le moment le plus important de sa carrière, celui du mythique but du Maracanã…
Zarra est décédé le 23 février 2006 à 85 ans à la suite d'un infarctus.
Fifa.com (22/11/2014)
Re: Portraits et Histoire
Entraîneurs de légende
Shankly éternellement dans le rouge
Nom : William "Bill" Shankly
Date de naissance : 2 septembre 1913
Lieu de naissance : Glenbuck, Écosse
Décédé le : 29 septembre 1981
Bill Shankly est décédé en 1981, mais sa présence se fait toujours sentir à Liverpool. Plusieurs monuments commémoratifs témoignent de son héritage à Anfield, comme les Shankly Gates. Érigé un an après sa mort, ce portail affiche en fer forgé la devise "You’ll never walk alone", extraite des paroles de la chanson entonnée pour la première fois par les supporters lors de son passage sur le banc des Reds. Une statue de bronze trône également en bonne place autour du stade. Elle porte l’inscription "Bill Shankly - He made the people happy".
"La pression, c’est travailler au fond d’une mine ou ne pas avoir de boulot. La pression, c’est essayer d’échapper à la relégation avec 50 shillings par semaine. La Coupe d’Europe, le championnat ou une finale de Coupe, ce n’est pas de la pression. C’est une récompense", disait-il. Cette pression que Shankly a si longtemps rejetée est en revanche souvent retombée sur les épaules des entraîneurs à lui avoir succédé. Grâce à lui, Liverpool s’est hissé de la deuxième division anglaise aux sommets du championnat, posant les fondations de ses futurs succès européens.
Né dans le petit village écossais de Glenbuck en 1913, Shankly a passé l’essentiel de sa carrière de joueur à Preston North End, mais la Seconde Guerre mondiale l’a privé de ses plus belles années. "Il ne parlait presque que de jeu une fois qu’il avait quitté le terrain", se souvient l’ancienne légende de Preston, Sir Tom Finney. "C’était évident qu’il allait entraîner une fois qu’il aurait mis un terme à sa carrière."
Shankly s’est assis sur plusieurs bancs après avoir raccroché ses crampons en 1949. Les résultats ont un peu tardé à suivre, mais sa carrière d’entraîneur a pris un véritable tournant lorsqu’un autre club du nord-ouest de l’Angleterre, Liverpool, a fait appel à lui en décembre 1959. Il a pourtant débarqué à l’époque dans un club en lambeaux. Le stade tombait en miettes et le terrain d’entraînement de Melwood ne valait guère mieux. Relégués cinq ans auparavant en deuxième division, les Reds végétaient en milieu de tableau lorsque Shankly a dirigé son premier match. "Il fallait voir l’état dans lequel se trouvait Anfield quand je suis arrivé, c’étaient les plus grandes toilettes de Liverpool", plaisantait jadis l’Écossais.
Boot room et acte fondateur
"Melwood n’était qu’une vieille cabane en bois qui tenait à peine debout", raconte Stephen Done, le conservateur du musée du club. "Le terrain était délabré et la qualité des entraînements s’en ressentait. Les dirigeants choisissaient l’équipe, comme c’était souvent le cas à l’époque. Mais Shankly n’était pas du genre à accepter tout cela."
Soldé par une défaite 4:0 à Anfield face à Cardiff City, son premier match à la tête de l’équipe lui a permis de mesurer l’ampleur de la tâche. Les comptes-rendus des journaux du lendemain évoquent l’attitude curieusement modérée du nouveau manager au coup de sifflet final. "Je suis évidemment déçu du résultat, mais ce n’est pas plus mal d’avoir vu une telle contre-performance pour mon premier match", jugeait Shankly. "J’ai pu apprendre beaucoup de choses." Battus à nouveau lors du match suivant, les Reds n’ont alors plus perdu que trois matches, avant de décrocher la troisième place finale, à distance respectable du deuxième, Cardiff. Liverpool a manqué l’accession d’un cheveu la saison suivante, échouant encore sur la troisième marche du podium.
Shankly a posé à l’époque les premiers jalons d’un avenir doré en faisant d’une petite pièce d’Anfield, à côté des vestiaires, la fameuse "boot room", devenu au fil du temps un laboratoire d’innovations tactiques, le cœur de la politique de recrutement et la couveuse des futurs entraîneurs du club. Conservés dans le staff après l’arrivée de l’Écossais, Bob Paisley, Joe Fagan et Reuben Bennett en étaient également à l’origine et cette culture de l’échange d’idées a survécu au départ du de Shankly, qui ne prenait pas toujours part aux discussions. "La boot room n’était pas vraiment le domaine réservé de Shanks", confirme l’un de ses disciples, Roy Evans, qui a rejoint le club en 1965. "Il allait et venait, mais le concept a vraiment décollé lorsque Bob Paisley a pris les choses en main."
Champion de deuxième division à en 1962, Liverpool a retrouvé l’élite presque dix ans après l’avoir quittée. Shankly avait bâti une équipe à son image, avec la signature de deux joueurs clés, Ian St John et Gordon Milne, et le renfort de jeunes formés au club, comme Ronnie Moran et Roger Hunt, auteur de 41 buts cette saison-là. "Notre plus grande performance, et je l’ai toujours dit, c’est le titre de deuxième division", assure l’une des autres recrues phares de 1961, Ron Yeats. "C’est l’acte fondateur de tout ce qui est arrivé par la suite."
Après avoir maintenu les Reds en première division, Shankly a poursuivi la saison suivante son ascension. La campagne 1963/64 avait pourtant démarré avec quatre défaites en neuf matches, mais Liverpool a pris les commandes fin novembre pour décrocher quelques mois plus tard son premier titre depuis près de 20 ans, à l’issue d’une victoire (5:0) face à Arsenal à Anfield, deux ans seulement après son retour en première division. Les saisons suivantes ont permis à l’Écossais de gagner définitivement sa place au panthéon du football anglais. Il a offert aux Reds leur première FA Cup, un an seulement après le championnat, et un premier trophée européen, la Coupe de l’UEFA 1973, et deux nouveaux titres nationaux en 1966 et 1973, puis une deuxième FA Cup en 1974. "Liverpool était fait pour moi et j’étais fait pour Liverpool", a un jour lâché Shankly.
Un retraité omniprésent
Lors d’une conférence de presse marquant l’arrivée du joueur d’Arsenal Ray Kennedy, plus gros transfert du club à l’époque, le président John Smith a annoncé la nouvelle, accueillie avec effroi par l’ensemble des fans : "C’est avec beaucoup de regret que je dois vous informer que M. Shankly m’a fait savoir qu’il souhaitait mettre un terme à ses activités dans le football. Le conseil d’administration a accepté sa décision avec énormément de tristesse".
Passée la tristesse, l’ancien bras droit Paisley a pourtant maintenu le club au sommet, avec notamment trois victoires en Coupe d’Europe, un trophée qui a toujours échappé à son mentor. La décision de Shankly a néanmoins brouillé quelques cartes, l’ancien manager venant régulièrement au centre d’entraînement de Melwood. "Retraite est un mot stupide", avait coutume de dire l’Écossais. "La seule vraie retraite, c’est lorsque vous êtes dans une boîte et que l’on vous jette des fleurs."
"Ce n’était pas toujours facile pour Bob Paisley de l’avoir sur le dos", admet l’une des anciennes recrues de Shankly, John Toshack. "Ce n’était pas n’importe quel retraité. Shanks et Liverpool ne faisaient qu’un, c’était une institution." Paisley a même menacé de quitter le club, poussant Smith à demander à Shankly de prendre ses distances. "Je voulais continuer à aider Liverpool, ce club était devenu toute ma vie", a fait savoir ce dernier. "Mais on ne m’a pas laissé cette chance."
Son décès brutal, d’une attaque cardiaque, à l’âge de 68 ans, a donné lieu à une large vague d’émotion parmi les supporters de Liverpool et dans l’ensemble du monde du football. Les Shankly Gates ont été inaugurées moins d’un an plus tard, avant qu’une statue ne lui soit dédiée en 1997. Ses cendres ont été dispersées devant le célèbre Kop d’un stade qui avait pour lui une valeur quasi mystique. "Les milliers de personnes qui viennent ici entretiennent une sorte de culte", estimait Shankly. "Ce n’est pas un terrain de football, c’est un sanctuaire." Et Shankly en est l'un des dieux.
Fifa.com (19/12/2014)
Shankly éternellement dans le rouge
Nom : William "Bill" Shankly
Date de naissance : 2 septembre 1913
Lieu de naissance : Glenbuck, Écosse
Décédé le : 29 septembre 1981
Bill Shankly est décédé en 1981, mais sa présence se fait toujours sentir à Liverpool. Plusieurs monuments commémoratifs témoignent de son héritage à Anfield, comme les Shankly Gates. Érigé un an après sa mort, ce portail affiche en fer forgé la devise "You’ll never walk alone", extraite des paroles de la chanson entonnée pour la première fois par les supporters lors de son passage sur le banc des Reds. Une statue de bronze trône également en bonne place autour du stade. Elle porte l’inscription "Bill Shankly - He made the people happy".
"La pression, c’est travailler au fond d’une mine ou ne pas avoir de boulot. La pression, c’est essayer d’échapper à la relégation avec 50 shillings par semaine. La Coupe d’Europe, le championnat ou une finale de Coupe, ce n’est pas de la pression. C’est une récompense", disait-il. Cette pression que Shankly a si longtemps rejetée est en revanche souvent retombée sur les épaules des entraîneurs à lui avoir succédé. Grâce à lui, Liverpool s’est hissé de la deuxième division anglaise aux sommets du championnat, posant les fondations de ses futurs succès européens.
Né dans le petit village écossais de Glenbuck en 1913, Shankly a passé l’essentiel de sa carrière de joueur à Preston North End, mais la Seconde Guerre mondiale l’a privé de ses plus belles années. "Il ne parlait presque que de jeu une fois qu’il avait quitté le terrain", se souvient l’ancienne légende de Preston, Sir Tom Finney. "C’était évident qu’il allait entraîner une fois qu’il aurait mis un terme à sa carrière."
Shankly s’est assis sur plusieurs bancs après avoir raccroché ses crampons en 1949. Les résultats ont un peu tardé à suivre, mais sa carrière d’entraîneur a pris un véritable tournant lorsqu’un autre club du nord-ouest de l’Angleterre, Liverpool, a fait appel à lui en décembre 1959. Il a pourtant débarqué à l’époque dans un club en lambeaux. Le stade tombait en miettes et le terrain d’entraînement de Melwood ne valait guère mieux. Relégués cinq ans auparavant en deuxième division, les Reds végétaient en milieu de tableau lorsque Shankly a dirigé son premier match. "Il fallait voir l’état dans lequel se trouvait Anfield quand je suis arrivé, c’étaient les plus grandes toilettes de Liverpool", plaisantait jadis l’Écossais.
Boot room et acte fondateur
"Melwood n’était qu’une vieille cabane en bois qui tenait à peine debout", raconte Stephen Done, le conservateur du musée du club. "Le terrain était délabré et la qualité des entraînements s’en ressentait. Les dirigeants choisissaient l’équipe, comme c’était souvent le cas à l’époque. Mais Shankly n’était pas du genre à accepter tout cela."
Soldé par une défaite 4:0 à Anfield face à Cardiff City, son premier match à la tête de l’équipe lui a permis de mesurer l’ampleur de la tâche. Les comptes-rendus des journaux du lendemain évoquent l’attitude curieusement modérée du nouveau manager au coup de sifflet final. "Je suis évidemment déçu du résultat, mais ce n’est pas plus mal d’avoir vu une telle contre-performance pour mon premier match", jugeait Shankly. "J’ai pu apprendre beaucoup de choses." Battus à nouveau lors du match suivant, les Reds n’ont alors plus perdu que trois matches, avant de décrocher la troisième place finale, à distance respectable du deuxième, Cardiff. Liverpool a manqué l’accession d’un cheveu la saison suivante, échouant encore sur la troisième marche du podium.
Shankly a posé à l’époque les premiers jalons d’un avenir doré en faisant d’une petite pièce d’Anfield, à côté des vestiaires, la fameuse "boot room", devenu au fil du temps un laboratoire d’innovations tactiques, le cœur de la politique de recrutement et la couveuse des futurs entraîneurs du club. Conservés dans le staff après l’arrivée de l’Écossais, Bob Paisley, Joe Fagan et Reuben Bennett en étaient également à l’origine et cette culture de l’échange d’idées a survécu au départ du de Shankly, qui ne prenait pas toujours part aux discussions. "La boot room n’était pas vraiment le domaine réservé de Shanks", confirme l’un de ses disciples, Roy Evans, qui a rejoint le club en 1965. "Il allait et venait, mais le concept a vraiment décollé lorsque Bob Paisley a pris les choses en main."
Champion de deuxième division à en 1962, Liverpool a retrouvé l’élite presque dix ans après l’avoir quittée. Shankly avait bâti une équipe à son image, avec la signature de deux joueurs clés, Ian St John et Gordon Milne, et le renfort de jeunes formés au club, comme Ronnie Moran et Roger Hunt, auteur de 41 buts cette saison-là. "Notre plus grande performance, et je l’ai toujours dit, c’est le titre de deuxième division", assure l’une des autres recrues phares de 1961, Ron Yeats. "C’est l’acte fondateur de tout ce qui est arrivé par la suite."
Après avoir maintenu les Reds en première division, Shankly a poursuivi la saison suivante son ascension. La campagne 1963/64 avait pourtant démarré avec quatre défaites en neuf matches, mais Liverpool a pris les commandes fin novembre pour décrocher quelques mois plus tard son premier titre depuis près de 20 ans, à l’issue d’une victoire (5:0) face à Arsenal à Anfield, deux ans seulement après son retour en première division. Les saisons suivantes ont permis à l’Écossais de gagner définitivement sa place au panthéon du football anglais. Il a offert aux Reds leur première FA Cup, un an seulement après le championnat, et un premier trophée européen, la Coupe de l’UEFA 1973, et deux nouveaux titres nationaux en 1966 et 1973, puis une deuxième FA Cup en 1974. "Liverpool était fait pour moi et j’étais fait pour Liverpool", a un jour lâché Shankly.
Un retraité omniprésent
Lors d’une conférence de presse marquant l’arrivée du joueur d’Arsenal Ray Kennedy, plus gros transfert du club à l’époque, le président John Smith a annoncé la nouvelle, accueillie avec effroi par l’ensemble des fans : "C’est avec beaucoup de regret que je dois vous informer que M. Shankly m’a fait savoir qu’il souhaitait mettre un terme à ses activités dans le football. Le conseil d’administration a accepté sa décision avec énormément de tristesse".
Passée la tristesse, l’ancien bras droit Paisley a pourtant maintenu le club au sommet, avec notamment trois victoires en Coupe d’Europe, un trophée qui a toujours échappé à son mentor. La décision de Shankly a néanmoins brouillé quelques cartes, l’ancien manager venant régulièrement au centre d’entraînement de Melwood. "Retraite est un mot stupide", avait coutume de dire l’Écossais. "La seule vraie retraite, c’est lorsque vous êtes dans une boîte et que l’on vous jette des fleurs."
"Ce n’était pas toujours facile pour Bob Paisley de l’avoir sur le dos", admet l’une des anciennes recrues de Shankly, John Toshack. "Ce n’était pas n’importe quel retraité. Shanks et Liverpool ne faisaient qu’un, c’était une institution." Paisley a même menacé de quitter le club, poussant Smith à demander à Shankly de prendre ses distances. "Je voulais continuer à aider Liverpool, ce club était devenu toute ma vie", a fait savoir ce dernier. "Mais on ne m’a pas laissé cette chance."
Son décès brutal, d’une attaque cardiaque, à l’âge de 68 ans, a donné lieu à une large vague d’émotion parmi les supporters de Liverpool et dans l’ensemble du monde du football. Les Shankly Gates ont été inaugurées moins d’un an plus tard, avant qu’une statue ne lui soit dédiée en 1997. Ses cendres ont été dispersées devant le célèbre Kop d’un stade qui avait pour lui une valeur quasi mystique. "Les milliers de personnes qui viennent ici entretiennent une sorte de culte", estimait Shankly. "Ce n’est pas un terrain de football, c’est un sanctuaire." Et Shankly en est l'un des dieux.
Fifa.com (19/12/2014)
Re: Portraits et Histoire
Bernd SCHNEIDER
Schneider, le premier des deuxièmes
Porter le brassard de capitaine en équipe nationale est l'un des plus grands honneurs qu'un footballeur peut connaître. L'événement est encore plus important pendant une Coupe du Monde de la FIFA™. Pour le capitaine de la sélection du pays hôte de l'épreuve suprême, l'émotion est évidemment à son comble lors de la première sortie.
L'Allemand Bernd Schneider a eu la chance de vivre cette séquence de rêve, encore que de façon un peu inattendue. "Je savais que Michael Ballack n'était pas très en forme. À un moment donné, les entraîneurs sont venus me trouver pour m'annoncer que je serai capitaine. Bien entendu, j'étais extrêmement fier", se souvient Schneider dans au micro de FIFA.com. Le lendemain, il a connu l'un des plus grands moments de sa carrière, une victoire 4:2 contre le Costa Rica, qui a marqué le début de l'aventure allemande dans l'édition 2006. "C'est quelque chose qu'on n'oublie pas."
Quelques semaines plus tard, l'échec en demi-finale contre l'Italie, 0:2 après prolongation, a été d'autant plus difficile à vivre que Schneider aurait pu faire la différence… "J'ai eu une bonne occasion d'ouvrir le score mais j'ai mal emmené le ballon", raconte l'ancien international de 41 ans, qui conserve un souvenir très précis de cette soirée à Dortmund. La défaite en finale de la Coupe du Monde 2002 contre le Brésil lui a également laissé un goût amer. "Tout aurait pu être si différent", reconnaît Schneider, qui se refuse à verser dans la mélancolie ou l'autocritique.
Si près du but...
Pourtant, à choisir, il juge le revers face aux futurs champions du monde italiens plus cruel que celui concédé face à la Seleçao. "Notre sortie de route contre l'Italie a été beaucoup plus pénible, ça ne fait aucun doute. C'est dur de quitter une Coupe du Monde organisée chez soi à ce stade de la compétition", regrette-t-il. "Nous étions si près d'une place en finale. Notre déroute est d'autant plus cuisante que nous avons vu nos rêves partir en fumée pendant la prolongation."
L'ex-milieu de terrain estime que la nouvelle génération a toutes les qualités requises pour remporter d'autres titres, même si elle doit pour l'heure se réinventer. "Nous avons perdu des joueurs importants comme Klose, Mertesacker et Lahm, qui ont marqué une époque. Il faut les remplacer. Ça prend du temps. Mais quand on voit le potentiel de cette équipe et la qualité individuelle de nos internationaux, on ne se fait pas de souci", assure-t-il. "L'Allemagne fera encore partie des candidats au titre à l'EURO 2016. Bien entendu, il faut toujours un peu de réussite dans les matches à élimination directe et la forme du jour compte aussi. Mais la Nationalmannschaft possède suffisamment d'atouts pour faire face à la concurrence."
Schneider avait entamé sa propre ascension vers les sommets quatre ans avant "sa" Coupe du Monde en Allemagne. En 2002, il avait été l'un des artisans de l'excellent parcours du Bayer Leverkusen en Bundesliga et en Ligue des champions de l'UEFA. "Nous étions un petit club qui défiait les grands. Dommage qu'il nous ait manqué quelque chose pour aller jusqu'au bout", se souvient-il. En championnat, en Coupe d'Allemagne et sur la scène européenne, le Bayer avait à chaque fois échoué à la deuxième place. Schneider est monté une nouvelle fois sur la deuxième marche d'un podium, cette fois en Coupe du Monde, même s'il estime avoir livré en finale le meilleur match de sa carrière. "Je l'aurais volontiers échangé contre le trophée de la Coupe du Monde", note-t-il cependant.
Un but décisif...
Cette compétition lui a donné l'occasion d'inscrire le premier de ses quatre buts en équipe nationale. "C'était un but décisif contre l'Arabie Saoudite… que nous avons battue 8:0 !", plaisante Schneider. "J'ai marqué beaucoup de buts dans ma carrière, du talon ou même de la ligne médiane. Certains ont été élus but du mois. J'ai conservé toutes les images car j'aime bien me remémorer ces bons moments."
Originaire de RDA, Schneider a fait ses classes à Carl-Zeiss Iéna, avant de rejoindre l'Eintracht Francfort en 1998. Après une saison convaincante, dès l'année suivante, il s'est engagé au Bayer Leverkusen. En dix ans, il a disputé plus de 260 matches avec le Werkself, avant qu'une blessure ne le contraigne à raccrocher les crampons en 2009. "Je suis satisfait de ma carrière. Elle m'a offert quelques magnifiques expériences et aussi des moments un peu plus difficiles, mais tout ça fait partie du sport", admet celui qui assure n'avoir aucune envie de devenir entraîneur. "Personne n'a envie d'arrêter à cause d'une blessure. J'aurais volontiers prolongé mon aventure d'un ou deux ans. J'aurais aussi aimé tenter ma chance à l'étranger mais ça ne s'est pas fait, pour diverses raisons. Malgré tout, j'ai passé dix ans au plus haut niveau. J'ai de quoi être content."
Et Schneider a de quoi l'être. Même si les titres manquent à son palmarès, il a été pendant près d'une décennie l'une des figures de proue du football allemand.
Fifa.com (16/01/2015)
Schneider, le premier des deuxièmes
Porter le brassard de capitaine en équipe nationale est l'un des plus grands honneurs qu'un footballeur peut connaître. L'événement est encore plus important pendant une Coupe du Monde de la FIFA™. Pour le capitaine de la sélection du pays hôte de l'épreuve suprême, l'émotion est évidemment à son comble lors de la première sortie.
L'Allemand Bernd Schneider a eu la chance de vivre cette séquence de rêve, encore que de façon un peu inattendue. "Je savais que Michael Ballack n'était pas très en forme. À un moment donné, les entraîneurs sont venus me trouver pour m'annoncer que je serai capitaine. Bien entendu, j'étais extrêmement fier", se souvient Schneider dans au micro de FIFA.com. Le lendemain, il a connu l'un des plus grands moments de sa carrière, une victoire 4:2 contre le Costa Rica, qui a marqué le début de l'aventure allemande dans l'édition 2006. "C'est quelque chose qu'on n'oublie pas."
Quelques semaines plus tard, l'échec en demi-finale contre l'Italie, 0:2 après prolongation, a été d'autant plus difficile à vivre que Schneider aurait pu faire la différence… "J'ai eu une bonne occasion d'ouvrir le score mais j'ai mal emmené le ballon", raconte l'ancien international de 41 ans, qui conserve un souvenir très précis de cette soirée à Dortmund. La défaite en finale de la Coupe du Monde 2002 contre le Brésil lui a également laissé un goût amer. "Tout aurait pu être si différent", reconnaît Schneider, qui se refuse à verser dans la mélancolie ou l'autocritique.
Si près du but...
Pourtant, à choisir, il juge le revers face aux futurs champions du monde italiens plus cruel que celui concédé face à la Seleçao. "Notre sortie de route contre l'Italie a été beaucoup plus pénible, ça ne fait aucun doute. C'est dur de quitter une Coupe du Monde organisée chez soi à ce stade de la compétition", regrette-t-il. "Nous étions si près d'une place en finale. Notre déroute est d'autant plus cuisante que nous avons vu nos rêves partir en fumée pendant la prolongation."
L'ex-milieu de terrain estime que la nouvelle génération a toutes les qualités requises pour remporter d'autres titres, même si elle doit pour l'heure se réinventer. "Nous avons perdu des joueurs importants comme Klose, Mertesacker et Lahm, qui ont marqué une époque. Il faut les remplacer. Ça prend du temps. Mais quand on voit le potentiel de cette équipe et la qualité individuelle de nos internationaux, on ne se fait pas de souci", assure-t-il. "L'Allemagne fera encore partie des candidats au titre à l'EURO 2016. Bien entendu, il faut toujours un peu de réussite dans les matches à élimination directe et la forme du jour compte aussi. Mais la Nationalmannschaft possède suffisamment d'atouts pour faire face à la concurrence."
Schneider avait entamé sa propre ascension vers les sommets quatre ans avant "sa" Coupe du Monde en Allemagne. En 2002, il avait été l'un des artisans de l'excellent parcours du Bayer Leverkusen en Bundesliga et en Ligue des champions de l'UEFA. "Nous étions un petit club qui défiait les grands. Dommage qu'il nous ait manqué quelque chose pour aller jusqu'au bout", se souvient-il. En championnat, en Coupe d'Allemagne et sur la scène européenne, le Bayer avait à chaque fois échoué à la deuxième place. Schneider est monté une nouvelle fois sur la deuxième marche d'un podium, cette fois en Coupe du Monde, même s'il estime avoir livré en finale le meilleur match de sa carrière. "Je l'aurais volontiers échangé contre le trophée de la Coupe du Monde", note-t-il cependant.
Un but décisif...
Cette compétition lui a donné l'occasion d'inscrire le premier de ses quatre buts en équipe nationale. "C'était un but décisif contre l'Arabie Saoudite… que nous avons battue 8:0 !", plaisante Schneider. "J'ai marqué beaucoup de buts dans ma carrière, du talon ou même de la ligne médiane. Certains ont été élus but du mois. J'ai conservé toutes les images car j'aime bien me remémorer ces bons moments."
Originaire de RDA, Schneider a fait ses classes à Carl-Zeiss Iéna, avant de rejoindre l'Eintracht Francfort en 1998. Après une saison convaincante, dès l'année suivante, il s'est engagé au Bayer Leverkusen. En dix ans, il a disputé plus de 260 matches avec le Werkself, avant qu'une blessure ne le contraigne à raccrocher les crampons en 2009. "Je suis satisfait de ma carrière. Elle m'a offert quelques magnifiques expériences et aussi des moments un peu plus difficiles, mais tout ça fait partie du sport", admet celui qui assure n'avoir aucune envie de devenir entraîneur. "Personne n'a envie d'arrêter à cause d'une blessure. J'aurais volontiers prolongé mon aventure d'un ou deux ans. J'aurais aussi aimé tenter ma chance à l'étranger mais ça ne s'est pas fait, pour diverses raisons. Malgré tout, j'ai passé dix ans au plus haut niveau. J'ai de quoi être content."
Et Schneider a de quoi l'être. Même si les titres manquent à son palmarès, il a été pendant près d'une décennie l'une des figures de proue du football allemand.
Fifa.com (16/01/2015)
Re: Portraits et Histoire
Hans KRANKL
Krankl, rêve autrichien et cauchemar allemand
Chaque nation, chaque équipe, possède ses propres mythes faits de matches inoubliables qui ont marqué son histoire. Pour l'Autriche, l'improbable victoire 3:2 contre son voisin allemand à la Coupe du Monde de la FIFA, Argentine 1978 en fait indéniablement partie.
À l'époque, la Team Austria n'avait plus battu la Mannschaft depuis 37 ans. Hans Krankl a mis fin à cette interminable traversée du désert en signant un doublé face aux champions du monde en titre. L'entrée de l'attaquant dans la légende s'est donc faite à l'occasion du Miracle de Córdoba ou du Désastre de Córdoba, selon le côté de la frontière où l'on se trouve…
"En ce temps-là, nous avions la meilleure équipe d'Autriche de tous les temps ! Personne ne nous attendait vraiment en Argentine. Nous étions de parfaits inconnus mais nous avons prouvé qu'un petit pays comme le nôtre pouvait créer la surprise. Le match de Cordoba a été le couronnement de cette belle aventure", raconte Krankl. "Nous avons battu l'Allemagne une fois en 50 ans. C'était ce jour-là."
De Vienne à Barcelone...
À titre individuel, cette rencontre marque un tournant dans la carrière du héros autrichien. Alléchés par ses quatre réalisations en Coupe du Monde, les dirigeants du FC Barcelone voulaient absolument l'attirer en Espagne. Tout est allé très vite : sept jours à peine se sont passés entre la victoire sur la RFA et la signature du contrat avec les Blaugranas. Quelques semaines auparavant, Krankl avait pourtant donné son accord de principe à Valence… Mais ses frappes magistrales, son toucher de balle somptueux et l'efficacité de son jeu de tête ont convaincu les Catalans de faire le forcing pour le recruter.
Et le jeune homme de 25 ans est attendu au tournant. La saison précédente, Krankl a inscrit 41 buts avec le Rapid Vienne, s'imposant au passage comme le meilleur buteur en Europe. En 1978, il a terminé à la deuxième place de l'élection du Ballon d'Or, derrière l'Anglais Kevin Keegan.
Celui que ses compatriotes surnomment Hansi-Burli n'a pas tardé pas à prendre ses marques au sein de sa nouvelle équipe. Alors que le Barça s'envole vers le titre, Krankl a inscrit 29 des 69 buts de son équipe. Il en a profité pour battre le record d'Alfredo di Sténafo, qui tenait depuis 1957.
"Tu es le meilleur gaucher que j'ai vu depuis Ferenc Puskas", lui a lancé Lucien Muller, son entraîneur à Barcelone. De son côté, l'attaquant décrit son club comme "un paradis. C'est le cadre idéal pour un footballeur." Au cours des deux années passées en Espagne, il a fait à nouveau le malheur des Allemands. En finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe 1979 à Bâle, il a signé le dernier but de son équipe, qui s'est imposée 4:2 après prolongation face au Fortuna Düsseldorf.
... et retour à la case départ
Sa deuxième saison barcelonaise a cependant été moins convaincante. Le joueur, qui avait commencé 15 ans plus tôt au poste de gardien de but, décide donc de retourner à Vienne pour retrouver "son" Rapid. En tout, il dispute 449 matches et inscrit 336 buts avec les Verts et Blancs. En 1999, il intègre l'équipe-type du siècle. Dans la foulée, il est élu Joueur du centenaire par son club de cœur. Au cours de sa carrière, Krankl a, en outre, été élu cinq fois Joueur autrichien de l'année (1973, 74, 77, 82, 88).
Après avoir raccroché les crampons, l'ancien international a entamé une carrière d'entraîneur plus discrète. Il a ainsi travaillé auprès d'une dizaine de formations entre 1989 et 2009, dont un passage de trois ans à la tête de l'équipe nationale. "J'ai fait mon temps. J'ai eu mes triomphes et surtout mes échecs, à en croire mes détracteurs. Mon plus grand succès dans tout ça ? 40 ans de mariage", réplique l'intéressé avec humour.
Mais Krankl est un homme aux multiples talents. Depuis les années 70, il s'essaye à la chanson (Der Bätmän bin i). En janvier 1986, il a atteint la deuxième place des hit-parades autrichiens avec une reprise d'un titre de Paul Anka, Lonely Boy. Il fréquente en outre régulièrement les cercles artistiques et intellectuels de Vienne.
Pour les amateurs de football, il reste malgré tout le goleador, le sauveur du football autrichien, la Hanse, le Faucon de Nuit ou encore le Bombardier Gris, pour ne citer que quelques-uns de ses surnoms… En un mot comme en cent, le héros du Miracle de Córdoba.
Fifa.com (14/02/2015)
Krankl, rêve autrichien et cauchemar allemand
Chaque nation, chaque équipe, possède ses propres mythes faits de matches inoubliables qui ont marqué son histoire. Pour l'Autriche, l'improbable victoire 3:2 contre son voisin allemand à la Coupe du Monde de la FIFA, Argentine 1978 en fait indéniablement partie.
À l'époque, la Team Austria n'avait plus battu la Mannschaft depuis 37 ans. Hans Krankl a mis fin à cette interminable traversée du désert en signant un doublé face aux champions du monde en titre. L'entrée de l'attaquant dans la légende s'est donc faite à l'occasion du Miracle de Córdoba ou du Désastre de Córdoba, selon le côté de la frontière où l'on se trouve…
"En ce temps-là, nous avions la meilleure équipe d'Autriche de tous les temps ! Personne ne nous attendait vraiment en Argentine. Nous étions de parfaits inconnus mais nous avons prouvé qu'un petit pays comme le nôtre pouvait créer la surprise. Le match de Cordoba a été le couronnement de cette belle aventure", raconte Krankl. "Nous avons battu l'Allemagne une fois en 50 ans. C'était ce jour-là."
De Vienne à Barcelone...
À titre individuel, cette rencontre marque un tournant dans la carrière du héros autrichien. Alléchés par ses quatre réalisations en Coupe du Monde, les dirigeants du FC Barcelone voulaient absolument l'attirer en Espagne. Tout est allé très vite : sept jours à peine se sont passés entre la victoire sur la RFA et la signature du contrat avec les Blaugranas. Quelques semaines auparavant, Krankl avait pourtant donné son accord de principe à Valence… Mais ses frappes magistrales, son toucher de balle somptueux et l'efficacité de son jeu de tête ont convaincu les Catalans de faire le forcing pour le recruter.
Et le jeune homme de 25 ans est attendu au tournant. La saison précédente, Krankl a inscrit 41 buts avec le Rapid Vienne, s'imposant au passage comme le meilleur buteur en Europe. En 1978, il a terminé à la deuxième place de l'élection du Ballon d'Or, derrière l'Anglais Kevin Keegan.
Celui que ses compatriotes surnomment Hansi-Burli n'a pas tardé pas à prendre ses marques au sein de sa nouvelle équipe. Alors que le Barça s'envole vers le titre, Krankl a inscrit 29 des 69 buts de son équipe. Il en a profité pour battre le record d'Alfredo di Sténafo, qui tenait depuis 1957.
"Tu es le meilleur gaucher que j'ai vu depuis Ferenc Puskas", lui a lancé Lucien Muller, son entraîneur à Barcelone. De son côté, l'attaquant décrit son club comme "un paradis. C'est le cadre idéal pour un footballeur." Au cours des deux années passées en Espagne, il a fait à nouveau le malheur des Allemands. En finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe 1979 à Bâle, il a signé le dernier but de son équipe, qui s'est imposée 4:2 après prolongation face au Fortuna Düsseldorf.
... et retour à la case départ
Sa deuxième saison barcelonaise a cependant été moins convaincante. Le joueur, qui avait commencé 15 ans plus tôt au poste de gardien de but, décide donc de retourner à Vienne pour retrouver "son" Rapid. En tout, il dispute 449 matches et inscrit 336 buts avec les Verts et Blancs. En 1999, il intègre l'équipe-type du siècle. Dans la foulée, il est élu Joueur du centenaire par son club de cœur. Au cours de sa carrière, Krankl a, en outre, été élu cinq fois Joueur autrichien de l'année (1973, 74, 77, 82, 88).
Après avoir raccroché les crampons, l'ancien international a entamé une carrière d'entraîneur plus discrète. Il a ainsi travaillé auprès d'une dizaine de formations entre 1989 et 2009, dont un passage de trois ans à la tête de l'équipe nationale. "J'ai fait mon temps. J'ai eu mes triomphes et surtout mes échecs, à en croire mes détracteurs. Mon plus grand succès dans tout ça ? 40 ans de mariage", réplique l'intéressé avec humour.
Mais Krankl est un homme aux multiples talents. Depuis les années 70, il s'essaye à la chanson (Der Bätmän bin i). En janvier 1986, il a atteint la deuxième place des hit-parades autrichiens avec une reprise d'un titre de Paul Anka, Lonely Boy. Il fréquente en outre régulièrement les cercles artistiques et intellectuels de Vienne.
Pour les amateurs de football, il reste malgré tout le goleador, le sauveur du football autrichien, la Hanse, le Faucon de Nuit ou encore le Bombardier Gris, pour ne citer que quelques-uns de ses surnoms… En un mot comme en cent, le héros du Miracle de Córdoba.
Fifa.com (14/02/2015)
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